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Pourquoi écrire un livre sur la pénétration ? Parce que le sujet est là, si présent qu'il en est invisible. Surtout je voulais faire en sorte que l'on entende des choses trop souvent tues, qu'on parle, qu'on pense, qu'on considère la sexualité comme un élément de l'invention humaine, de sa culture, de ses arts, de sa politique. Je voulais qu'on entende les difficultés, les douleurs, la peur d'être anormal·e, et qu'on dise qu'on se fout de la normalité si elle signifie le mépris et le jugement pour ce qui est différent. Ce texte est suivi d'un recueil de témoignages.
Le sujet, ici, n'est pas d'interroger la pratique individuelle, bien au contraire.
Le sujet choisi par Martin Page est d'interroger ce que cela raconte de la contrainte sociale, il va jusqu'à interroger la dimension politique de la démarche.
La pénétration de la femme comme apanage de la réussite sociale et personnelle.
L'exercice est spécialement bien mené, puisqu'il commence par répondre à la question, comme pour évacuer la réponse avant de venir sur les raisons, la génèse du questionnement.
La pénétration comme axe central lorsqu'elle est appliquée à la femme mais tabou lorsqu'elle s'applique aux hommes.
Puis il présente des témoignages très très concrets et divers.
Avant d'élargir le sujet aux interactions corporelles...
Ce livre se lit "tout seul", il ne comporte rien de tendancieux, il est extrêmement factuel.
Il interroge l'amplitude réelle de nos libertés sociales, sociétales, ... de nos vies.
Dans ce livre, Martin Page remet en question ce que l'on considère comme la norme en matière de sexualité, une norme imposée par la vision masculine et hétérosexuelle qui considère qu'il n'y a acte sexuel que lorsqu'il y a pénétration (et même, pénétration d'un vagin par un pénis).
Dans un premier temps, l'auteur, homme hétérosexuel, s'interroge sur sa propre sexualité. Il rappelle également que, bien qu'on en ait rarement conscience, l'image qu'on a de la sexualité est imposée par la société.
Ensuite, il explique pourquoi et comment il a écrit ce livre et revient sur les difficultés qu'il a eues à le faire publier. le livre a finalement été édité par la maison associative qu'il a créée avec sa compagne et est pour l'heure épuisé.
La dernière moitié du livre est un recueil de témoignages de femmes et d'hommes. Pour certaines femmes, la pénétration peut être douloureuse, voire impossible, pour des raisons physiologiques ou psychologiques, de manière temporaire ou permanente. Ou simplement quelque chose qu'elles n'aiment pas. Étant en dehors de ce que la société leur présente comme la norme, elles se sentent anormales, ce qui peut créer ou renforcer un problème. Les témoignages sont variés et abordent d'autres aspects de la pénétration.
Le texte, assez court, est intelligent et agréable à lire, grâce au style et à l'humour de l'auteur, notamment ses inventions en matière de jurons : « Punaise de cannelle de térébenthine », « Punaise de sirop d'érable de formica. » et autres. Les propos de l'auteur et les témoignages amènent à s'interroger sur ses propres expériences et sur un sujet qui, s'il peut sembler léger de prime abord, ne l'est pas tant que ça, puisqu'il rejoint d'autres thématiques, en particulier les rapports hommes-femmes, dominants-dominés. Cependant, il ne doit pas non plus devenir un sujet angoissant. La pénétration n'est pas et ne doit pas être l'alpha et l'oméga de la sexualité ; celle-ci doit rester un plaisir pour tous les partenaires, alors que la pénétration peut vraiment pourrir la vie de certain•e•s.
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