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C’est le résumé qui m'a tout de suite attirée et donné envie de lire ce livre. Je suis assez friande d'histoire de famille sur plusieurs années, avec des retours dans le passé pour pouvoir découvrir la vie d'une famille.
Tout va commencer en 2079, on fait donc un bond dans le futur. La société est complètement transformée et le climat complètement déréglé. Fiona Skinner est une poétesse de renom, âgée de 102 ans, elle donne une lecture publique dans une université. Cela fait très longtemps qu'elle ne s'est pas exprimée en public. Une jeune femme se lève alors dans l'assistance pour lui poser une question sur l'un de ses poèmes. Le prénom de cette jeune femme, Luna, va remuer en Fiona bien des souvenirs, et elle va ainsi entamer le récit de son existence.
Et nous voici projetés presque 100 ans en arrière, en 1981, Fiona a alors 4 ans. Elle vit avec ses parents dans le Connecticut. Elle est la dernière de la fratrie, elle a deux sœurs, Reine et Caroline et un frère, Joe. Leur père, dentiste, décède brutalement. C’est le choc pour la famille. Les moyens financiers baissant, ils vont déménager dans une maison plus petite. Leur mère, qu'ils appellent Noni, va rentrer dans une dépression sévère qu’ils vont appeler « La grande parenthèse ». Les enfants vont devoir se prendre en mains, Reine va s'occuper de ses sœurs et frère, avec leurs caractères différents et ce que cela peut entraîner dans l’entente de la famille.
On va les voir grandir, évoluer. Noni sortira de sa dépression et reprendra les choses en mains. Elle essaiera d'inculquer l’indépendance à ses filles, Reine deviendra médecin, Caroline n'écoutera pas sa mère et se mariera, Joe, le seul homme de la famille, sera un grand sportif jusqu’à ce qu'un drame remette tout en question. Fiona travaillera dans une ONG, et tiendra à côté de cela un blog où elle raconte toutes ses relations avec les hommes qui passent dans sa vie. Ce seront ses débuts d'écrivaine. Mais comme dans toute vie, tout ne va pas aller aussi facilement, et vingt ans plus tard, un drame va bouleverser la vie de chacun des membres de la fratrie. Chacun devra accuser le coup, chacun aura sa manière de le faire, amenant des tensions entre eux.
J’ai vraiment beaucoup aimé suivre cette famille. Il se trouve que j’ai le même âge que l’aînée, Reine, et je me suis beaucoup retrouvée dans l’époque, même si cela se passe aux États-Unis. Il y a tout de même des similitudes avec ce que l'on a connu nous en France, je pense notamment au progrès et aux changements de société. Mais bien que mon âge corresponde à l’ainée, j’ai aussi quelques similitudes avec Caroline et Fiona. J'ai beaucoup aimé ces trois filles et me suis vite attachée à elles. J'ai aimé suivre leurs joies, leurs douleurs, leurs peines. Ce qui leur arrive dans la vie est criant de vérité et peut tout à fait correspondre à la réalité. J'ai apprécié aussi énormément Joe, qui est le seul homme de cette histoire, tout du moins qui aura une place prépondérante. C’est tout simplement une famille ordinaire et que l'on peut rencontrer dans la vie de tous les jours que nous décrit Tara Conklin. Il est donc très facile de s'identifier à eux. C’est une très belle histoire d’amour fraternel, avec ce que les événements tragiques peuvent bouleverser, avec les tensions qui peuvent exister, qui séparent les êtres. Mais l'amour fraternel permet bien souvent de se retrouver malgré de longues années de silence. J'ai beaucoup aimé que l'auteure appuie sur ce sentiment. Elle fait également passer plein de beaux messages sur l’amour, sur la réussite personnelle. On retrouve aussi la condition féminine avec les changements qui vont s’opérer pour les femmes au cours des générations, les reculades aussi qui vont être faites sur certains points, la maternité avec le choix d'avoir des enfants ou pas, la liberté de la femme. Et tout cela avec beaucoup de sensibilité et de pudeur de la part de Tara Conklin. Elle rapporte les faits tels qu'ils sont. Elle n'est jamais dans le jugement, elle dépeint la vie comme elle est.
