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« Une apologie d'Ernst Jünger s'impose.
Une apologie - c'est le sens grec du mot - est un discours (logos) qui vise à lever (apo) une accusation, en montrant son absence de fondement. Comme dans l'Apologie de Socrate de Platon. Extirper les vieilles calomnies anciennement enracinées, colportées par la rumeur et la malveillance. » Telle est la démarche de François L'Yvonnet qui entreprend l'exploration d'une personnalité sulfureuse : Ernst Jünger (1895- 1998). L'auteur d'Orages d'acier, Sur les falaises de marbre ou de Journal de guerre est associé au nazisme, et notamment à Martin Heidegger et Carl Schmitt dont il fut proche. Ces trois-là illustreraient le « fond obscur de l'esprit allemand, dans sa grandeur, mais aussi dans sa dangerosité » (Habermas).
Si les deux intellectuels cités furent des militants encartés, ce n'est pas le cas de Jünger. Certes, rappelle l'auteur, Jünger a fréquenté les milieux nationalistes de la « Révolution conservatrice », des gens parfois peu recommandables qui, pour certains, joueront un rôle important dans le futur État nazi. Certes, il a pu écrire des lignes regrettables, tenir des propos ambigus. Certes encore servit-il, presque jusqu'à la défaite, dans les troupes d'occupation allemande, en France, sous l'uniforme de la Werhmacht. « Mais est-ce suffisant pour le clouer au pilori des pensées maléfiques ? Jünger est à part.
Il faut, nous semble-t-il, le prendre tel qu'en lui-même : un auteur inclassable, contradictoire et déroutant. »
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