L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Drancy, en banlieue parisienne, demeure dans toutes les mémoires comme le camp où a transité la majeure partie des Juifs déportés de France vers les centres de mise à mort. 80 000 juifs ou considérés comme tels y ont séjourné, de quelques jours à plusieurs années, d'août 1941 à août 1944. Dès son origine, il mêle des Israélites français de vieille souche à des Juifs étrangers d'immigration récente, des élites du pouvoir et du savoir aux professions les plus humbles, adultes, vieillards, femmes et enfants. Commandé par des Allemands, gardé et administré par des Français, Drancy, à la fois camp de représailles, de transit et de concentration, atteste de l'ambiguïté criminelle des responsabilités entre l'occupant et Vichy. Des sources inédites - correspondances clandestines, journaux intimes, témoignages oraux- permettent de reconstituer l'existence des internés, avec ses solidarités multiples mais aussi la course aux privilèges, les clivages sociaux et nationaux, la famine et le désespoir mais encore l'école et le théâtre, les innombrables rumeurs et l'ordre imposé parfois par les victimes elles-mêmes, enfin la menace permanente et insoutenable de la déportation.
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