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Un immense coup de cœur !
Une histoire qui m’a profondément touchée.
Qui va me marquer sans doute pendant longtemps.
Et qui est malheureusement encore trop réelle.
L’art, peu importe la forme qu’il prend, a un réel impact sur la vie.
Un moyen de résister, de faire passer des messages.
Il peut être une parenthèse pour certains, un échappatoire de l’enfer qu’est la guerre.
L’élégance et la beauté des ballets entre en opposition face à l’horreur de la guerre.
Un roman d’une grande puissance dont on ne peut pas sortir indemne.
La culture de l’Ukraine est mise en avant.
On ressent toute l’intensité des émotions transmises par cette troupe de danse.
Retranscrit à merveille par la plume de l’autrice.
En écrivant ce retour, cela fait quelques jours que j’ai terminé ce livre.
Pourtant l’émotion est encore là, je suis encore très émue en pensant à Svitlana, Dmytro, Marta, Yaroslav, Vadim, Hanna et tant d’autres.
Leur vie a changé du jour au lendemain.
Un livre qu’il faut absolument lire.
Un livre militant et humaniste.
Un hymne à l’amour et à l’art, même dans les conditions les plus terribles.
La démonstration que la résistance peut s’exprimer de toutes les façons, chacun à son niveau.
L’histoire :
Dmitro et Svitlana forment un couple à la ville et sur scène. Ils sont danseurs étoiles à l’Opéra de Kiev et partagent la même passion pour leur art.
Leur quotidien s’effondre brutalement lors des premiers bombardements russes de février 2022 sur la ville de Kiev.
Impossible de rester passif : Dmitro s’engage dans l’armée, Svitlana continue de danser : bouffée d’oxygène et d’apaisement et seul moyen de résistance. D’abord dans les hôpitaux puis à l’Opéra, entre deux alertes.
Derrière le récit, les faits historiques sont parfaitement et simplement relatés. Sans voyeurisme, sans pathos, mais sans occulter l’horreur de la guerre.
Via ses personnages, Stéphanie Perez pose les bonnes questions :
- L’art est-il indépendant de la politique et du régime ? Peut-on encore jouer la musique de certains auteurs marqués de l’empreinte russe ? Tchaïkovski, musicien préféré de Poutine, est écarté des ballets comme Wagner l’avait été durant le nazisme.
« L’art et la culture peuvent-ils vraiment rester au-dessus des clivages politiques ? (…) Les russes ont toujours cherché à nous dévorer, dans la danse, dans la littérature, dans tous les arts. »
- Quelle est la place de l’art dans un conflit ? Peut-on continuer à danser quand les bombes pleuvent ?
« Danser entre les morts a-t-il encore un sens aujourd’hui ?
- La position particulière des russophones de l’est.
« Dans sa famille originaire du Donbass minier et industriel, on a toujours penché côté russe, un lien difficile à déterminer. Ses parents cultivaient la nostalgie de la Grande Russie, elle a grandi dans ce regret de la toute-puissance. L’indépendance de l’Ukraine en 1991 ne leur a apporté que misère et déclassement. Les usines ont fermé, son père contremaître a perdu son emploi, sa mère a travaillé pour deux, à la poste. En plus, ils n’avaient plus le droit de parler russe dans les administrations, il fallait laisser la place à l’ukrainien. C’était la dernière lubie du pouvoir central de Kiev. Elle avait vu l’humiliation dans les yeux fatigués de sa mère et le dos brisé de son père. Et puis, ils voyaient bien, quand elle était enfant, le peu de fois de fois où ils allaient à l’Ouest, la façon dont on les stigmatisait, dont on les méprisait. Ils étaient devenus les larbins des ukrainiens. »
Ce roman m’a passionnée pour deux raisons :
- J’ai apprécié cette proximité du lecteur avec le quotidien des Ukrainiens. Pas un reportage à la TV, pas une explication savante sur le conflit, mais la vie tout simplement, et par conséquent, une véritable compréhension par le cœur et les tripes de ce qu’endurent les Ukrainiens.
- J’ai aimé aussi ce message de résilience : l’art, une parenthèse enchantée dans les pires circonstances. Apporter l’apaisement aux autres et à soi-même et en même temps retrouver un semblant de la vie passée.
Une vraie réussite : un scénario maîtrisé et tendu, un environnement historique bien documenté, une analyse des situations fondée sur l’expérience du terrain, un objet de réflexion sur les conflits.
