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Yan Mo

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Avis sur cet auteur (12)

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    Couverture du livre « Le maître a de plus en plus d'humour » de Yan Mo aux éditions Points

    Anne-Marie Lemoigne sur Le maître a de plus en plus d'humour de Yan Mo

    Si c’était une fable, elle pourrait avoir pour titre : L’apprenti et son Maître .

    Qu’y découvre-t-on ? Deux générations de travailleurs chinois dont les rôles sont inversés :
    Le Maître, vieil ouvrier modèle, né avec le communisme, fidèle à ses...
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    Si c’était une fable, elle pourrait avoir pour titre : L’apprenti et son Maître .

    Qu’y découvre-t-on ? Deux générations de travailleurs chinois dont les rôles sont inversés :
    Le Maître, vieil ouvrier modèle, né avec le communisme, fidèle à ses idéaux, qui attend tout de l’appareil d’état : travail, revenus, protection sociale ;
    et son Apprenti, qui ose contester les décisions prises par les cols blancs de l’usine, demander des comptes, qui sait qu’il lui faut se prendre en main , et qui introduit son vieux maître dans les coulisses du monde moderne, celui de la débrouillardise , de l’initiative individuelle . L’apprenti est devenu le Maître, le Maître est devenu l’apprenti , un apprenti qui va réussir sa première entreprise, une petite entreprise qui ne connaît pas la crise …….

    Un petit récit allègre, où Mo Yan jette un regard malicieux sur ses personnages, plein d’ironie sur ceux qui exercent le pouvoir dans le monde du travail , qui rend compte habilement de la transformation économique qui s’est opérée dans le pays en 30 ans .

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    Couverture du livre « Lèvres rouges, langue verte » de Yan Mo aux éditions Seuil

    Géraldine C sur Lèvres rouges, langue verte de Yan Mo

    Cette parution chez le Seuil m’a permis de lire pour la première fois de la littérature chinoise, et rien de moins qu’un prix Nobel. Mo Yan a en effet reçu le prix de littérature en 2012. Pour être claire, je ne connais pas grand-chose à la culture chinoise, ni à son histoire, ni à sa...
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    Cette parution chez le Seuil m’a permis de lire pour la première fois de la littérature chinoise, et rien de moins qu’un prix Nobel. Mo Yan a en effet reçu le prix de littérature en 2012. Pour être claire, je ne connais pas grand-chose à la culture chinoise, ni à son histoire, ni à sa littérature. Pour dire, il m’a fallu une centaine de pages pour comprendre que le nom de famille dans, par exemple, le nom Mo Yan était la première partie, comme en coréen. De plus, lorsque vous ouvrez sa page Wikipédia, vous lisez « né le 17 février ou le 5 mars 1955 ou bien encore en mars 1956 », de quoi légèrement vous étonner. En revanche, on sait avec certitude qu’il est né dans la province du Shandong, au sud de Pékin, appartenant à la Chine du Nord. La liste de ses œuvres, composée de divers romans et nouvelles ainsi que des essais est assez longue. Ce recueil de onze nouvelles est son avant-dernière parution dans son pays, le titre français correspond à la dixième nouvelle.


    Onze nouvelles agencées de manière croissante selon la longueur : nous commençons avec des textes de quelques pages jusqu’à quelques dizaines de pages pour les dernières. Le narrateur semble être un double de l’auteur d’autant que le village natal de l’auteur Gaomi est le décor de beaucoup des nouvelles. C’est donc un homme d’un certain âge, qui a grandi à Gaomi, a quitté tôt l’école pour travailler dans les champs, s’est engagé dans l’armée, est un écrivain reconnu. En revanche, il a deux frères, et non pas des sœurs comme détaillé dans certaines des nouvelles. Toutes ces nouvelles ont un cadre rural, loin des métropoles surpeuplées, c’est au milieu des champs et autres paysages de la région, dotés de Sophoras, d’étangs avec joncs et roseaux, que l’auteur fait évoluer ses novellas et ses personnages.

