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Le roman débute dans un petit brouillard psychologique angoissant. Un écrivain ayant peu de succès se trouve refoulé à son arrivée à New-York et repart pour la France pour retrouver sa famille ( une épouse, une ado et un jeune enfant) dans un appartement toulousain. Pas d'explications pour ce retour à la case maison mais un indice : tout le monde doit rester enfermé chez lui selon des ordres gouvernementaux. Evidemment cela rappelle des souvenirs récents même si la cause n'est jamais vraiment explicitée. Roman d'anticipation comme " Défaite des maîtres et possesseurs" ? A suspens ? Non, rien de tout cela mais sans doute le premier récit de confinement ( mot jamais écrit dans le livre) qui narre les pensées de cet auteur ( par ailleurs libraire à mi-temps) et les multiples questionnements que cette situation va apporter.
Disons-le tout net, par rapport à ses deux précédents romans, ces "années sans soleil" déçoivent un peu. Si l'on retrouve souvent une écriture inspirée, beaucoup de thèmes sont abordés mais ont du mal à s'amalgamer réellement. Les nombreux paragraphes autour des livres, du métier d'écrivains, des problèmes d'une petite librairie un peu marginale et de quelques auteurs connus, moins connus ou inventés, aussi pertinents soient-ils, présentent un intérêt inégal à l'intérieur d'un ensemble qui se veut une sorte d'état général d'une société durant un moment bien particulier voire marquant un réel tournant. Le monde est en crise ( écologique ? sanitaire? ), le personnage principal aussi. Il va s'interroger sur sa vie, son métier d'écrivain, sur ses rapports aux autres ( famille, amis, relations plus lointaines). Il va éprouver cette violence sourde qui monte, surtout policière mais pas que. Le roman avance un peu cahin-caha, de suspens psychologique il passera à une sorte d'essai sur le pouvoir de la littérature dans le coeur de ( certains) hommes, puis prendra un tournant historico-écologique avec des recherches via un ouvrage de Procope de Césarée sur la disparition du soleil pendant 18 mois vers 535 de notre ère, puis virera vers des problèmes de couple et d'ados traumatisés, pour s'achever dans un romanesque plus classique ( et pas vraiment inspiré).
Certes, il y a quelques belles pages, mais l'ensemble à du mal à passionner complètement, hésitant peut être trop entre essai et roman.
Je me réjouissais de d'entamer ce roman qui, près de 30 après houellebecq dans son extension du domaine de la lutte, explore le libéralisme économique sans frein, les désillusions du monde du travail.
En mettant cette fois au centre de son histoire une jeune femme trentenaire.
Par ailleurs sur le fond je trouvais intéressant d'aborder le sujet des sociétés mutualistes qui a vu son modèle peu à peu se transformer pour aller vers toujours plus de compétitivité au détriment du bien être des salariés.
Cela étant dit, je ne sais pas comment s'est débrouillé l'auteur pour rendre le personne de Cora totalement désincarné, Cora est un archétype de la trentenaire qui après son premier enfant rencontre des difficultés dans sa vie de couple, dans sa vie professionnelle avec quelques éléments de "réalisme" saupoudrés ça et là sans qu'à aucun moment on puisse entrer en empathie ou même y croire.
C'est une succession de clichés :la relation lesbienne avec une femme libre et sans attaches, le réfugié artiste , sans parler de la fin.
L'écriture est lourde, cousue de fils blancs avec des digressions toujours mal amenées du style " elle regarde ce tableau africain accroché au mur et tiens ça lui fait penser à son voyage en Afrique il ya 6 ans + 6 pages à propos dudit voyage " dont on pourrait par ailleurs se passer sans compromettre la compréhension du roman .
Vous l'aurez compris je suis allée de déception en déception à la lecture de ce roman , je suis peut être passé à côté.
De Vincent Message, j’avais aimé « Cora dans la spirale » et j’ai eu le plaisir de retrouver son écriture ciselée, aux accents poétiques dans son dernier roman.
Le narrateur, Elias Torres, est un écrivain qui n’a pas encore connu le succès. Il narre sa mésaventure : refoulé des États Unis où il venait présenter son roman, cette rebuffade annonce quelque chose de plus grave, qui n’est pas précisé mais qui oblige la population à se confiner. Cette menace est d’autant plus inquiétante qu’elle n’est pas nommée, juste suggérée à travers le dérangement climatique.
