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J'avais déjà lu, avec plaisir et intérêt des romans japonais dont le lieu de l'action était un magasin : librairie, restaurant, bazar, bibliothèque …. lieux de rencontre et d'échanges .
J'ai donc ouvert LA FILLE DE LA SUPERETTE avec un a-priori positif, pensant passer un bon moment de lecture .
Hélas , j'aurais aimé m'intéresser davantage à Keiko, cette employée exemplaire, appliquée se rendre irréprochable, à se fondre dans la banalité, à se conformer aux normes et pauvre victime d'un profiteur, mais somme toute héroïne insignifiante et fade .
L'auteur lui a confié le soin d'être le narrateur de ses efforts constants pour se hisser à ce que l'on attend d'elle, mais la rédaction à la première personne de la chronique de son quotidien reste (et c'est bien normal ) à la hauteur du personnage, banale et bien terne .
Par chance pour moi, le roman était court .
C’est l’histoire d’une jeune fille un peu spéciale, qui dit ce qu’elle pense sans filtre au risque de choquer son entourage. Elle le fait sans aucune volonté de nuire ni même de blesser, juste parce qu’elle trouve cela logique.
Et puis cette jeune fille grandit et finit par se taire, comprenant que tout ne se dit pas. Elle se tait, elle s’efface, sans que cela ne lui pose le moindre problème.
Keiko fait des études supérieures mais finira par travailler dans un konbini, ces petites supérettes ouvertes sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre où le turn over est important. Elle est consciencieuse, impliquée, et pour se faire, elle en vient à singer ses collègues, histoire de ne pas risquer le faux pas : rester dans les clous, la norme.
C’est son repère, sa boussole dans une vie où les interactions sociales sont peu nombreuses et toujours soumises à la pression du regard des autres qui souhaiteraient qu’elle fonde une famille au lieu de gâcher sa vie dans cette supérette avec ce job sans perspective d’évolution.
Chronique sociale et humaine dans un Japon contemporain qui a du mal avec la différence. Mais comme souvent dans la littérature japonaise, l’autrice a choisi d’aborder ces thèmes avec une infinie douceur, sans pour autant taire la dureté de certains comportements.
Keiko tente comme elle peut de continuer à mener sa vie comme elle l’entend, en dépit de la pression que chacun lui met, à contre-courant des normes établies (se marier, fonder une famille …). Ça pourrait être triste de voir cette femme s’effacer mais sous la plume de Sayaka Murata ça devient touchant et d’une grande sensibilité.
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du titre La fille de la supérette signé Sayaka Murata. Après en avoir beaucoup entendu parler sur le Booktube anglophone et francophone, j'étais extrêmement curieuse de découvrir ce roman qui semblait résolument sortir des sentiers battus et qui m'a en effet fait passer un moment de lecture aussi déroutant que riche en réflexions.
D'emblée, j'ai été attirée tel le moustique par la lumière (très jolie comparaison, vous me le concéderez) par cette histoire en partie autobiographique d'une femme célibataire, ne projetant pas d'avoir un mari ni des enfants ni même aventures d'un soir, qui se contente parfaitement de son job au sein d'une supérette sans que ses proches ne comprennent pourquoi. J'aimais beaucoup le fait que, pour une fois, on ne nous narre pas un chemin tout tracé tout ce qu'il a de plus ordinaire. Keiko, notre personnage principal, n'est effectivement pas comme tout le monde et a un fonctionnement neurologique bien différent de la normale, ça saute aux yeux dès le début du récit qui se veut extrêmement direct, sans détour, mais qui invite aussi le lecteur à se poser ses propres questions. Est-ce à Keiko de s'adapter ou à la société de faire des efforts pour l'accepter comme elle est ? Au fond, il n'y a pas de réelle réponse, d'avis bien tranché, et c'est ce qui m'a le plus déstabilisée avec cette intrigue. Me considérant moi-même comme inadaptée à ma façon, je m'attendais à y trouver un portrait de moi-même et des solutions pour rentrer dans le moule tout en restant moi-même. On est d'accord, c'est de la pure contradiction mais avouez qu'être aimé des autres tout en étant en accord avec soi, c'est l'idéal absolu que l'on cherche tous, consciemment ou non, à atteindre en tant qu'être humain. L'autrice ne nous apporte pas la clé du mystère sur un plateau d'argent mais ses choix scénaristiques sont suffisamment clairs pour que l'on puisse deviner son opinion sur la question et en tirer nos propres conclusions.
