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Un regard d'entomologiste teinté de fausse légèreté
Décrire un monde quasi sous terrain ,une communauté où la misère est palpable,sexuelle,affective,intellectuelle.
La marche inexorable vers le pire.
Et toujours le filtre du sport,comme pour diluer le glauque,humaniser les monstres..
J'aime ce regard ,cette attention aux sans issues.
Dans un premier temps, je tiens à remercier Fabrice David et les éditions Plon pour ce nouveau partenariat et surtout pour m’avoir donné l’occasion de découvrir un roman que je n’aurai certainement jamais lu.
Car bien qu’Antoine Griezmann soit né comme moi à Mâcon, ce n’est pas pour autant que je sois spécialement fan de football… Et ce n’est pas non plus la faute d’Antoine, si je dois bien l’avouer, je ne suis absolument pas amateur du ballon rond.
Donc vous comprendrez, qu’au premier abord, je n’étais pas forcément étais attiré par un roman qui se déroule dans le milieu populaire du football et en plus écrit par un auteur qui travaille en autre pour Téléfoot.
Moïse est le premier supporter du club de foot d’Awoise-Gelle dans les Ardennes, club de cinquième division (CFA2) avant dernier et qui risque bien de descendre, ce qui pour le président du petit club, signifierait la fin du club et Moïse par la même occasion perdrait sa raison d’être, car ce Club c’est sa vie.
Alors Moïse, accompagné par sa bande des crétins des Ardennes, se lance dans un projet des plus mal fagoté qui ne pourra pas finir bien.
Les personnages que nous offre Fabrice David, sont des pauvres types sans-le-sou, les personnages que dépeint l'auteur, m’ont fait un légèrement penser a un docu sur les Hooligans dans le milieu du football au sud de l’Angleterre, sauf que nos Ardennais non rien de méchants et violent à la base, mais comme eux, sont eux aussi que de pauvres types à la dérive qui n'ont pas grand chose à faire de leur vie.
Moi qui ne pensais pas accrocher avec ce roman, je me suis surpris à vouloir connaître la suite, tel un accro de foot qui regarde la finale de la coupe du monde.
Le foot devient secondaire et l’on est véritablement entraîné dans l'affaire où Moïse et sa bande sont bien dépassé par les événements.
Moïse vit à Awoise-Gelle, petite ville des Ardennes, où sévit la crise et où il ne se passe rien. Moïse partage sa vie entre son boulot chez Bricoloc, l’équipe de foot de sa ville et ses amis qu’il retrouve au bar l’Ardennais.
La seule animation de cette ville vient du club de foot, le SGAG dont Moïse et ses amis sont de fervents supporters. Mais leur équipe fétiche, classée 18e sur 20, risque la relégation. Et là, c’est le drame !
Moïse décide de passer à l’action pour que son équipe se maintienne et élabore le plan le plus pourri du monde. Il va kidnapper l’enfant de l’arbitre du prochain match afin de l’obliger à faire gagner son équipe.
Parallèlement à cette histoire, on suit celle de Maguy et Annie qui vivent en couple. Maggy est dépressive. Elle ne se remet pas de l’agression qu’elle a subi 13 ans plus tôt. Elle décide de découvrir l’identité du dernier de ses agresseurs qui n’a pas été confondu.
Ce roman est un véritable roman social, sociétal. Il est très noir et vraiment bien écrit. On ressent la crasse des protagonistes, leur haleine de chacal chargée d’alcool et de tabac, on voit les traces de sueur sur leurs vêtements. On s’attache presque à Moïse avec son QI d’huitre et sa crasse permanente.
C’est un roman différent de ce que j’ai pu lire depuis longtemps et que je recommande vraiment.
Moïse est un supporter du SCAG, le Sporting Club Awoise-Gelle, club de foot de sa ville des Ardennes qui joue en CFA2 ( cinquième division). Son existence est rythmée par sa passion, entre les matchs, à domicile où à l'extérieur, et les entraînements, un vrai de vrai. Quand il n'est pas dans un stade, Moïse est « deuxième tabouret en partant de la gauche » au bar « L'Ardennais », où il peut parler foot avec ses potes, Jarne le belge taciturne au passé trouble, le Nîmois, sans prénom connu, qui a certainement fuit son sud natal et Etienne le chasseur. La perspective d'un dernier match couperet contre Sarreguemines, qui va décider du maintien ou de la descente, inquiète fortement Moïse, et un plan aussi machiavélique que particulièrement débile va germer dans les cerveaux embrumés du petite groupe.
