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Il y a des années de cela, j'ai partagé un bout de chambre hospitalière avec une étudiante.
Lucie était anorexique, bien sûr elle n'avait rien à faire dans ce service de médecine interne, elle aurait dû être conduite dans un autre endroit, un peu comme celui du 17 Swann Street…
Elle était dans le déni le plus complet (mais c'est l'une des facettes de la maladie) et moi parfois je la croyais même si j'avais bien vite était "mise au parfum" par sa mère, une femme si gentille mais si lasse aussi, et qui passait la voir régulièrement : Lucie était une brillante étudiante, plongée si entièrement dans ses études qu'elle en avait oublié de manger…
Je l'imaginais dans la solitude de sa minuscule chambre universitaire, mais je me serais bien gardée de lui en toucher un mot (il est évident que pour elle, il y avait erreur puisqu'elle "n'était pas malade" comme elle le répétait aux médecins et infirmières qui s'époumonaient dans le vent à son chevet car elle avait aussi un fichu caractère!). L'anorexie est une maladie lente et pernicieuse. Les 45 kilos de cette fille tout en hauteur me donnaient l'impression qu'un souffle d'air aurait pu la faire vaciller… Cette extrême fragilité, je l'ai retrouvée dans le portrait d'Anna, l'héroïne du livre de Yara Zgheib.
J'ai trouvé beaucoup de complicité chez les filles du 17 Swann street, l'amitié qui est même plus que cela : une question de survie.
J'espère que ce livre pourra permettre à certains de remettre les compteurs à zéro.
C'est une expérience forte et salvatrice que nous livre l'auteur. Comment tout s'écroule en un instant, choisir la vie plutôt que la mort (et ce n'est pas facile!) mais il suffit parfois d'une main tendue…
L’auteure écrit sur l’anorexie et les troubles alimentaires en général. Elle explique cette maladie, ses conséquences sur la malade, sa vie, son entourage. J’écris « elle » car c’est une maladie beaucoup plus féminine.
Pour faire face à cette maladie, il y a le 17 Swann Street, un lieu où vivent des malades d’anorexie et de boulimie. Elles ne se jugent pas. Elles instaurent des rituels que chacune respectera. Elles ne deviendront pas amies car elles en ont pas la force mais elles sont un soutien indéfectible pour chacune. C’est un lieu où le but est la guérison, ou plutôt l’acceptation et surtout la gestion de leur trouble pour leur permettre le retour à leur vie.
L’auteure nous explique à travers son personnage Anna la spirale qu’est l’anorexie, qu’est le combat pour ne pas manger, qu’est la solitude de ces malades. Comme tous, je connais cette maladie mais je n’ai jamais été confrontée personnellement et j’avais des préjugés qui, grâce à son roman, ont été balayés pour comprendre la maladie. Je peux dire qu’il faut une force de dingue pour s’en sortir. Et puis, l’auteure nous parle aussi de l’impuissance de l’entourage.
Il est très difficile de s’en sortir seul mais pour cela, il faut en parler, ne pas avoir honte, chercher du soutien. L’anorexie n’est pas une honte, un tabou. C’est une maladie qui doit être prise en charge. Yara Zgheib a merveilleusement bien su nous le raconter, nous le démontrer toute en bienveillance, humanité, intimité. Ses mots ne sont pas violents bien au contraire. Ils sont tendres, avenants et précieux.
J'ai beaucoup aimé ce roman, fiction où on suit l'évolution et surtout le combat de Anna contre l'anorexie. Jeune femme, jolie , intelligente, comblée d'amour qui a été dévoré sans s'en rendre compte par cette maladie sournoise et mortelle.
Le roman donne la parole à Anna, et permet ainsi au lecteur de saisir les émotions, de toucher l'angoisse, le dégoût , d'approcher l'horreur de cette maladie, de cette deuxième voie qui parle dans la tête de ces malades. On ne s'imagine pas à quel point chaque bouchée peut être un enfer pour les victimes du trouble alimentaire.
Il fournit aussi des informations sur ces maladies : les symptômes, les conséquences physiques et relationnelles, mais aussi nous donne un aperçu des traitements possibles.
D'ailleurs Anna se trouve au 17 Swann Street, une sorte de clinique de traitement, au milieu d'autres jeunes femmes et lutte.
Le roman tourne autour de ce lieu sinistre mais salvateur. Lieu des obligations, lieu des peurs, de l'affrontement avec sa maladie et avec soi, lieu de mort, ou lieu de renouveau. Le personnel y apparaît froid, déshumanisé suivant scrupuleusement les règles tels des Cerbères . Les pensionnaires subissent les troubles de l'alimentation, la souffrance mentale, la solitude, la mort, mais aussi la bienveillance. Leur espoir : le dehors, les sorties, et la famille, la présence chaleureuse et aimante des êtres qui aiment, ici l'amour sous les traits de Matthias, le mari compréhensif et dévoué.
Le roman nous raconte donc les moments de désespoir, d'angoisse de ces jeunes femmes et surtout d'Anna, leurs petites victoires.
C'est émouvant de réalisme. Ce récit de vie m'a donné un nouveau regard sur ces troubles alimentaires.
#LesFillesDu17SwannStreet #NetGalleyFrance
http://passeuredelivres.over-blog.com/2019/10/les-filles-du-17-swann-street-yara-zgheib-jc-lattes.html
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