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Un très beau roman dont le texte est puissant, ce dernier interroge sur l'intime, la culpabilité et les liens qui unissent. Ce roman est dense, les paysages sont très bien décrit avec beaucoup de réalismes.
Les mots sont tendres, le portrait est bouleversant, c'est aussi un hommage à la vieillesse.
Filiation, Amour, Deuil, Famille, Religion, Israël, Politique et Guerre.
"Elle s’est efforcée, pour une fois, de ne pas lui redire que c’étaient deux choses fondamentalement différentes, étant donné qu’eux n’avaient jamais volontairement attaqué des innocents. Mais, même en dehors de la politique, le moindre de ses mots le révolte, quoi qu’elle fasse il se sent lésé et réagit avec agressivité. Elle l’entend encore qui continue, comme d’habitude, " vous avez vraiment cru qu’après le départ des Britanniques, le calme reviendrait ? Comment avez-vous pu être aussi aveugles ? ""
"Dans leur réseau, on trouvait aussi bien des socialistes et des communistes que des révisionnistes ou des mystiques et des révolutionnaires. Ce qui les unissait n'était pas une vision du monde identique, mais une ferveur identique."
stupeur : État d'inertie et d'insensibilité profondes. Sidération
Un titre court, un mot, un seul, celui qui vient à l'esprit à maintes reprises à la lecture de ce roman.
Il me semble impossible de rédiger quoique ce soit de sensé et d'intelligible sur cet ouvrage qui m'a laissée sans voix plusieurs fois , alors allons y avec un ressenti personnel mâtiné de connaissances sur l'histoire de ce pays en guerre perpétuelle : Israël .
Sans voix, c'est aussi le cas de Rachel, femme âgée de 90 ans environ qui est incapable de raconter à sa famille ce que fut sa vie en 1948 au moment de la création de l'état d’Israël, sans voix quand une adulte du nom d'Atara vient la rencontrer pour faire sa connaissance, elle, la femme dont le nom a été prononcé par Mano, son père, sur son lit de mort et avec qui il l'a confondue ! Qui est Rachel ? Qui est ce Menahem Rubin, qu'ont ils en commun ?
Des aller retours Haïfa où vit Atara et Jérusalem ou plutôt le kibboutz en dehors de Jérusalem où Rachel passe ses journées, les vies de ces deux femmes entremêlées, des moments de stupeur sur 70 ans, révélés au lecteur éberlué et un final en forme d'acceptation, dernière étape du deuil avant une sorte de renaissance pour chacune d'entre elles.
Si leurs histoires s’enchevêtrent, elles vivent toutes deux en Israël dont l'Histoire est toujours en mouvement, où les révoltes se succèdent, celles des juifs contre les britanniques avant 1948, celle des palestiniens depuis, les juifs orthodoxes et les athées, Tsahal et les pacifistes. Ce livre recoupe et intègre toute cette vie, passée et présente, pose des questions sans réponses, cite des passages de l'ancien testament, et nous interpelle personnellement quand il aborde les problèmes de couples.
J'ai souri, ri, réfléchi au milieu de la nuit en lisant des passages entiers où je me reconnaissais, où je reconnaissais notre couple jusqu'au moment où tout vire au cauchemar.
Voilà un livre que vous pouvez lire à trois niveaux :
Vie privée et personnelle,
Histoire d'un pays,
interaction et construction littéraire
a vous de le découvrir avec votre sensibilité
Vraiment passionnant, bouleversant, ahurissant, stupéfiant.
Née dans un kibboutz en 1959 et grièvement blessée en 2004 dans l’attentat qui pulvérisa l’autobus où elle se trouvait, Zeruya Shalev raconte, au travers des trajectoires brisées de deux femmes ordinaires, l’histoire d’Israël de sa fondation à nos jours : une longue descente aux enfers, de l’enthousiasme des idéaux à la stupeur des désillusions, quand le pays n’est plus aujourd’hui que fractures et déchirements dans une actualité toujours plus sanglante et explosive.
Rachel et Atara n’ont a priori rien en commun et pourtant leurs destins sont inextricablement liés. Rachel la nonagénaire vit depuis cinquante ans dans le désert de Judée, dans une colonie israélienne en territoire occupé. Elle qui rejoignit le Lehi, un groupe sioniste extrémiste qui, entre 1940 et 1948, employa le terrorisme pour libérer la Palestine des Britanniques, considère avec autant d’amertume que d’incompréhension l’état de division de son pays. Cette laïque qui crut tant au projet sioniste de 1948 n’est en l’occurrence que perplexité face au judaïsme ultra-orthodoxe choisi par l’un de ses fils. D’abord très réticente, elle se découvre en fait empressée de se raconter à une inconnue prétendant mener une étude sociologique sur les femmes du Lehi. Cette interlocutrice, Atara, est en réalité architecte du patrimoine. Bien trop assaillie par les regrets et les remords jalonnant un parcours marital et familial marqué par les ratages, entre divorces et foyers recomposés, pour se préoccuper de la vie politique de son pays, cette presque cinquantenaire s’intéresse en vérité à Rachel pour une raison toute personnelle : sur son lit de mort, son père l’a confondue avec une certaine Rachel, visiblement un ancien et très grand amour perdu…
A travers ces deux femmes dont l’existence, en une cascade infinies d’échecs et d’incompréhensions, contrarie sans cesse les aspirations et les projets, c’est le désarroi de la société israélienne dans son entier que peint ce roman aussi politique que finement psychologique. Car, à mesure que la narration investigue, à presque en épuiser son lecteur, les mécanismes au sein du couple, de la famille et de l’âme de ses personnages, se fait jour la perception d’une société fondamentalement étouffante, entre permanence de la guerre et traumatismes associés, différends idéologiques, politiques et religieux, et enfin pression territoriale, des colonies en zones occupées au mur de séparation, en passant par le chaos de l’urbanisme. Vivre en Israël, déclare un des protagonistes, c’est vivre sur un volcan qui peut entrer en éruption à tout instant et vous chasser d’ici. « A quoi bon préserver le patrimoine d’un pays qui n’a aucune chance d’exister dans deux ou trois générations. » « Il faut construire vite, simple et fonctionnel, sans s’occuper du passé », en l’occurrence des appartements avec pièces sécurisées…
Méticuleusement soigné dans sa construction et ses analyses psychologiques, ce roman sombre et tragique qui donne à comprendre l’histoire collective au travers d’un récit intimiste porte un regard vibrant, très éclairant, sur une société israélienne fracturée, parvenue au bord du schisme.
Zeruya Shalev raconte l'histoire de deux femmes. La première s'appelle Rachel (quand l'histoire commence, elle a plus de quatre-vingt-dix ans. Dans sa jeunesse, elle a combattu dans les rangs du Lehi, un groupe sioniste qui s'est battu de 1940 à 1948 pour libérer la Palestine du mandat britannique. Au sein de ce groupe, elle a fait la connaissance de Mano avec qui elle s'est mariée. Puis Mano a refait sa vie et il a eu quatre enfants, dont une fille, Atara qui est l'autre héroïne de "Stupeur". Atara cherche désespérément Rachel pour comprendre son père.
En tressant en alternance les vies des deux femmes, en passant du passé au présent, Zeruya Shalev raconte l'histoire d'Israël depuis sa fondation jusqu'à nos jours et les divisions du pays et les déchirements de deux familles.
"Stupeur" est un livre magnifique à lire encore plus aujourd'hui !
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