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Il était une fois une histoire triste et lumineuse. Un conte de nuit et de terreurs, de jour et de plénitude.
« Tous les petits animaux », entrelacs profondément sensibles. La compassion infinie pour Bobby trentenaire. Sa mère décédée, élevé sous le joug d’un beau-père vil, odieux, méchant voire sadique. La violence dans ses yeux rouges de haine. Bobby est vulnérable, suite à un accident dont il perd la mémoire. L’intelligence endormie et opprimée sous les brimades. Naïf et faible, il est une proie pour « le Gros ».
Jusqu’au jour où il va rencontrer fortuitement dans une fugue Monsieur Summer. Ce dernier semble comme d’un autre monde. Un mage, un magicien, un mime, un être doué de mystères. Il est l’emblème de l’empathie et de la bienveillance. La métaphore d’une magnanimité, un juste en quelque sorte. Son but dans la vie est de sauver les petits animaux (tous). De les enterrer avec amour et respect. Nous sommes dans le tremblement d’un symbole. Le détournement de nos faillites, de nos faiblesses, et petites lâchetés.
M. Summers est un homme altruiste, étrange et marginal. Il fait de ses jours, de la droiture et de l’égalité, son éthique. Il veille sur les petits animaux jusqu’au plus petit escargot. Un cérémonial de la mort pour ces derniers, de la terre sur leurs corps morts comme un hommage théologal. Il a un devoir, celui d’une justice pour tout le vivant animalier, chiens, lapins, hérissons, escargots… La parabole est souveraine. Le récit fascinant, indicible, compense les horreurs humaines. Bobby va revivre avec Monsieur Summers. Il va se sentir comme un petit animal que l’on apprivoise. L’amour ne se dira pas. Tout passe dans une gestuelle humble et humaniste. Le détournement de la cruauté des hommes. On aime cette nature des Cornouailles de vent et de sauvagerie, de landes et de mystères. La force intrinsèque d’une trame dramatique dont Bobby et un animal blessé dans sa chair. « Tous les petits animaux » est une jachère fleurie, pétrie d’humanité. Les tragédies venues d’une enfance martyrisée. Les inoubliables tendresses de Monsieur Summers qu’on aime de toutes nos forces. Un être entre le sage, Diogène et le mystique. Ce roman est serré comme un café fort. Sa beauté intérieure est une cascade en haute montagne. La preuve des possibles dans une métaphorique histoire qui ne cède rien au pathos. Nous sommes dans la grandeur sentimentale. Dans une fable où plus un lapin est l’ignorance. L’emblème du secours au faible dans une majestueuse écriture si belle qu’elle fait pleurer.
« Tous les petits animaux » est fondamental et distingué. Un viatique qui détourne les cruautés humaines. Un livre indéfectible, filmique. Sublime et poignant, dur comme la vie, il est notre monde et l’intensité des nouveaux points de départ. Sa force est le liant. Il fédère le bon et l’équité. Ce qui advient d’une relation de connivence. Ce livre est une main tendue à la bonté. Le regard envers les opprimés. Un conte sans lyrisme, terriblement humain. La morale douce qui ose le mot apprivoiser. Sombre et magnifique.
Walker Hamilton a publié son unique livre en 1968. Il est mort à trente cinq ans. Ce livre a été adapté au théâtre puis au cinéma en 1998. À noter : des illustrations de Mehdi Beneitez, explicites et percutantes, aux traits fins. Le noir et le blanc en puissance dix. Une traduction de l’anglais par Jean-François Merle. Un classique-né, que Roald Dahl a qualifié d’extraordinaire à sa sortie, possède la grâce des livres venus de nulle part qui vous conduisent vers un ailleurs aussi familier qu’inquiétant.
Publié par les majeures Éditions de L’Arbre Vengeur.
un joli conte moderne, un peu dans la lignée du "Bizarre incident pendant la nuit". Dommage que ce sot un peu court!
lu il y a plusieurs années, remis sur le devant des étagères à la fnac...ça a été un vrai coup de coeur ce livre!!!
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