Une chose est sûre, j'ai été secouée par la lecture de ce roman certes court mais intense et vrai à bien des égards. Keiko peut sembler être de prime abord une protagoniste froide, détachée, insensible et elle et moi divergeons à plus d'un titre mais j'ai malgré tout su me retrouver en elle et surtout dans sa quête d'appartenance, de ce sentiment qu'on a enfin trouver notre place en ce bas monde et que désormais, tout est limpide et paisible. Quoiqu'il en soit, cela m'a fait grandement du bien de lire ce livre qui dénonce la sale manie que l'on a de toujours se construire et se voir par rapport aux autres et qui nous donne mille et une définitions silencieuses de la notion de réussir sa vie. Je ne regrette assurément pas de lui avoir laissé sa chance et je ne peux que vous inciter à faire de même !
Malgré ses trente-six ans et ses études supérieures, Keiko travaille à temps partiels dans un konbini, un de ces petits supermarchés de quartier ouverts 24h/24. Ses parents et ses amis s'étonnent de la voir toujours célibataire et sans emploi fixe et la pressent sans cesse de remédier à cette situation qu'ils jugent anormale. Pourtant, Keiko est heureuse chez SmileMart. Accueillir les clients, veiller au bon réapprovisionnement des rayons, passer les commandes, encaisser les achats sont autant d'actes routiniers qui la rassurent et lui donnent l'impression d'être utile à la société. Pour faire taire son entourage, elle s'est inventé des problèmes de santé ne lui permettant pas de travailler à temps plein mais reste le problème du célibat. L'arrivée d'un nouvel employé au magasin lui ouvre une nouvelle perspective. Shiraha ne rentre pas non plus dans le moule, il voudrait vivre de l'air du temps, ne pas travailler, se faire entretenir. Keiko lui propose de s'installer chez elle et de se faire passer pour son petit ami contre le gîte et le couvert. Quand elle annonce la nouvelle à son entourage, ils sont tous heureux de la voir enfin en couple, enfin ''normale''.
Un petit livre qui en dit long sur la rigidité de la société japonaise où les individus qui ne se conforment pas au modèle en vigueur sont ostracisés, rejetés, mal vus. Une femme doit occuper un emploi stable jusqu'à ce qu'elle trouve chaussure à son pied, se marie et quitte son travail pour s'occuper de son mari et de ses éventuels enfants. Un homme doit travailler dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Sortir de ce schéma, c'est s'exposer à la curiosité et à la critique.
Mais Keiko est différente depuis l'enfance. Sans doute atteinte d'un trouble du comportement de type autistique, elle est pragmatique, réaliste et a su trouver des parades pour avoir l'air ''normale'' aux yeux des autres. Mais malgré ses efforts pour entrer dans le moule, ce n'est pas suffisant. Keiko occupe un emploi précaire, elle n'a jamais été amoureuse, quoi qu'elle fasse, elle se singularise. Pour elle, le konbini est un havre de paix, un endroit rassurant où elle peut mettre son masque de vendeuse et agir comme telle.
Shiraha est lui aussi différent. Sans ambition autre que celle de vivre aux crochets d'une femme riche, il est le mouton noir de sa famille qui ne veut plus l'entretenir.
Si la réunion de ces deux individus atypiques pourrait être bénéfiques pour l'un comme pour l'autre, il est toutefois aberrant de voir la famille et les amis de Keiko se réjouir de la voir en couple avec un homme qui se contente de profiter d'elle. Le saint Graal serait de trouver un mari ? Et qu'importe si celui-ci est un tire-au-flanc acariâtre ?
Roman anti-conformiste, parfois drôle, souvent cruel, La fille de la supérette questionne sur la place de l'individu dans une société qui ne fait aucun cas des aspirations personnelles, du droit à la différence, de la liberté de penser. Déprimant mais indispensable.
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