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"J'ai pris une claque car Au-delà des tours n'est pas du tout dans mes cordes habituelles et dès la première page, le livre m'a plongé dans un univers de dingue ! Je le conseille vraiment !" - Laura "Parfois, je me demande comment ma vie aurait été si mon frère n'avait pas ruiné notre famille. Est-ce que je serais là, à zoner toute la journée dans cette banlieue merdique ? Est-ce que mes parents auraient encore un minimum de considération pour moi ?
Mais le mal est fait. A quinze ans, je suis rongée par la culpabilité et l'incompréhension. Je cache mon mal-être derrière mes allures de garçon manqué et ma brutalité. Pour survivre, j'essaie d'oublier cette souffrance, en attendant des jours meilleurs...
Je croyais avoir assez morflé, que ça ne pouvait pas être pire. Le sort s'est pourtant acharné. Un beau soir d'été, le passé a soudain refait surface et a plongé dans le chaos ce qui me restait de famille. C'était trop pour moi, alors j'ai fui cette réalité à tout prix, frôlant parfois l'irréparable..."
Cher(e)s ami(e)s, sept mois environ après vous avoir fait part de mon ressenti concernant « L’espoir au corps » de Anaïs W., je vous retrouve, aujourd'hui, pour une nouvelle chronique qui porte sur son premier livre publié le 15 octobre 2015.
Celles ou ceux qui me suivent régulièrement, savent, qu'après l’avoir lue une première fois cette année, je m’étais engagée à réitérer l’expérience au motif que cette auteure brillante le méritait.
Chose promise, chose due puisque je suis heureuse de vous annoncer qu’au-delà des tours vient à son tour de rejoindre ma pile de livres achevés.
Cherchant un bouquin se lisant rapidement dans l’attente d’une lecture commune, le susnommé me parut idéal pour meubler ce temps attendu que j’avais été séduite naguère par la plume de cette jeune femme.
Je me plongeais donc dans cette nouvelle aventure avec joie, curiosité et surtout l'espoir de passer un bon moment.
Accrochée immédiatement par les premières pages, j’ai su que je ne m’étais pas trompée. Je tenais dans les mains un ouvrage que je ne pourrai lâcher avant la fin nonobstant la lourdeur du thème évoqué.
A la sortie, je confirme que, sans approcher le coup de cœur, ce récit vaut son pesant d'or. Il est captivant, entrainant et nous ancre dans une réalité sordide mais pourtant bien réelle. Je me suis régalée.
On rentre dans l’histoire en s’immisçant subitement dans le quotidien de Debbie, adolescente de quinze ans qui vit, entourée de parents ruinés et totalement défaillants, dans un petit appartement pitoyable de la cité de Palias depuis cinq ans, après que son frère ait commis l’irréparable.
Derrière ses allures de garçon manqué, une désinvolture et une brutalité exacerbée, la jeune fille cache un mal-être et une immense culpabilité. Pour se protéger psychologiquement, elle a bâti autour d’elle au fil des années une muraille que même ses meilleurs amis ne peuvent franchir.
Essayant d’oublier sa souffrance, elle tente de survivre dans cet environnement glauque, misérable en attendant des jours meilleurs… jusqu’à ce que, par un soir d’été, le passé refasse soudainement surface et fasse sombrer dans le chaos ce qui restait de sa famille. C’en est trop pour elle. Elle fuit alors à tout prix ce présent, empruntant un mauvais chemin, flirtant parfois avec l’irrémédiable…
Qu’en est-il de cette fâcheuse trajectoire ? Qui y rencontrera-t-elle ? Restera-t-elle au bord du précipice ou tombera-t-elle finalement ? Sera-t-elle aidée, sauvée ? Dans l’affirmatif, par qui, comment ? En bref, s’en échappera-t-elle et que deviendra-t-elle ?
Ces questions non exhaustives vous turlupinent ? Lancez-vous...
Cette histoire qui est à la base une fiction colle pourtant au mieux de ce qui se passe réellement dans les cités de banlieue françaises. C’est raconté sans omissions, sans fioritures, en allant à l’essentiel. C’est poignant, saisissant, noir mais tellement véridique. A tel point, que je me suis demandé et me demande encore si ce n’est pas autobiographique.
La force essentielle de A.W. c'est de réussir, par son écriture percutante, efficace mais aussi fluide à nous embarquer dans un univers tragique, pesant, malsain que nous ne pouvons abandonner. On s’immerge inexorablement dans la vie de la cité pour en devenir métaphoriquement un membre à part entière.
Sans que cela soit péjoratif, elle brosse un juste portrait de la famille typique s’entassant dans les tours ou autres barres d’immeubles. A savoir des foyers empêtrés dans des problèmes professionnels, financiers, d’intendance et qui souffrent lentement mais sûrement d’un manque d’autorité sur leurs enfants.
Les personnages qui nous sont présentés ne sont pas parfaits mais très attachants. Ce sont avant tout des êtres humains avec leurs qualités, leurs défauts, leurs faiblesses. Ces jeunes ont chacun leur caractère, chacun un passé plus ou moins trouble mais ensemble ils forment un vrai clan capable de résister à n’importe quelle tempête.
J’ai été charmée par la relation fraternelle qu’entretiennent Debbie et Jonathan. Ces deux adolescents matures, cabossés par la vie sont la définition même de l’amitié si j’ose la comparaison. A leur contact, j’ai ressenti de l’empathie, de la tristesse, du bonheur, de la colère. Ils m’ont véritablement touchée.
Les autres protagonistes ne sont pas en reste. J’ai adoré les côtoyer. Ils sont eux aussi très réalistes, plus ou moins rebelles et en attente d’affection, d’amour.
L’absence de la cinquième étoile se justifie par le fait que je pense que la renaissance de Debbie et de certains de ses amis aurait du être davantage développée. J’aurais apprécié plus d’explications quant à cette période pourtant importante à la vue du dénouement. Cette partie pêche par une absence de profondeur. Un chapitre dédié n’aurait-il pas été nécessaire ?
Pour conclure, je dirai que j’ai aimé ce livre bien qu’il soit différent du troisième. J’ai été une nouvelle fois conquise par la jeune romancière. Par son habitude de choisir des sujets délicats à traiter dans la littérature. Par la façon dont elle construit son scénario et tisse son emprise sur le lecteur. Par sa vision, sa retranscription des évènements et surtout par sa propension à distiller de l’espoir malgré tout.
Je l’achète ? : Je ne peux que vous le conseiller. Cet opus très réaliste, criant de vérité, informatif et enrichissant confirme le talent d’Anaïs. Ecrire un roman sombre, violent basé sur une histoire de tragédies, de déchéances, d’addictions, d’amitiés puis un autre sur fond de maladie, de deuil, d’amour grâce à « L’espoir au corps » avec autant de justesse n’est certainement pas donné à tout le monde. Belle réussite !
Vous ne serez pas déçus. Vous serez peut-être émus, happés, insatisfaits. Une chose est néanmoins certaine, vous n'en ressortirez pas indifférents.
Merci pour ce dur mais non moins agréable instant de lecture.
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