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Un livre que je n’avais pas envie de finir… C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je vous présente ce roman qui ne paraîtra que ce jeudi 9 mars en librairie. Il est composé de 4 parties. Chacune d’elle nous fait découvrir un personnage et un lieu près de l’océan Atlantique. On pourrait avoir l’impression de lire 4 histoires différentes mais des liens thématique et stylistique réunissent ces 4 parties. Le récit et la poésie s’entremêlent, l’autrice nous offre parfois des bouquets de mots sous forme de listes ou de calligrammes. Pour ma part, c’est ce qui m’a fait tomber totalement sous le charme de ce premier texte de Romane Bladou qui, selon moi, a une vraie approche d’artiste dans cette fiction. Mais j’ai beaucoup aimé aussi ses personnages. Tous sont attachants et terriblement humains. La jeune Camille a besoin de changer d’air et choisit de partir au bout du bout, à Terre Neuve. Elle passe des heures à marcher sur les chemins côtiers, seule, mais elle rencontre aussi d’autres âmes solitaires. William est un enfant de 8 ans qui vit sur l’île de Mull, en Écosse, son père travaille en mer, sa mère est souvent seule et triste. Il essaie d’égayer sa vie mais les aquarelles qu’elle peint sont malgré tout de plus en plus transparentes. Quant à Lou, chercheur en biologie marine, il a décidé de quitter Marine, l’amour de sa vie pour rejoindre l’Islande et essayer d’y faire le deuil bien douloureux de son frère, disparu en mer. Enfin, on découvre Célia, petite sœur de Marine, adolescente en questionnement, fine observatrice des paysages bretons.Quelques traits d’union entre les histoires : la solitude et l’océan, omniprésent sans l’être, comme c’est le cas d’ailleurs quand on vit près de lui. On ne le voit pas toujours « Elle ne voit l’océan que dans les virages »; on assiste grâce à lui à des spectacles incroyables « le soleil perce à travers les nuages lourds d’orage et vient éclairer une minuscule partie de l’océan, comme un projecteur, comme un miracle »; pour le frère de Lou, il est devenu tombeau « c’est dans cette noirceur-là que son frère, Alex, est allé poser sa tête blanche » mais un tombeau qui permet de toucher à l’éternité « Égaré, emporté, mais jamais enterré. Quand on disparaît en mer, on est immortel ». Cet océan sur lequel on peut si facilement dériver est le reflet de l’existence des personnages qui suivent le courant de leur vie, déviant parfois d’une trajectoire toute tracée pour aller dans d’autres directions. Ces quelques extraits vous donnent une idée de la belle écriture de cette autrice/ artiste. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller découvrir ses œuvres. L’une d’elle présentée sur un abribus me semble être en connexion évidente avec le roman. La photographie, comme l’écriture semblent un moyen d’exploration du monde environnant. J’ai plus que l’impression que Romane Bladou a un bel avenir devant elle car quel que soit le moyen artistique utilisé, elle donne un éclat particulier à la réalité. Des figures d’artistes apparaissent d’ailleurs dans le roman notamment une artiste brésilienne qui pourrait bien être son double littéraire. Je cite encore deux « phrases jetées à la mer » par Marine « comme des amorces, des élans » : « Il me semble que nous faisons toujours partie du paysage, dans le champ de vision de quelqu’un d’autre. » , « Je suis la presqu’île, la presqu’elle. » Alors, qu’en dites-vous ? J’espère que je vous ai mis l’eau à la bouche ! N’hésitez pas trop longtemps, vous passerez un bon moment avec ces jolis lompes entre vos mains !
Un livre comme une invitation à se poser quelques bonnes questions.
Ce livre est assez inclassable, ni recueil de nouvelles, ni roman, mais quatre fragments de vie proposés au lecteur et qui ont comme point commun l’Atlantique Nord et le vent, le lompe, la puissance des éléments et la solitude, et bien d’autres choses encore
Camille, William, Lou et Célia sont tous à la recherche d’un sens à donner à leur vie, ont tous à prendre, seuls, des décisions sur la route à prendre et c’est avec retenue et douceur que l’auteure nous donne à voir leur cheminement intérieur.
Et c’est si intelligemment fait.
J’ai beaucoup aimé ces 4 personnages, je me suis sentie parfois si proche d’eux, leur questionnements sont à la fois très personnels et universels.
Je vous recommande chaudement cette lecture pour voyager le long des côtes de l’Atlantique Nord et pour le voyage intérieur.
