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Avec la collection Diaporama, l'IMEC invite des auteurs à choisir un petit recueil de photographies qui leur permette de mieux raconter l'expérience de l'écriture, et à partager ainsi quelques-unes des images qui les hantent ou les enchantent pour se raconter plus intimement et parler de littérature autrement.
Premier écrivain à s'être prêté à l'exercice, Tanguy Viel explore dans Boîte noire la partie invisible qui court sous ses livres, et tente de circonscrire les motifs de sa propre pratique romanesque.
De l'astronaute au poulpe des abysses, du swing parfait du golfeur au palais du Facteur Cheval, de Psychose à Fitzcarraldo, les images convoquées ici sont autant de symboles ou reflets des processus intérieurs à l'oeuvre chez le romancier.
Boîte noire est issu de la conférence en images qui eut lieu à l'abbaye d'Ardenne en mars 2018.
Lors d’un ‘Diaporama’ qui a d’abord été présenté à l’Abbaye d’Ardenne, en Normandie, l’IMEC invite Tanguy Viel à parler de lui en regardant ailleurs.
« Je sais que c’est pour cela, contre l’éparpillement ou l’ouverture à tous vents de l’esprit, que j’ai choisi de faire du roman, parce que le roman m’est apparu comme la forme tisserande par excellence, capable d’agréger la plus hétérogène des matières et même, plus que de seulement couturer, la cimenter assez pour qu’elle ne s’écroule pas. Car, à choisir entre les deux métaphores, celles du tissu ou de la pierre, je sais que ma pente naturelle bascule vers la seconde. Mais chacun négocie selon l’outillage qui lui revient, qui plus tisserand qui plus maçon. Marcel Proust lui-même a longtemps hésité, pour qualifier son livre, entre la robe et la cathédrale. Et quoique le mot cathédrale revienne exactement, selon Google, trente-neuf fois dans ‘A la recherche du temps perdu’, Proust a fini par préférer la robe, étant parvenu quant à lui à recouvrir d’un tissu unifiant et sans trop de coutures visibles le tremblement souterrain de sa vision, de cette manière quasi arachnéenne qui laisse l’impression d’avoir été tissée d’un seul fil. (…) il faudrait prendre un temps pour entrevoir, chez chaque écrivain, chaque artiste, ce qu’il a de drap et ce qu’il a de pierre.
A cette aune en tous cas, je me suis souvent représenté mon propre travail, non comme le recueillement tisserand d’un murmure venu du monde extérieur mais plutôt comme la lente construction d’une maison toute mentale dans laquelle un jour enfin me reposer, ayant pour ainsi dire architecturé mon désordre intérieur. »
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