Thèse d'André Dirlik présentée à l'Institut des études islamiques de l'université McGill.
De la même manière que les concepts occidentaux se sont avérés, en grande partie, trompeurs lorsqu'ils ont été appliqués à la compréhension de situations non occidentales, il apparaît désormais évident que l'étude d'une région musulmane du point de vue du cadre conceptuel d'une autre région musulmane peut s'avérer tout aussi trompeuse. Au sein de l'espace hétérogène que l'on connaît communément sous le nom de monde musulman, l'époque, les raisons et la manière dont divers peuples ont choisi d'intégrer la civilisation islamique font de l'Islam unitaire un mythe plutôt qu'une réalité. La croissance et la décadence de la civilisation islamique, dans chacune des parties du monde musulman, ont également montré leur individualité et leurs propres spécificités. Le processus de modernisation inauguré au 19e siècle est, de la même manière, spécifique à chaque pays en vertu de ses propres précédents historiques, ainsi que de sa rencontre particulière avec la civilisation occidentale. Cette thèse sur le rôle de 'Abd al-Hamîd ibn Bâdîs dans la modernisation de l'Algérie a été rédigée avec ces observations à l'esprit. Cette introduction à ce qui apparaîtra comme la présentation des idées de 'Abd al-Hamîd ibn Bâdîs aspire à élaborer et développer notre propos sur l'absence d'homogénéité parmi les peuples islamiques, tout en nous concentrant spécifiquement sur le phénomène du salafisme au sein de l'Islam moderne. La suite de notre étude parlera pour elle-même et permettra d'étayer les généralités présentées ici.
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