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Bimbo orientale habituée des bars à chichas ; femme voilée sage et soumise qui rêve de vacances à Dubaï ; objet sexuel des pires dépravations sur les sites pornos ; « bourgeoise » ambitieuse haut perchée sur ses Louboutin ; ou jeune actrice tchatcheuse qui a gardé l'accent de la cité : les femmes françaises issues de l'immigration maghrébine ne semblent exister dans l'espace médiatique qu'au gré des stéréotypes sans cesse renouvelés de la « beurette ».
Refusant de se plier à ces préjugés sexistes et racistes, deux d'entre elles sont allées en interviewer d'autres pour explorer les coulisses et les non-dits de cette appellation qu'elles rejettent. Brisant les idées reçues, les auteures révèlent que ces femmes demeurent prisonnières d'un héritage colonial qui continue d'agir. Leur corps est sans cesse au coeur de polémiques qui divisent dans leurs propres rangs musulmans, féministes, associations de femmes « racisées », autant que militants de gauche ou antiracistes.
Une enquête pleine d'empathie qui offre une galerie de portraits, plurielle, pour mieux connaître les « rebeues », loin des caricatures.
Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions du Seuil pour l’envoi de ce livre.
Soixante ans après la première vague d’immigration, quelle est la place accordée à la femme maghrébine et musulmane dans la société française et comment elle même se perçoit elle ?
Ce sont les deux questions qui sous-tendent cet essai très fouillé et sans complaisance.
Au grand regret des deux autrices, les femmes qui ont répondu à leur appel à témoignage sont urbaines, plutôt éduquées et appartiennent à la classe moyenne. Malgré leurs efforts, « peu de femmes voilées, de musulmanes rigoristes, de femmes de la classe populaire, de la haute bourgeoisie ou encore de la ruralité » ont répondu.
Mais cela n’entame en rien l’intérêt de ce livre et des thèmes qui y sont abordés :
les stéréotypes, la beurette à la symbolique pornographique, l’apparence
le couple, la mixité, l’héritage, la mémoire,
la religion, les interdits au quotidien, le voile
l’école, les études et le travail
Ce qui ressort, à mon sens, de façon assez flagrante c’est que ces femmes sont toujours tiraillées : d’un côté, se fondre dans la société française et de l’autre, ne pas être accusée de trahison par leurs familles. Ce qui est une position plus qu’inconfortable.
« Ces femmes, comme nous, se sont imposé la négation de leurs parents à contrecoeur. Une violence tournée contre elles-mêmes et les leurs, pour « s’intégrer sans faire de vague » (…) et faire ainsi leur place au milieu des autres Français sans étiquette. Réciproquement, vis-à-vis de leur parents, plusieurs de ces femmes rapportent qu’elles se sont longtemps senties « obligées de faire des cachotteries à leurs parents ». C’est le cas de Youssrah, pourtant indépendante du foyer parental depuis près de vingt ans, qui évite encore, à 38 ans, d’avouer à ses parents tout comportement qui pourrait briser l’image de fille-musulmane-modèle qu’elle a construite, comme le fait par exemple qu’elle fume comme un pompier ! C’est pourquoi Youssrah, comme d’autres, ont le sentiment douloureux de mener « une double vie ».
D’autres ressentent » le « syndrome de l’imposteur » qui conduit à penser que l’on n’est pas à sa juste place au travail, que l’on ne mérite pas ce que l’on a, et notamment ses succès, et à craindre d’être un jour démasqué. »
L’injonction familiale qui pèse sur le corps des femmes est très prégnant.
Est également pointé le manque de modèles féminins valorisants. Heureusement les choses tendent à changer, notamment dans les milieux culturels : autrices et actrices reconnues pour leur talent.
Ce livre est un excellent moyen de comprendre le quotidien, les interrogations, les difficultés mais aussi la richesse d’une autre culture de ces femmes françaises.
Souhaitons que dans les années à venir, elles ne seront plus définies comme des françaises d’origine algérienne/marocaine/tunisienne mais tout simplement comme des membres de l’Hexagone, un point c’est tout !
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