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En matière de film de genre - récits préhistoriques, guerre, karaté, aventures, science-fiction, fantastique, gore, héroïc-fantasy - les affiches ghanéennes ont la cote et les prix montent.
Des expositions s'organisent dans le monde entier (à gauche, celle de Chicago). Tout un public s'interroge sur cette forme d'expression. On parle déjà de peinture automatique, comme jadis pour les écrivains surréalistes... Le Ghana est un charmant pays d'Afrique de l'Ouest, situé entre la Côte d'Ivoire et le Togo. Au début des années 80, les belles salles équipées en 35mm, vestiges des fastes de l'Empire Britannique, avaient disparu depuis belle lurette.
Avec les débuts de la vidéo, quelques firmes s'avisèrent de répandre la bonne parole dans les coins les plus reculés du pays et formèrent des "techniciens pilotes" prêts à partir à l'aventure. C'est parfois avec une seule télévision et un magnétoscope que ces chevaliers de la culture sillonnaient les routes, s'arrêtant chez un commerçant, sous une tente ou en plein air. Les responsables chargèrent quelques artistes locaux d'imaginer à leur guise, non pas le visuel le plus conforme au scénario original du film à projeter, mais le poster idéal censé impressionner la population.
Le symbolisme ghanéen dans le domaine du visuel cinématographique reste, on le verra, d'une rusticité exemplaire. L'artiste préfère le choc au chic, le fantasme au réel, faisant partager avec une belle innocence ses craintes, sa crédulité, voire ses rites ancestraux. En clair : le poids des maux et l'échec des photos (aviez-vous reconnu, en médaillon, Nicolas Cage, Tom Cruise et Sean Connery ? Ou encore, ci-contre, le fameux "Jaws", adversaire de James Bond dans The Spy who loved me ?) Cela nous vaut aussi cette prolifération de têtes de morts, explosions de sang, tortures raffinées, armes surdimensionnées, muscles saillants, décapitations, squelettes en vadrouille, membres coupés, reptiles à foison, malformités diverses, tout un bestiaire monstrueux finement brossé en des couleurs délicieusement criardes.
Et l'ambiance, déjà doucement drolatique, prend des proportions inattendues lorsque l'auteur entreprend un périlleux parallèle pictural entre cet art naïf typiquement ghanéen et une école polonaise au symbolisme un peu plus intellectuel.
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