    Première difficulté me concernant, la mémorisation des noms des personnages, d’autant qu’ils sont souvent remplacés par des surnoms, ou même simplement remplacés par un autre nom, le nom original portant alors la désignation de nom de lait. Deuxième difficulté, les liens de parenté sont parfois obscurs et ne correspondent pas à ce que nous considérons, dans notre culture européenne, comme parent. Ensuite, le système communiste administratif de Mao Zedong semble assez lourd et parfois très nébuleux, je pensais que le système soviétique l’était, mais ici, on touche à une autre sphère de la complexité obscure. Et il faut se faire à l’histoire moderne de la Chine, notamment à la Révolution culturelle (1966 à 1976). C’est évident qu’aborder des cultures très différentes des nôtres nous fait sortir de notre zone de confort, ce fut le cas, mais cela reste très enrichissant littérairement et culturellement.

    Le style de la narration est assez affecté et imagé, souvent ponctué de proverbes, ce qui d’ailleurs est rendu par les noms des personnages dont je parlais plus haut, comme par exemples le forgeron et ses deux apprentis de la première nouvelle : Vieux Han, Petit Han (oncle et neveux) et le Troisième. On y découvre une société extrêmement hiérarchisée, très attentive à la place occupée par chacun dans la société, et même chez les agriculteurs, un même sens de la hiérarchie que l’on retrouve dans les familles, qui ici n’ont pas le même sens que l’on peut comprendre. Le vocabulaire du communisme chinois est quant à lui très formaliste et précis, il faut intégrer les termes, assimiler, par exemple, qu’un point-travail était une unité de calcul pour le travail fourni, ce qu’est un camp indépendant du bataillon de production et de développement.

    Mais les comportements et les sentiments humains restent les mêmes, moquerie et méchanceté d’un groupe d’enfant envers un plus faibles, ils sont seulement décrits de façon différente par la complexité des normes sociaux, de l’importance de cette famille au sens élargie du terme, des valeurs portées plus lourdement sur les lignées familiales, sur leur histoire et toutes les références culturelles afférentes. Des jaloux, des rapiats, des hommes vénaux. Les récits ne sont pas sans humour, même si celui-ci est distillé très parcimonieusement à travers des traits de dérision ou de sarcasmes. Et c’est ce qui caractérise aussi cette écriture, toujours très noble et élégante, loin de toute vulgarité excepté lors de certains dialogues et du langage parlé alors usité, les caractères des personnages décrits avec beaucoup de circonspection (ce que j’admire), les faits un peu triviaux racontés avec fierté, comme cette nouvelle qui évoque un pétomane en puissance, Chang Lin. Des histoires de villageois, d’amitiés, d’amour, des vies qui essaient de s’en sortir, ces onze nouvelles sont idéales pour une première approche de la littérature chinoise, pour une immersion dans l’immensité de ce pays dont nous n’avons pas forcément les codes : au-delà des règles sociales très figées, les traits de caractère sont universels, et l’on rencontre les mêmes rapports, des réactions identiques, en occident ou en orient, les mêmes trahisons(...)

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    Couverture du livre « Grenouilles » de Yan Mo aux éditions Points

    Sandrine Fernandez sur Grenouilles de Yan Mo

    C'est sous le nom de plume de ''Têtard'' que Wan le Pied est devenu écrivain et dramaturge après une carrière dans l'armée chinoise. Et c'est aussi de ce pseudonyme qu'il signe les lettres qu'il envoie à son maître en écriture, le japonais, Sugitani Yoshihito; de longues lettres où il entreprend...
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    C'est sous le nom de plume de ''Têtard'' que Wan le Pied est devenu écrivain et dramaturge après une carrière dans l'armée chinoise. Et c'est aussi de ce pseudonyme qu'il signe les lettres qu'il envoie à son maître en écriture, le japonais, Sugitani Yoshihito; de longues lettres où il entreprend de raconter la vie de sa tante Wan le Coeur afin de mettre en ordre ses idées avant d'écrire la pièce de théâtre dont elle sera le sujet. Fille d'un héros de la nation, communiste convaincue et gynécologue réputée, la tante a exercé pendant plus de cinquante ans dans la canton de Dongbei, berceau de la famille Wan. D'abord respectée pour ses méthodes novatrices et sa capacité à mener à bien les accouchements les plus difficiles, la tante devient la bête noire de toutes les familles du canton quand les autorités chinoises mettent en place la politique de l'enfant unique. Pragmatique et fidèle au Parti, la tante ne fait pas de sentiments et poursuit sans relâche les femmes enceintes de leur deuxième enfant pour les contraindre à avorter. Convaincue jusqu'au fanatisme, elle écume les campagnes avec son assistante, Petit Lion, pratiquant avortements, vasectomies, hystérectomies et poses contraintes de stérilets, appliquant à la lettre des directives gouvernementales mal acceptées par les paysans qui veulent un fils pour leur succéder et de nombreux enfants pour aider à la ferme.

