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«Elle m'a brusquement quitté un jeudi soir. Je ne m'y attendais pas. Autour de moi, tout s'est écroulé, les murs, le ciel et mes pensées. Et puis il y a eu ce coup de fil de ma mère. En sanglots, elle m'explique qu'Adolphe, un vieux chat asthmatique, a disparu au beau milieu du bois de Boulogne. Et alors? Elle me supplie de l'aider à le retrouver. En temps normal, j'aurais refusé. Mais je n'en avais pas la force; c'est ainsi que l'aventure a commencé...»
Lola, son amoureuse le quitte. Elle l'aime toujours mais n'est plus amoureuse. Il ne comprend pas et rumine son chagrin.
Sa mère l'appelle pour lui demander de l'aide. Elle est dans le bois de Boulogne à la recherche d'Adolphe, un vieux chat dont elle s'occupe. Sa mère à la retraite, nourrit les chats abandonnés dans le bois. Il rechigne un peu et se laisse convaincre de la retrouver pour ses recherches. Il va faire connaissance avec un monde qu'il ne connaît pas mais que sa mère côtoie sans préjugés.
Elle va lui présenter les prostituées, travelos et clochards qui vivent dans le bois.
Cette recherche va lui permettre d'avoir une réflexion sur lui-même ses douleurs cachées au plus profond comme la mort de son père, sa solitude. Il va se rapprocher de sa mère qui avait un peu tendance à l'agacer et découvrir une facette de celle-ci qu'il n'imaginait pas.
Oui, cette recherche de matou va lui faire un bien fou.
Non, ce n'est pas un texte drôle, bien au contraire, c'est plutôt une réflexion douce-amère sur nos vies, nos lâchetés, nos manquements, notre solitude. Un fils qui pleure son père et n'ose pas exprimer sa tristesse, de même est-il incapable de dire "je t'aime" à sa maman qui lui reproche si souvent d'être devenu envers elle un étranger.
Et puis, il y a les chats, ce monde félin incroyable qui n'en finit pas de nous séduire. Et les mystères du bois de Boulogne, ses habitants, de plus ou moins grande fortune.
Et puis, il y a Eric Metzger, écrivain sensible, compère de Yann Barthès mais également - et surtout - jeune écrivain talentueux
Nous connaissons tous la facette humoristique d'Eric Metzger qui officie aux côtés de Yann Barthès dans l'émission Le Quotidien. Nous le connaissons moins, à mon avis, en tant qu'écrivain. Dans Adolphe a disparu, l'auteur nous livre une intrigue que l'on pourrait qualifier de banale: Jules vient d'être quitté par son amoureuse et ses relations avec sa famille, et surtout sa mère, sont complexes... Après un divorce et un licenciement, cette-dernière voue sa vie à nourrir les chats abandonnés du Bois de Boulogne. La mère et le fils se réunissent afin de retrouver un chat à l'allure nazie (moustache noir sur pelage blanc) qui a disparu et, à cette occasion, se confient et se rapprochent l'un de l'autre. Leur aventure s'avère également ponctuée de rencontres avec le monde de la prostitution. Le récit est lent et l'on attend désespérément qu'il prenne une autre tournure. Mais non. En définitive, j'ai été déçue par cette lecture à laquelle je n'ai pas trouvé d'intérêt: j'en attendais certainement beaucoup de cet humoriste...
Pour moi Eric Metzger c’est Eric et Quentin dans le Quotidien de Yann Barthès. Sans savoir qu’il avait déjà écrit un premier roman j’ai d’abord été dubitative « un humoriste, un roman moui bon à voir » et puis j’ai appris pour son premier roman, j’ai appris les études qu’il avait entrepris, j’ai lu la dernière de couverture et je me suis laissée tenter.
