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Car le blanc seul n'est rien ; Paul Klee, illustrateur de Voltaire

Couverture du livre « Car le blanc seul n'est rien ; Paul Klee, illustrateur de Voltaire » de Sudaka-Benazeraf J. aux éditions Ides Et Calendes
Résumé:

Paul Klee a occupé dans le mouvement expressionniste une place déterminante. Ses oeuvres, qui ont conquis le domaine artistique des années 1910 à 1940, se sont affirmées dans l'expression de la couleur, de la gravure sur bois, du graphisme. Ses réflexions théoriques imposent pour l'art du XXe... Voir plus

Paul Klee a occupé dans le mouvement expressionniste une place déterminante. Ses oeuvres, qui ont conquis le domaine artistique des années 1910 à 1940, se sont affirmées dans l'expression de la couleur, de la gravure sur bois, du graphisme. Ses réflexions théoriques imposent pour l'art du XXe siècle la même importance que l'ont été les Carnets de Léonard de Vinci pour la Renaissance. Sa formule, « Écrire et dessiner sont identiques en leur fond » interroge les frontières que l'art occidental érige entre écriture et arts visuels. En 1906, Klee lit avec grand intérêt Candide et commente dans son Journal l'importance de ce roman.Cette lecture éveille son désir de devenir illustrateur. L'attrait du texte est déterminé avant tout par un « élément supérieur » qui est la qualité de la langue du conteur philosophe.Un événement déterminant amène enfin Paul Klee à se tourner vers le conte philosophique de Voltaire, Candide, dans un moment de pessimisme radical. Déçu, en effet, par le marché munichois, Klee perd en mars l'optimisme qu'il avait en janvier. Tannhauser, son galiériste, ne veut plus l'exposer. Klee vit ce refus comme un bannissement semblable à celui de Candide chassé du paradis du baron Thunder-den-tronkh. Pour surmonter sa déception, il cherche, tout comme Voltaire, un autre monde possible où il puisse trouver une place et s'y définir, à l'égal de Candide qui, au terme de sa course à travers le monde, finira par découvrir le bonheur tempéré par l'amitié des rencontres. Le récit voltairien d'un radical pessimisme lui sert de prétexte à dénoncer, au-delà d'une situation personnelle, la contradiction inhérente à cette génération d'artistes marqués par le militarisme prussien, par une morale oppressante et par l'antagonisme entre la société bourgeoise et l'esprit critique. En 1927, l'éditeur des écrivains expressionnistes, Kurt Wolf, édite à Leipzig, l'oeuvre de l'écrivain accompagnée de vingt-six dessins de Paul Klee, présentés sous forme de vignettes. L'approche qu'a Paul Klee de la littérature et de l'illustration débouche sur une compréhension plus intelligible de cet art qui naît du va et vient entre la lecture et la réponse graphique de la main, appelée trop hâtivement de traduction ou d'interprétation. Plutôt que de nommer ce qu'est l'illustration, il ressort que le plus important est d'en "saisir" la démarche et la dynamique interne.

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