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Solène est aimée d'une passion unique, totale, absolue. Elle s'offre en retour dans un amour fou. De cet amour sublime que Benjamin Péret définissait ainsi : " le lieu géométrique où viennent se fondre, en un diamant inaltérable, l'esprit, la chair et le coeur." Et l'Inde, sa beauté, ses mystères, sa lumière. Ses bidonvilles aussi, ses léproseries. Et cette quête douloureuse, improbable...
C’est par l’intermédiaire de mon blog que Didier Giroud-Piffoz m’a contactée – une première – et m’a proposé, dans un message électronique fort sympathique de me faire parvenir son roman "Ce ne sont pas les mouettes". Je l’en remercie sincèrement ainsi que Ella, sa maison d’éditions.
L’auteur n’en est pas à sa première publication mais il s’est arrêté d’écrire un temps pour laisser place à un combat humanitaire mené en Inde avec sa femme. Depuis vingt-cinq ans, ils y retournent chaque année et travaillent en faveur des lépreux, des enfants handicapés et des aborigènes. Il n’est donc pas étonnant de constater que "Ce ne sont pas les mouettes" prend racine dans ce pays.
Il s’agit d’une histoire d’amour, un amour indicible, profond, incestueux, une passion absolue jusque dans la mort. Le roman tourne autour d’un personnage essentiel, Solène, présente même dans son absence douloureuse. Tellement présente qu’elle en occulte presque le second personnage, son amoureux sans nom, incapable de parler. C’est en effet un tiers – l’auteur ? le lecteur ? – qui prend la parole et utilise la deuxième personne du singulier. Etonnant ce "TU", déroutant même. "La porte à peine entrouverte, l’odeur rance, écœurante, des huiles, des vernis, des siccatifs t’éclate au visage, te suffoque, t’anéantit...Tu te souviens. Solène. Solène ta sœur, ta jumelle…", c’est ainsi que commence le roman.
Mais il met aussi un pays en lumière : l’Inde, sa beauté, ses couleurs, ses parfums, ses mystères et ses plaies. L’écriture est majestueuse, faite de nombre d’adjectifs, d’expressions ajoutées, empilées, assénées qui donnent au texte un rythme saccadé, une respiration haletante, un son incantatoire. Elle traduit parfaitement la difficulté du photographe, le "TU", à reprendre pied dans cette vie de solitude. Il est revenu sur les lieux qu’il a connus à deux dans cette plénitude de l’amour. Il a voulu revoir les paysages flamboyants, mais aussi la misère, les humbles et les malades qu’ils avaient côtoyés. Il a voulu retrouver les sensations partagées mais l’absence de l’autre devient chaque jour plus lourde, plus douloureuse.
J’ai aimé ce texte, simple mais profond. J’ai aimé le soin avec lequel sont décrits, les paysages, les gens, les coutumes d’un pays que je ne connais pas. J’ai aimé la musique des mots et le tempo qui entraîne irrémédiablement vers la fin, vers le drame et la compréhension du titre. J’ai aimé la puissance des sentiments. Et je n’ai pu m’empêcher de penser que l’auteur y avait mis beaucoup de lui, de sa vie et des siens.
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