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Pourquoi la poésie est-elle morte en France ? se demandait Musset. Réponse : elle n'est pas morte. Témoin cette Anthologie de la poésie française. Mais pourquoi une nouvelle anthologie ?Ayant, voici plus de trente ans, composé un premier choix - de Baudelaire à nos jours -, il m'a paru tentant de le reprendre en remontant, cette fois-ci, jusqu'aux origines de notre poésie.C'est un vieux débat que de savoir si le génie de notre langue, qui s'est développé au moins depuis Malherbe et jusqu'à la révolution surréaliste, sous le signe de l'ordre et de la clarté, est essentiellement d'ordre poétique. On peut estimer, en effet, qu'il y a de plus grands poètes chez les Allemands (Goethe), chez les Anglais (Shakespeare), chez les Italiens (Dante), et même chez les Russes (Pouchkine) que chez nous. Mais ne soyons point masochistes, ne cédons pas à ce travers par excellence qu'est l'auto-dénigrement !Que de richesses dans notre poésie ! Quelle variété d'inspiration, quelle diversité de talents ! En écoutant nos poètes, depuis Christine de Pisan jusqu'à Alain Bosquet, c'est toute l'histoire d'un peuple que l'on retrace. Un peuple guerrier avec Agrippa d'Aubigné, Corneille, Vigny, Hugo, Péguy, Apollinaire. Un peuple courtois et policé, parfois sophistiqué, comme on le voit chez Ronsard, chez du Bellay, chez Valéry. Un peuple malin et truculent qui s'esbaudit avec George Fourest, Alfred Jarry Maurice Fombeure ou Boris Vian. Mais finalement, la voix qui porte le plus loin, la main qui lie toute la gerbe, la corde intense, c'est celle de l'amour. Amour mâle et vainqueur, celui de Ronsard, de Malherbe, de Corneille et, plus d'une fois, de Hugo. Amour tendre, dolent, désespéré quelquefois, celui que chantent Pernette du Guillet, la pauvre Marceline Desbordes-Valmore, Catherine Pozzi ou Marie Noël. Amour déçu, mais déchirant, celui d'Apollinaire, dans la Chanson du mal-aimé.Si importants que soient ces registres, il serait sot de ne s'en tenir qu'à ceux-là. Le bonhomme La Fontaine a touché à tous les genres, même s'il est immortel par ses Fables. Des poètes comme Hugo, comme Baudelaire, comme Rimbaud, échappent à toute classification. Prenant le parti inverse d'un Thierry Maulnier qui ne citait qu'un vers de Hugo, je leur ai fait la part belle, si bien qu'on trouve ici leurs grands poèmes, cités parfois intégralement. Mais aussi des textes populaires comme le légendaire Temps des cerises.
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