Nous voilà autour de la table ronde, les chevaliers déchus, les mousquetaires défroqués, les héroïnes fanées, les divas aux talons plats. Nous n'irons jamais au bout. Parce qu'être vivante, c'est être incomplète. Ne pas savoir, ne rien savoir. Et agir quand même. À l'aveugle, à tâtons, sans garantie. Rogner le fragment de chaque instant comme on lèche un os à moelle. La vie est éclats, fissures, fracas. Nous en ordonnons la fureur pour cesser d'avoir peur.
Bio dégradable est une oeuvre composite. Une tentative de nous remémorer que nous sommes de la biologie en marche, qu'un caillou en dit autant sur nous que nos légendes personnelles. Que sans les explosions d'étoiles, les supernovæ, nous ne serions pas. Que le soleil va s'émanciper en géante rouge, se cristalliser en naine blanche, se durcir en naine noire. Et signifier la fin de la terre. Du caillou. De notre peau. De notre pensée. De nos croyances. De nos mémoires et histoires.
Les lois de la physique nous le disent chaque jour à travers la feuille qui tombe et se décompose : nous sommes des êtres biodégradables, de sublimes fictions compostables. Et c'est magnifique.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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