L'attachement au personnage est renforcé par le choix narratif de l’auteure. On se doute très vite qu'elle va employer la première personne du singulier vu que c’est Fiona qui raconte sa vie. J’aime beaucoup l'emploi de ce « je » dans mes lectures. Il me permet de me mettre entièrement à la place du personnage, à être au plus près de ce qu’il ressent, de rentrer dans sa tête pour connaître la moindre de ses pensées. J'ai ainsi vécu près de Fiona, et même à sa place, pendant tout le long du récit. J’ai ressenti ses joies, ses peines, ses peurs. Je n’ai pas toujours été d’accord avec ses choix ou ses décisions, et je l’ai parfois vue aller dans des situations un peu périlleuses, mais malgré tout cela, j’ai aimé la suivre. Je suis ainsi, par la même occasion, devenue la sœur de Caroline, Reine et Joe. J’ai vraiment eu l’impression de m’intégrer à cette famille, de ne faire qu'un avec elle. Et je dois bien avouer que je les ai quittés à regret à la fin.
La lecture s’est faite avec intérêt, difficile de lâcher ma lecture, j'avais tellement envie de savoir ce qui allait arriver que je me dépêchais pour savoir. En plus, j'ai eu le plaisir de tester la lecture en commun avec une amie bloggeuse, c’était la première fois pour moi, et j'ai trouvé cet exercice très enrichissant, de pouvoir partager mes émotions de lecture avec une autre personne qui lisait en même temps que moi. En lisant, je me doutais qu'un drame allait arriver, tout ne pouvait pas être tout beau tout rose, un des personnages abusait trop. Je savais qu'il allait arriver quelque chose, et je me suis tout de même laissée avoir et surprendre lorsque le pire est arrivé. Il y a un avant et un après ce drame, tous deux très intéressants.
J'ai beaucoup aimé le style de Tara Conklin, très fluide, elle sait apporter beaucoup de densité aux personnages et à leur histoire. J'ai trouvé quelques longueurs sur la fin du livre, mais elles ne m'ont pas du tout empêchée d’apprécier ma lecture, je me laissais porter par l'histoire, je n’étais pas dans une attente particulière, et j’ai donc pu apprécier ce que l’auteure faisait. J’ai beaucoup aimé le dernier chapitre où Fiona nous parle de l’amour avec un grand A et explique qu'elle a surtout voulu parler de lui dans ce qu’il y avait de plus beau entre des personnes, et non pas parler seulement des échecs de l’amour. Par contre, je suis restée un peu sur ma faim, par rapport au présent et à cette rencontre faite par Fiona en 2079, je ne sais pas si cette personne est celle qu'elle doit être, et ça m'a un peu perturbée de ne pas avoir la réponse et de rester dans le flou. Pareil, j'ai trouvé le final un peu trop vite amené, autant dans tout le reste du livre, tout est bien détaillé, autant là, j'ai trouvé que le informations étaient un peu trop vite révélées. Ou alors c’est parce que je n'avais pas envie de quitter les personnages…mais bien sûr, cela ne gâche pas du tout mon premier sentiment de très bon moment de lecture. Cette histoire est en plus un beau message d’espoir de jours meilleurs, de positivité malgré les embûches, de résilience, d'amour de la vie tout simplement.
Je suis vraiment très contente d'avoir pu découvrir une nouvelle auteure grâce à ce livre. Je vais continuer à la suivre de près. J’espère que d'autres romans d'elle seront publiés aux éditions de l’Archipel. Je suis allée lire le résumé de son premier roman « Les portraits de Joséphine » et il me tente énormément, il est question une nouvelle fois d’héritage et se secret familial, je pense que je me le procurerai à l'occasion.
En tout cas, si vous aimez les histoires réalistes sur une famille à travers le temps et les années qui passent, ce roman est fait pour vous je vous le conseille vivement. Je n’oublierai pas de sitôt Fiona et sa famille.