« Ça commençait à devenir long. Chacun chez soi, jour après jour… Les murs des pièces se rapprochaient. L’étau se resserrait autour de nos tempes »
A cette situation de déjà vu, l’auteur mêle des réflexions sur le réchauffement climatique. Le thermomètre s’emballe et la vie entre quatre murs dans un centre-ville déserté où les libertés sont restreintes se complique. Le quotidien de sa famille aussi est touché, avec sa femme, leur petit garçon remuant et Maud, adolescente écolo révoltée par l’inertie des dirigeants et des adultes. Elias n’a plus son travail de libraire puisque les librairies ont baissé le rideau et, avec cette fermeture, il a perdu le contact avec les autres et les discussions, les fêtes à pas d’heure avec ses potes qui se passionnent pour l’art et le combat d’idées. Désœuvré, Elias va se tourner vers l’écriture, rechercher cette inspiration qui lui échappe. Il y a bien la cave, pour s’isoler, mais écrire sur quoi ? Heureusement, la littérature est toujours là pour nous consoler, et nous nourrir dans ces périodes de disette. De ses visites à son vieil ami et poète, Igor Mumsen, il va se passionner pour l’œuvre de l’historien byzantin Procope de Césarée qui a chroniqué le règne de l’empereur Justinien. L’historien évoque ce petit âge glaciaire, période qui va de 536 à 547, où la perturbation du climat a entraîné des famines et des épidémies catastrophiques. On sait depuis peu que cette période climatique plus froide a été la conséquence de trois éruptions volcaniques majeures qui ont voilé le soleil.
En écrivain curieux, Elias Torres établit un parallèle entre cette période glaciaire oubliée et le dérèglement climatique de notre époque. Et là, il tient son sujet, pense-t-il.
Le roman navigue entre les expériences, les mésaventures du narrateur qui s’interroge sur sa vie qu’il ne maitrise plus et sur ces incursions dans la littérature et les catastrophes du passé. Deux époques mais une même menace climatique.
Le chapitre 16 débute ainsi « Vous le connaissez un peu, maintenant, Elias Torres. Je suis une voix qui a votre voix dans votre tête »
Oui, après lecture, j’ai l’impression de le connaitre, ou tout du moins de l’avoir croisé dans quelque librairie toulousaine, cet écrivain qui se confie avec sincérité, et avec lequel j’ai déambulé dans Toulouse. C’est ma ville que j’ai aimé redécouvrir et vivre sous la plume de Vincent Messager alias Elias Torres. Il sait si bien la raconter. Oui, je me suis inquiétée pour lui et sa famille, et j’ai été curieuse d’en savoir plus sur ce petit âge glaciaire. Et, je dois l’avouer, j’ai été triste de laisser ce personnage attachant et son projet de roman à la page 254. Car oui, j’aurais aimé que ce roman captivant soit plus long.
Les années sans soleil – Vincent Message
Elias Torres est un écrivain au succès modeste et libraire à ses heures. Il vit en appartement à Toulouse avec son épouse et ses deux enfants.
Un certain mois de mars, tout se resserre autour d’eux et ils doivent rester entre quatre murs.
Alors que chacun à des besoins différents, Elias Torres commence à penser à des uchronies avant de rechercher les pires années que l’humanité qui ont été vécues et de s’arrêter sur les dates de 535-536 (je vous laisse rechercher sur Internet).
L’auteur est très fort pour n’utiliser aucun vocabulaire lié à la pandémie et presque nous laisser penser à une autre catastrophe qui cloisonne les personnages du livre. Parallèlement, dans une écriture bien pesée, l’auteur nous embarque dans une histoire véridique des années 535-536.
Vincent Message met en avant les cas de conscience des personnages et leurs fragilités, mais surtout celui d’Elias Torres et de sa fille Maud.
Il est dommage qu’en début de libre, l’auteur noie un peu le poisson en ne voulant pas parler de la pandémie et en voulant nous faire croire à un suspens par un interrogatoire du protagoniste par la PAF aux E-U qui se fait refouler avec quasi les mêmes passagers qui ne veulent pas évoquer le pourquoi de leurs retours.
Les bribes de recherches d’Elias Torres sur l’Histoire notamment sur Procope, Bélisaire, les Perses, les Ostrogoths, l’armée byzantine, Michael McCormick, j’en passe et des meilleurs sont assez difficile à percevoir dans l’histoire et n’apportent pas une lecture de plaisir si le lecteur n’a pas la connaissance ou ne recherche pas par lui-même.
De ce fait, l’on passe de l’histoire d’archéologie sur un vieux sol d’Istanbul, à des traces presque illisibles de la peste de Justinien ; de l’histoire des sièges de Rome tels que les ont vécues Procope et Bélisaire à celle de l’histoire de la sécheresse, de la famine et de la guerre civile dans la Chine de Yu Xin – alors qu’il est question uniquement de l’histoire d’une famille et ce qui l’entoure.
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