Leur projet, déjà bien mal embarqué, va croiser la route d'une Magguy en quête de justice, et se heurter à quelques impondérables les amenant à inventer des solutions de plus en plus délirantes pour régler les problèmes, afin de tenir le cap et atteindre l'objectif .., le maintien d'Awoise-Gelle en CFA2.
Un roman assurément noir, mais avec des situations tellement surréalistes qu'elles peuvent, le style de l'auteur aidant, prêter à sourire. Les personnages semblent tout droit sortis de l'univers des frères Cohen, dans une sorte de «Fargo» à la sauce ardennaise où chacun en rajoute un peu dans la surenchère au niveau connerie, et selon l'expression, « il n'y en pas un pour rattraper l'autre ».
Awoise-Gelle dans les Ardennes, le club de foot local qui joue en cinquième division est avant-dernier et menacé de descendre, ce qui signifierait sa fin. Moïse, supporter assidu ne peut se résoudre à cette option et est prêt à tout pour faire mentir les pronostics. Mais son projet mal ficelé risque bien de lui attirer de très gros ennuis... dans le meilleur des cas.
Magguy et Annie vivent ensemble à plusieurs centaines de kilomètres d'Awoise-Gelle. Un traumatisme subit par Magguy remonte à la surface et pourrait bien lui faire croiser la route de Moïse.
Mises à part quelques maladresses et erreurs, je dois dire que ce polar ne laisse pas insensible. Évacuons les erreurs : la nourrice d'un garçonnet qui va jouer un rôle important est une fois asiatique et quelques pages plus loin antillaise..., la voiture du papa est lorsqu'il arrive à un rendez-vous une Mercedes et deux pages plus loin, lorsqu'il repart, une Audi. Les maladresses, maintenant ou plutôt la maladresse qui est de parler dans le couple lesbien d'une des deux qui fait l'homme, ou alors c'est moi qui suis trop politiquement correct.
Ces réserves dites, j'ai passé un moment particulier avec ce roman qui met mal à l'aise tant les personnages décrits et les situations sont réalistes et glauques. Fabrice David parle d'arnaques de pauvres types, prêts à tout pour sauver un obscur club de foot d'une obscure petite ville sinistrée. De l'arnaque à la petite semaine où l'on craint pour sa vie pour moins de cent euros et où 500€ représentent une somme impossible à réunir, même à plusieurs. On est loin des polars qui brassent des centaines de milliers d’euros et des joueurs de foot stars qui empilent les millions pour taper dans la baballe (et non, je n'aime ni le foot ni surtout le fric qui corrompt tout et notamment le sport et qui est désormais un but à atteindre pour beaucoup de jeunes qui voient ces "stars" comme des héros et des modèles).
Le polar de Fabrice David est rural -Awoise-Gelle est une petite ville-, humide, froid, pisseux. On y ressent et/ou sent et/ou voit la crasse, les odeurs, les taudis, les gens à 50€ près pour qui la grande Histoire de France n'est pas la préoccupation principale -cf notre Président méprisant les petites gens- leur souci quotidien est de pouvoir se nourrir et trouver de quoi tenir jusqu'à la fin du mois.
Le romancier est journaliste sportif, travaille pour "Téléfoot", bon, personne n'est parfait. Il bâtit un roman avec différents narrateurs, seul Moïse dit "je", alterne les chapitres avant que tous ne se mêlent très adroitement je dois dire. La tension est nette et monte au point de ne pas se coucher tôt pour connaître le dénouement.
Noir, sombre, ne donne pas forcément une belle image de la région qui est un contexte fort et qui participe de cette ambiance froide et humide où les hommes font ce qu'ils peuvent pour vivre ou survivre dans des boulots mal payés, purement alimentaires et où gagner 2000€ mensuels vous fait passer dans la catégorie des riches. Très bon roman, à ouvrir si l'on n'est pas submergé par des envies suicidaires. Frissons et tension garantis.
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