Le héros de ce roman, la trentaine, va voir sa belle Lola le quitter, comme ça, sans crier gare, sans signes avant-coureurs. Elle l’aime mais n’est plus amoureuse. Quand l’amour s’arrête-t-il ? A quel moment sent-on que l’affection a pris le pas sur l’Amour ? Vaste question … Et cet homme ne comprend pas. Il va tenter de se consoler auprès de ses amis, ou plutôt de se faire plaindre, parce que c’est humain, parce que qui ne l’a jamais fait lors d’une rupture … En plein drame affectif, sa mère va l’appeler en pleurs, elle a perdu Adolphe. Un chat qu’elle nourrit chaque jour avec tant d’autres au bois de Boulogne. Pleurer pour un chat non mais franchement c’est le pompon pour lui. Elle va lui demander de l’aider à le retrouver. Il n’a pas la force de refuser et puis il n’a rien d’autre à faire maintenant qu’il est seul. Mais d’abord, comment reconnaître ce foutu chat ? Adolphe est blanc, il a une petite spécificité, il porte une petite moustache noire sous le nez et puis il est méchant. Ça ne vous rappelle personne ?
C’est ainsi que l’aventure démarre.
A travers ce second roman, Eric Metzger décrypte la douleur que laisse l’amour lorsqu’il n’est plus. Sans fioritures, ni grandes phrases métaphoriques, il la couche sur le papier avec une justesse incroyable. Oui d’accord, une histoire d’amour qui se termine mal c’est du vu, revu et même re-revu et ce pourrait être le cas avec ce roman mais l’auteur va plus loin que la simple description d’une rupture, il dresse le portrait d’un mec un peu paumé, un peu sonné, et égoïste où la raison est remplacée par la fierté. Un mec dans lequel, homme ou femme, pourrait se retrouver.
Puis peu à peu on s’aperçoit qu’Adolphe a disparu c’est encore plus que ça, c’est le temps de l’introspection à travers cette folle aventure dans le bois de Boulogne, c’est la prise de conscience d’une blessure plus profonde, celle qu’un père a laissé, un père qui n’est plus. C’est s’apercevoir, qu’inévitablement il lui ressemble chaque jour un peu plus. Au point de tenter d’être quelqu’un d’autre pour simplement ne pas affronter la douleur d’un père qui manque.
Mais c’est aussi le temps des retrouvailles entre un fils et sa mère, la (re)découverte sensible, maladroite parfois de deux êtres liés par le sang et que la vie a éloigné, fatalement.
Alors qu’on se dit que ce roman est un livre bilan, l'auteur va encore plus loin (il se débrouille bien cet Eric).
Fort de ce périple dans le bois de Boulogne pour retrouver le sosie poilu d’Hitler, il aborde avec beaucoup d’humour le monde parallèle de la prostitution, l’humanisant non pas à travers son héros mais plutôt à travers les yeux de sa mère qui connaît la plupart de ces prostitué(e)s à force de venir s’occuper de ces « mimis » en détresse. De quoi fermer la porte à tous les préjugés liés au plus vieux métier du monde. Une fois les prostitués salués, il nous présente les SDF du bois. Ce jeune trentenaire habitué à la mode urbaine du « non » quand on lui demande une pièce va finir par prendre conscience de cette misère. De quoi là aussi remettre en place les idées.
Finalement, Adolphe a disparu est un roman simple, à la morale simple, à l’amour simple sous toutes ses formes. Et ce n’est pas péjoratif loin de là (le nombre de post-it que j’ai collé aux pages démontrent tout l’intérêt de cette lecture), il est juste bon de découvrir des livres qui ne cherchent pas à tout prix à remplir de la page blanche de belles et grandes phrases pour parler de choses simples, pour parler de la vie ordinaire, pour évoquer ce besoin parfois essentiel de solitude afin de pouvoir tout simplement avancer.
Et en refermant ce roman, je n’ai plus eu aucun doute sur la capacité d’Eric à faire partie du monde littéraire. Assurément je lirai son premier roman, assurément je lirai ses prochains aussi.
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/02/adolphe-a-disparu-eric-metzger.html
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