    Lire Grenouilles, c'est d'abord se plonger dans la campagne chinoise la plus reculée et faire la connaissance d'une palette de personnages aux noms improbables : Chen le Nez, Yuan la Joue, Wang la Bile, Xiao Lèvre-supérieure, etc. De petites gens respectueux des traditions, accoutumés aux aléas de la vie, qui ont supporté l'invasion japonaise, la famine, la libération maoïste pour finir par se rebeller contre la mise en place du planning familial et la politique de l'enfant unique.
    Même s'il dénonce les dérives et la cruauté de cette loi incomprise, Mo Yan ne se départit pas de son humour. Ambiance baroque, situations loufoques, personnages hauts en couleur contribuent à alléger l'histoire souvent très dure de ces femmes prêtes à tout pour avoir des enfants, au péril de leur vie. Têtard raconte sa tante sans la juger mais si le combat qu'elle menait lui semblait juste, la fin de sa vie est troublée par les remords : ses mains sont rouges du sang de tous ses enfants qu'elle a empêché de naître. Et malgré les drames, la Chine ne semble pas avoir appris des erreurs du passé. Le présent n'est guère plus brillant pour les femmes, du moins les femmes pauvres utilisées pour la GPA, cause de nouveaux chagrins. Encore une fois, Mo Yan n'émet aucun jugement, sa critique implicite, discrète, enrobée d'humour, nous permet de tirer nos propres conclusions.
    Un livre dont on ressort secoué par tant de cruauté et ému par le sort des femmes chinoises. La tante, personnage emblématique de la politique de Mao, est faite de contrastes. On l'admire pour ses compétences, on la déteste pour son fanatisme, on la plaint d'avoir été aveugle et sourde à la souffrance de ses congénères. Dans tous les cas, elle vaut le détour et méritait bien un livre. Et une pièce de théâtre ! Difficile de prime abord, la lecture de Grenouilles est finalement une expérience savoureuse et enrichissante.

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    Couverture du livre « Le maître a de plus en plus d'humour » de Yan Mo aux éditions Points

    Aurélien RIZZON sur Le maître a de plus en plus d'humour de Yan Mo

    Ce livre très court de Mo Yan, un prix nobel de littérature que je ne connaissais pas, nous donne une vraie leçon de vie.

    Ce récit nous parle d'un employé modèle licencié à quelques jours de la retraite et qui va trouver un moyen de mettre sa famille financièrement en sécurité. Je ne vais pas...
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    Ce livre très court de Mo Yan, un prix nobel de littérature que je ne connaissais pas, nous donne une vraie leçon de vie.

    Ce récit nous parle d'un employé modèle licencié à quelques jours de la retraite et qui va trouver un moyen de mettre sa famille financièrement en sécurité. Je ne vais pas en dire plus sous peine de dévoiler des éléments importants de l'intrigue.

    Cet ouvrage se lit rapidement et il est très bien écrit. Les personnages sont attachants, on se met facilement à leur place et on arrive à comprendre le pourquoi du comment de leurs actes.

    De l'humour bien dosée, de la tristesse, de la consternation, tous les ingrédients sont là et on a envie de savoir comment toute cette histoire va s'achever.

    Un petit livre à découvrir d'urgence et qui présente de manière très intelligente une vraie critique de la société.