Actes du colloque tenu à Beyrouth qui contribue au renouvellement des historiographies ottomaniste et libanaise, l'ouvrage propose un travail inédit, innovant et courageux. Il met d'abord en valeur tout l'intérêt de confronter les récits des archives - et de leurs historiens. Mais il s'agit aussi de faire parler des sources multiples ottomanes, populaires, et parfois inédites, pour rendre compte de l'enchevêtrement, parfois au ras-du-sol pour reprendre l'expression de la micro storia, des processus de communication - et du recours au paradigme de la coexistence - de l'entreprise de modernisation ottomane ou encore de la formation d'identités politiques.D'autre part, et là réside certainement la plus grande audace de ce colloque et de l'ouvrage qui en est issu, ces recherches lèvent le voile, avec d'autres, sur une histoire dont les enjeux dépassent le simple champ académique. Si le présent oublie ou fait mémoire selon les cas, use et peut abuser du passé pour préparer l'avenir, 1860 cristallise à bien des égards des noeuds qui lient dans le Liban moderne et contemporain le travail des historiens à celui des entrepreneurs de mémoires sociales. En l'occurence, alors que l'on commémore en 2015 le déclenchement du conflit violent qui embrasa le Liban de 1975 à 1990, les correspondances avec la difficile entreprise de faire l'histoire de ces deux périodes de conflits civils au Liban sont nombreuses.
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