Fiona Skinner a cent deux ans, elle est poète. Nous sommes en 2079, elle vient de présenter son œuvre à un public attentif et intéressé lorsqu’une jeune femme se lève.
C’est la dernière fois que Fiona s’exprime devant ses lecteurs, et elle redoutait que l’un d’eux lui pose cette question. Elle n’y a jamais répondu et pensait ne jamais le faire. Mais quelque chose, chez cette jolie fille d’une vingtaine d’années à peine, la décide à revenir en arrière. Le moment est venu de dévoiler qui est Luna, citée au dernier vers de son « Poème d’amour », et de revenir sur la Grande Parenthèse.
Printemps 1981. Je vois le jour tandis qu’Ellis Avery Skinner décède, à trente-quatre ans. Il laisse derrière lui une femme et quatre enfants. Le cœur du docteur Skinner a lâché sans prévenir en pleine consultation à son cabinet dentaire. Noni Skinner – tous l’appellent ainsi, même ses enfants – donne le change quelque temps, mais Reine, Caroline, Joe et Fiona sont encore très jeunes, et passé la période d’empathie générale, de l’indulgence et des mains tendues, Noni, sans emploi ni qualifications pour en obtenir un pour subvenir aux besoins de la famille, sombre dans la dépression.
Exilés à dix kilomètres de leur quartier dans une maison petite et sans confort superflu, les enfants Skinner sont livrés à eux-mêmes et se nourrissent des invendus offerts par l’épicier. Ils s’élèvent désormais seuls, auréolés d’amour fraternel et de soif de découverte. Joe, qui est à présent l’homme de la maison, est un excellent joueur de base-ball – la perspective de passer pro du gant de cuir lui donne des ailes. Mais le temps passe vite. Les études, les rencontres… Reine choisit la fac de médecine, Caroline épouse son amour d’enfance et Fiona, la cadette, se retrouve un jour seule avec sa mère. Sa passion pour l’écriture devient son fil d’Ariane tandis que Joe dérive, succombant aux sirènes de l’alcool, de la drogue, du sexe facile, mettant un terme à sa carrière…
Ce sont finalement des vies ordinaires que décrit Tara Conklin. Des enchevêtrements de situations comme on en connaît tous, des occasions saisies, des rendez-vous manqués, des rêves ébréchés. Et elle le fait avec tant de lyrisme ! L’amour fraternel, au centre de ce roman, donne lieu à une exposition de sentiments sans pudeur, misant sur l’intensité. La maladresse des personnages est touchante, leur complexité intéressante, la gradation des événements que tous ont à surmonter, en se serrant les coudes, m’ont emportée rapidement dans ces existences, cette existence partagée, avec une tendresse mêlée d’appréhension. Parce qu’évidemment, on sent venir le mal, sans toutefois savoir sous quelle forme il se présentera, mais on l’oublie pour se laisser simplement porter par le quotidien de la fratrie. La construction du roman, cette ultime conférence que donne Fiona, fait avancer le récit grâce aux questions des participants qui la plongent dans ses souvenirs et permet d’apprécier son recul sur ces vies mouvementées. Malgré quelques longueurs, j’ai passé un très bon moment avec la famille Skinner, j’ai profité du privilège de côtoyer les personnages dans leur intimité et de celui de recueillir ces inquiétudes que l’on hurle parfois, à défaut de savoir les taire.
Au-delà de l’insouciance de l’enfance, Les Derniers Romantiques pose avec intelligence, dès ses premiers chapitres, la question du choix, de la légitimité de chacun à décider et des répercutions que peut avoir l’implication de l’un pour les autres ; des thèmes certes maintes fois abordés dans la littérature, auxquels l’auteur a su apporter une force émouvante, distillée par des personnalités attachantes. Pour la justesse du ton, pour son sens de la narration et son habileté à exploiter les plus petits détails, je relirai Tara Conklin avec plaisir.
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