Un premier roman digne d’un génie évident. « Atlantique Nord », né depuis des millénaires, l’océan spéculatif, vagues insistantes, assignées à l’écriture de ce texte sublime. Macrocosme marin, l’encre bleue miraculeuse, l’attention au mot-regard.
Les protagonistes qui déambulent ici, quête-horizon, le tremblant des jours est partance et attente. L’exutoire-embrun, le sel d’un océan qui comprend tout.
Quatre fragments reliés par Romane Bladou. Un périple qui va œuvrer au port d’attache. « Atlantique Nord » marée-basse stupéfiante , l’annonce du renom littéraire.
Camille prend place. « Cela fait bientôt trois semaines qu’elle est arrivée, au bout du bout, à l’est de l’est comme elle aime à le penser… Dans sa tête elle fait la liste des vagues ».
Terre-Neuve, dans la péninsule de Bonavista où elle travaille dans un café. Elle croise les hasards, les rencontres fortuites, accueille le langage. Les lieux comme des géographies. Dessiner les pourtours qui font battre son cœur.
« Les rochers submergés, anonymes, ce sont ses héros préférés, ceux dont elle ignorait la présence, dont elle ignorait avoir besoin ».
Dresser des listes au cordeau, traversées des eaux, puisque tout est inscrit sur le sable, dans la croisée des chemins. L’émigration intime. « Ici, elle est celle qui marche, avant d’être celle qui pense ».
L’ère des petits riens, apprivoiser les rémanences, « il existe des bonheurs qui gênent et des desserts qui guérissent ».
L’antre Atlantique, apprendre le nom lompe. Symbole de la traversée migratoire, ce cycle d’un par cœur entre les profondeurs océanes, « un poisson à la fenêtre ».
Pas de géant, Camille cède la place à William. Un jeune enfant éveillé, intelligent, intuitif, l’île de Mull en diapason. Un village Fionnphort, à mille mille de toutes terres habitées. Mais Lily (sa mère) « leur dit que leurs maisons sont les premières qu’ils voient à l’horizon, que ces étrangers en vacances à Iona rêvent peut-être de la maison rouge et blanche. » L’autarcie vigoureuse, travailler dans ces landes fouettées par le vent, visage rougie, Lily la combattante, un mari éloigné, faillite parentale, l’absence est un bandeau noir sur l’île, la maisonnée prend l’eau. « Il fait partie du paysage, ses bottes sont des racines et personne n’a le droit de faire pleurer sa fille, pas même un héros ».
Écrire ainsi c’est atteindre les architectures de la vie-même. Images et gestuelles, les existences dentelles et salées. « Atlantique Nord » continue son périple. Il y a toujours le regard affûté de Romane Bladou. Photographe de l’instant et des spéculatives résistances. Elle sait l’heure où tout peut advenir.
Lou, halo dans la nuit noire. L’Islande exutoire. Le deuil à fleur de peau. Lou cherche son frère, chute d’Icare en pleine mer. Marine l’amoureuse, la Bretagne ligne de démarcation. Elle lui écrit des lettres. Il ne répond pas. Ce n’est pas l’heure encore.
« Il a passé l’hiver à n’être vivant que cinq heures par jour… Et elle l’attend comme une femme de marin, comme sa chanson préférée ».
Il fait des recherches sur le lompe. Fil rouge de ce livre, lui, le biologiste, il ne se souvient pas d’avoir pleuré comme un enfant. Quête exutoire, la résilience fond-marin, les lettres gorgées d’eau, le silence abyssal. Frère, « dans notre maison Atlantique, il y a une grande fenêtre qui éclaire tout le reste ».
Célia, la boucle de ce récit d’eau et d’espace, d’intériorité et d’initiation, elle la jeune fille funambule sur les eaux, le bac de français à venir, apprendre les textes et s’émouvoir de l’après. Jeune femme en advenir dans une Bretagne signifiante qui interpelle l’essence même des reflets sur l’océan. Les lompes et ses majestueux ballets, elle qui pressent sa voie à venir dans le restaurant des parents. « « Célia pense qu’elle laisse de la place au vide – c’est vaste et plein de promesses. Ces phrases jetées à la mer sont des amorces, des élans ». Réapprendre le langage liane avec sa sœur aînée, suivre les pourtours du monde sur la carte de la vie. L’Islande à portée de vue et le plus beau livre lu en cet hiver prend sens. Les poissons migrateurs, paraboles d’une humanité qui cherche et trouve sa vérité.
Un pur chef-d’œuvre !
Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
J'ai d'abord adoré cette couverture, tout en contraste, avec ces poissons bleus, sur un fond corail : c'est sur les effluves océaniques ne sont pas très loin. Et autour, le Canada, via Terre-Neuve, l'Écosse, l'Islande et la France, la Bretonne. Sur quatre vies différentes, qui côtoient, font l’expérience de l'océan, chacun à sa façon, Camille, William, Lou et Célia. Romane Bladou, par ce premier roman publié par La Peuplade, Maison d'Édition qui se partage justement entre Amérique du Nord et Europe, m'a amené ce dépaysement nécessaire et bienfaisant qu'offre la proximité de l'océan Atlantique. C'est une artiste qui exerce ses talents dans de multiples disciplines, mais avant tout par le biais de la photographie.
Les quatre histoires se succèdent, toutes reliées entre elles par un texte dont la disposition graphique est altérée dans le but de créer un effet visuel, de vagues, de creux, de rochers. Un genre d'interlude poétique, dont le visuel reflète les variations sur l'océan, qui créé un lien, une transition visuelle, d'un lieu à un autre : la concrétisation visuelle du voyage entre eux. Romane Bladou commence par Camille exilée de Montréal en Terre-Neuve, serveuse dans un restaurant dans l'attente d'elle ne sait quoi. Un but à sa vie, sons sens qui lui échappe jusqu'à présent, une amitié, un amour. À défaut de trouver l'un ou l'autre, c'est une nouvelle forme de solitude, où elle n'est plus si solitaire puisque la présence de l'océan y est immuable. Puis direction l'Écosse, l'une de ses îles, aux côtés du jeune William, qui vit presque uniquement avec sa mère alors que son père est exilé sur une plateforme pétrolière. C'est donc une famille presque monoparentale, mais qui se recompose et décompose au gré des accalmies ou intempéries. Puis, Lou en Islande venu poursuivre ses recherches sur le lompe, enferré dans l'espoir insensé de revoir son frère tombé en mer. Et enfin Celia, sur la presqu'île de Crozon, à l'aube des vacances d'été qui succéderont au baccalauréat.
Pour les quatre protagonistes, l'océan, son épaisseur, est comme cette mousse expansive et isolante des murs, qui, dans le cas présent, les isole du monde extérieur, grouillant, bruyant, infatigable et éternel : un océan qui impose son propre tempo à leur vie. Quatre existences alanguies qui ont leur temporalité propre. Partir, s’échapper, aller au bout des choses, et au bout du monde. De ceux qui ne savent plus ou aller. S'y enterrer. Une histoire de goût, iodé, poissonneux, de hareng fumé, de morue salée, de crabe, de couleurs, bleutées. De nuances. Des fuites au bout du monde dans des lieux désertés par les populations, comme si l'océan les avait englouti, avait fossilisé l'âme de cette existence passée entre les pierres et les rochers de leur îlot de solitude.
Des moments de vie à capter, sur l'instant, à travers une narration classique entrecoupée de blocs de phrases, de mots, alignés les uns au-dessous des autres, sans coordonnant, des groupes d'actions et d'impressions, peut-être pour illustrer que l’impétuosité de la vie, et rebâtir l’expérience de Camille, qui se récite son nuancier personnel de bleus, et celles de William, Lou, Celia. Ce sont quatre existences qui nagent, tentent coûte que coûte de se maintenir à flot, s'agrippent aux derniers rochers pour ne pas sombrer, celui de la langue, pour Camille, son utilisation, sa manipulation, ses jeux de déclinaison, de traduction littérale d'expressions idiomatiques. Il y a définitivement un jeu autour de la langue, de la synonymie aux homophonies, un enchaînement de jeux en même temps que la typographie est chamboulée, à la façon des Calligrammes de Guillaume Apollinaire, qui donnent une consistance visuelle à ses propos.
Il n'y a qu'une seule façon de lire ce roman, se laisser porter par le flux de la phrase, on finit par y trouver son unité, cet océan qui unit quatre histoires de fuite, de disparition, d'isolement, l'Atlantique qui sépare et qui unit à la fois, qui noie et engloutit, mais qui porte la vie, celle de ces lompes, qui s'accrochent à tout, avec leur ventouse, à l'image de nos quatre humains désorientés. Pour profiter entièrement des talents d'artiste de Romane Bladou, en complément de ce roman, il faut visiter son site internet où ses photographies sont exposées, dont une série photographique associée de dix-neuf clichés aux quatre territoires évoqués.
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