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Teru Miyamoto nous dévoile la vie "des gens de la rue des réves" au gré de ses nouvelles,dans un style d'écriture incomparable. Une belle découverte que cet auteur qui nous plonge dans un univers unique empreint de culture japonaise.
Teru Miyamoto nous dépeint ici une galerie de portraits, hauts en couleurs, des habitants d’un quartier commerçant d’Osaka portant ce nom évocateur de la rue des Rêves. Chaque chapitre pourrait être lu comme une nouvelle, pourtant les destins des protagonistes s’entremêlent, sous le regard perplexe, amusé ou attendri de Satomi Haruta, un jeune représentant célibataire et apprenti poète. Souvent il observe, parfois il intervient. L’auteur nous offre l’occasion de découvrir les thèmes du quotidien au sein de la culture japonaise, mêlant avec brio poésie et humour…un roman très attachant qui mériterait sans doute d’être lu une seconde fois.
Durant la guerre, c'était une de ses rues vouées au marché noir. Elle a survécu au démantèlement qui a suivi la capitulation et est devenue la rue des rêves, une succession de petits commerces plus ou moins florissants, tenus par des individus hauts en couleurs. C'est ici que vit Satomi Haruta, au-dessus de la boutique de kamaboko, fermée pour cause de maladie. Démarcheur en cours par correspondance de son état, le jeune homme est poète à ses heures perdues, et rêve de publier, à compte d'auteur, un recueil de ses plus beaux poèmes. Secrètement amoureux de la belle Mitsuko, la coiffeuse du salon Yuriko. Réservé, voire timide, Haruta n'ose pas se déclarer, et pourtant il est souvent sollicité par les habitants de la rue marchande, pour régler une querelle, servir de messager, rapprocher deux amoureux...La rue des rêves est son univers, et même si parfois il voudrait la quitter, il doit bien s'avouer qu'il s'y est attaché, à elle et aux gens qui y vivent.
Les gens de la rue des rêves n'est pas un roman mais une suite de chroniques qui se situent toutes dans une rue commerçante d'Osaka. Notre guide dans ce quartier populaire est le jeune Haratu, poète incompris par les membres de son club qui jugent ses vers trop enfantins. Quand il rentre le soir après une rude journée de labeur, il aime aller se restaurer chez le père Wan, d'une soupe de raviolis ou d'une omelette au crabe, même si parfois il assiste malgré lui à une épique scène de ménage entre Wan et son épouse. Par contre, il évite soigneusement le studio de Mori Masahisa, le photographe aux moeurs d'inverti, tout comme la boutique des horlogers qu'on dit âpres au gain et dont le fils traîne une réputation de kleptomane, et par-dessus tout, il n'approche jamais de la boucherie des frères Tatsumi qui ont appartenu à la pègre avant de se ranger en reprenant le commerce paternel. Romantique, Haruta soupire après Mitsuko la coiffeuse qui vit en face de chez lui, sans soupçonner qu'il a un rival dans la rue. Sérieux, il ne fréquente pas le bar de La Charade dont la patronne collectionne les jeunes et beaux serveurs. Malgré lui, Haruta se voit mêler aux intrigues du quartier. On lui fait confiance, on respecte son sérieux et son intégrité. Avec lui, le lecteur arpente la rue des rêves et fait la connaissance de ses habitants. Humbles ou arrogants, vénaux ou généreux, aimables ou détestables, ils ont tous des rêves, des projets, des failles, des secrets que l'on partage dans un moment hors du temps. On devient alors une de ses âmes qui traversent la rue des rêves. On jette un œil dans la salle de jeu de pachinko, on échange quelques mots avec Tomi, l'attendrissante buraliste, on observe les frères bouchers, partir pour une de leurs virées nocturnes. On s'intègre à cette petite communauté pleine de vie. Les gens de la rue des rêves ne sont ni meilleurs ni pires que ceux de la rue d'à côté mais comme on les connait, on leur pardonne leurs défauts, on espère et on rêve avec eux.
C'est dans la télécabine qui l'emporte vers le sommet du mont Zaô qu'Aki Katsunama revoit son ex-mari Yasuaki, dix ans après leur séparation. Brève rencontre où peu de mots sont échangés, tout juste parlent-ils de l'enfant qui accompagne Aki, son fils handicapé Kiyotaka. Pourtant ils se sont aimés, ont connu un mariage heureux mais qui n'a pas résisté à un sordide fait divers auquel s'est trouvé mêlé Yasuaki. De retour chez elle, la jeune femme cherche les coordonnées de son ex-mari et lui écrit une longue lettre à laquelle il finit par répondre. Peut-être est-ce là enfin l'occasion de parler de leur mariage, de l'adultère, du drame et du divorce. Mais si Aki vide son cœur, demande des explications, veut comprendre, son correspondant hésite à se livrer, lui demande même de cesser de lui écrire. Pourtant, elle insiste, cette histoire d'amour au goût d'inachevé continue de l'oppresser malgré toutes les années qui ont passé, malgré son remariage, malgré la trahison de Yasuaki. Alors, petit à petit, il se laisse convaincre, se raconte, dévoile ses secrets les plus intimes. Toute la pudeur dont ils ont fait preuve au moment de leur séparation, tous les non-dits, tous les silences, lentement volent en éclats pour laisser la place aux révélations, aux aveux, aux confidences.
Ce roman épistolaire au ton doux-amer raconte deux vies brisées par la fin d'amour. La femme trahie a eu tant de mal à remonter la pente et a continué à vivre avec dans le cœur un attachement à l'homme qui a été son mari, teinté de rancoeur et de frustration. L'homme a dérivé après le divorce, incapable de se reconstruire après la double perte de sa maîtresse et de son épouse. Tous deux ont tu le flot d'émotions qui les a submergés à l'époque mais, le temps ayant passé, les mots peuvent enfin être dits, facilités par la distance inhérente aux lettres. Leur correspondance va donc être le moyen de faire le deuil de ce passé, de mettre les choses à plat, de se comprendre, d'alléger leur cœur pour pouvoir enfin se remettre à vivre.
L'écriture de Teru MIYAMOTO, pudique et délicate, se met au service d'une histoire émouvante et digne où les protagonistes se libèrent de leur passé, analysent leur présent, pour voir enfin leur avenir sous un jour plus serein, plus optimiste. Les lettres parlent tout simplement de la vie telle qu'elle est, peines et joies mêlées, comme dans la musique de Mozart qu'Aki découvre durant sa convalescence amoureuse. Un beau roman, subtil et doux, plein d'émotion et de respect. Sublime !
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