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Après 25 années passées de prison, et une semi-liberté (17-12-2007/2-10-2008) abrégée à cause de quelques mots délivrés à la presse, Jean-Marc Rouillan, militant du groupe Action Direct, est enfin " dehors " depuis mai 2011 - mais sous surveillance électronique (un bracelet électronique lui a été mis à la cheville), avec des horaires de sorties à respecter : en semaine de 10h à 20h30; le samedi de 14h à 19h.
Et obligation de rester enfermé chez lui le dimanche. Pendant ses premiers mois de liberté, Jean-Marc Rouillan s'immerge dans ce monde "du dehors ". Lorsque sa journée de travail se termine, et jusqu'à ce que sonne l'heure fatidique du retour obligé chez soi, il marche dans Marseille, rencontre et écoute les gens, observe leur façon de vivre, s'attache à comprendre ce qui les motive, s'intéresse à leurs problèmes, et aux multiples façons qu'ils gèrent (ou pas) leur quotidien, avec leurs joies, leurs colères et leurs doutes.
Ainsi, il rencontre des hommes et des femmes, des ouvriers, des chômeurs, des poivrots, des poètes, des artistes, des intellectuels, des gens de la rue, des gens biens sous tous rapports et des voyous. Des révoltés et des soumis. Ce livre, écrit dans la solitude du dimanche, présenté comme un carnet, se construit plus en bribes et en accumulations d'indices que comme successions de narrations construites.
Il note des gestes, des faits, des images, des mots, parfois importants, parfois a priori infimes (pas de hiérarchies dans ce qui est raconté) qui permettent de penser et de réagir face à ce monde de dehors (qui souvent fait penser à une autre forme de prison). C'est dans l'accumulation de ces indices, et dans la faculté du lecteur à les mettre en lien les uns aux autres que la matière à penser se construit.
Et le constat est plutôt triste : Derrière la rumeur des bars, des rencontres, des discussions, des amitiés affirmées et d'autres naissantes et des rires, s'entendent les démerdes individuelles, les arrangements avec la solitude, les paroles vaines, les révoltes étouffées, le tout sur un fond de mémoire politique effacée. Ce carnet est illustré de dessins de Marie-Claire Cordat. Dessins noirs, expressifs, violents, effectués à la lame de rasoir sur carte à gratter.
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