Merci aux éditions Belfond et à Editis pour ce magnifique roman.
https://commelaplume.blogspot.com/
« Leurs pointes sont devenues des armes, leurs tenues de scène des uniformes. Ils sont une autre armée qui se lève, une armée de l’ombre dans la lumière des projecteurs du monde entier ».
Ces artistes soldats, ce sont Svitlana et Dmytro, un couple de danseurs étoiles de l’Opéra de Kiev. En sortant de scène sous les applaudissements le 23 février 2022, ils ne savent pas que c’est la dernière fois qu’ils danseront ensemble. Le lendemain leur pays, sera plongé dans la guerre, dans l’effroi, et comme leurs compatriotes ils devront faire des choix. Pour eux et certains membres de leur troupe, ce sera la résistance et le combat, coute que coute. Une résistance qui passera par leur art, même brisés, même mutilés. Pour d’autres ce sera l’exil. Ou pire encore la trahison. Plongée au plus près de ce conflit aux portes de l’Europe à travers ces destins à la fois ordinaires et héroïques.
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Après m’avoir terriblement émue avec son « Gardien de Téhéran », Stéphanie Perez nous revient avec un superbe portrait de femme. Grand reporter, elle connait bien l’Ukraine et on sent qu’elle a nourri ses personnages des rencontres qu’elle a faites sur ce terrain de guerre. On ressent au plus près la peur, le désarroi de tous ces anonymes. L’atrocité de ces frappes qui touche indifféremment soldats et civils. L’impréparation de ces hommes prêts à sacrifier leur vie pour leur pays, leur épuisement, leur colère. Et puis on mesure avec effroi les traumatismes nés de ces frappes aveugles qui déciment des familles, qui mutilent autant les âmes que les corps, qui laissent des orphelins traumatisés, ou des épouses désabusées. En posant la question de la résistance, elle nous questionne aussi et nous pousse à nous demander ce qu’en pareille circonstance nous aurions fait. Car finalement l’exil n’est pas forcément plus facile. Enfin, elle aborde avec finesse la question de l’art. Comment le faire vivre en temps de guerre et comment peut-il parfois sauver ? J’ai été émue par Svitlanaet j’avoue avoir essuyé mes yeux sur les dernières pages. On pourra reprocher au texte son style plus journalistique que littéraire, mais il faut le lire comme un témoignage fort, et comme un rappel alarmant. Aujourd’hui encore le peuple ukrainien est frappé dans sa chair. Aujourd’hui encore rien n’est terminé, alors si ce livre peut nous faire tourner nos regards et nos cœurs vers eux, lisons-le et apportons tout notre soutien à ces valeureux résistants.
Dès l’avertissement, le lecteur/la lectrice sait que « Le gardien de Téhéran » est un roman inspiré d’une histoire vraie, biographie romancée d’un musée et de son gardien, dirais-je.
C‘est un livre précieux pour qui se demande comment tout a commencé car il évoque l’histoire proche de l‘Iran et décrit avec le même soin l’ampleur du mouvement révolutionnaire ainsi que l’inéluctabilité des évènements qui ont marqué ce pays au cœur de l’actualité depuis près de 50 ans.
Sans nier le fossé (ou plutôt le cratère…) entre quelques très très riches et l’immense majorité des très très pauvres, « Le gardien de Téhéran » revient aux prémices d’une révolution menée contre le Shah et son choix d’occidentalisation à marche forcée pour vaincre la pauvreté et l’obscurantisme.
L’auteure décrit aussi l’exaspération des Iraniens qui se réfugient dans la religion et obligent leurs femmes à porter le voile, sans masquer l’ambiguïté de ces Iraniennes qui se voilaient en réaction à la modernité imposée par le monarque tout-puissant.
Elle fait également bien comprendre l’horreur que provoquent chez les mollahs les toiles de Monet, Dali, Chagall, Degas, Picasso, Warhol, Lichtenstein, Pollock, Gauguin, Bacon, Van Gogh et autres Rothko, qu’ils rangent dans la catégorie d’art dégénéré.
Outre ces qualités historiques, « le gardien de Téhéran » est bien écrit, plaisant et facile à lire ; sans compter que, et ce n’est pas son moindre intérêt, Stéphanie Perez montre avec brio et sans que cela ne soit jamais pesant, l’art agissant comme un vecteur d’émancipation sur une personne (le fameux gardien du titre) initialement à mille lieux des préoccupations artistiques. De là à en faire une vérité universelle, il n’y a qu’un pas !
Merci à l’équipe des 68 1ères fois pour cette aventure de livres voyageurs et ses chouettes découvertes (celle-ci par exemple).
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