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«Boy Diola», c'est ainsi qu'on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c'est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t'es rendu au port jusqu'à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s'enchaîne très vite. L'arrivée à Marseille, l'installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d'ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.Odyssée depuis le fin fond de l'Afrique jusqu'aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d'humour et beaucoup d'émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l'on n'entend pas.
Un homme qui s’installait à Dakar pour travailler, originaire de Casamance, on l’appelait un « Boy Diola« , « le genre de type à errer presque nu dans les forêts du Sud » et qui « se nourrit de feuilles et de racines« . C’est le titre du premier roman de Yancouba Diémé racontant l’histoire de son père Apéraw, issu de la première génération des immigrants africains sur le sol de Seine-Saint-Denis.
Un soir, Apéraw dévoile son passage après avoir vu un reportage sur un bateau de migrants échoué sur une plage de Corse. Il n’en dira pas plus !
Son fils reprend le fil de son histoire : de son travail à Dakar, puis de ses tentatives de passage, de son arrivée, de ses années d’usine, de ses autres métiers pour combattre le chômage, de ses femmes, de ses enfants mais surtout de sa dignité, de sa fierté à être celui qui est « le fils de son père » et qui continue malgré tout son chemin.
Présentation complète ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2019/09/19/boy-diola-yancouba-dieme/
En juillet 2001, Aperaw, immigré sénégalais de première génération, revient au pays accompagné de ses fils dont l'auteur, Yancouba alors âgé de onze ans. Il veut leur faire découvrir leur terre d’origine, la Casamance. Ils séjournent dans le village natal du père, Kagnarou, en plein pays diola. Ils y restent le temps de découvrir un autre monde, bien différent de celui de la Seine- Saint-Denis où Aperaw est venu s’installer dans les années soixante. Ceci au terme d’un long parcours pendant lequel le jeune homme tenta d’abord sa chance à Dakar où il exerça quelques petits métiers peu lucratifs avant de réussir non sans peine à se faire embaucher sur un cargo en partance pour Marseille. Un membre de sa famille lui trouva finalement une place sur les chaînes de l’usine Citroën d'Aulnay sous Bois. Il y resta une dizaine d’années avant d’être renvoyé pour participation trop active à diverses grèves. Il tenta de rebondir comme marchand de bimbeloterie sur les marchés et termina sa carrière à l’entretien des avions sur l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Polygame, il était père de neuf enfants. Ses épouses travaillaient comme techniciennes de surface dans les hôtels de l’aéroport.
« Boy Diola » se présente comme le récit intimiste d’une vie d’immigré africain en banlieue parisienne, d’une lutte permanente pour la survie, la dignité et un avenir meilleur pour les enfants. Quelque chose au bout du compte d’assez banal car vécu par quelques millions d’autres subsahariens. Le lecteur ne peut qu’être rempli de compassion envers ce vieil homme qui, à la fin de sa « carrière », ne trouve plus de contrats d’intérim car trop vieux. Mais personne n’ose le lui dire ouvertement. Il découvrira aussi l’ambiance si exotique de la vie dans un village africain, et, entre autres, les méthodes « musclées » d’éducation des enfants. On use de la trique sans aucun complexe, la fameuse « chicote » ! Le récit n’est pas chronologique. L’auteur saute sans transition d’une période à une autre, raconte diverses anecdotes pas vraiment reliées les unes aux autres, le tout dans un style très parlé, très familier, sans recherche aucune. Un ouvrage qui pourra faire découvrir toute une communauté à celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, mais n’apprendra pas grand-chose à celles et ceux qui vivent avec.
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