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1902.
Cameron et Greer, deux tueurs à gages en carton, beaucoup trop empathiques pour être efficaces à 100%.
Un jour Magic Child vient les chercher pour les emmener auprès de sa patronne Miss Hawkline qui a une mission, extrêmement bien payée, pour eux.
Mais alors, comment parler de ce livre complètement barré ?!
Alors que nos deux "héros" sont des tueurs dont l'un a des tocs, qu'ils baisent des putes de quatorze ans (c'est pas moi qui le dit, c'est Brautigan), qu'il y a de-ci de-là des pendus dans le décor, il y a un je ne sais quoi de facétieux dans la narration, et ça donne tout le temps envie de sourire, et parfois ça fait rire.
Des chapitres extrêmement courts, souvent une page et demie, parfois seulement quelques lignes et ça donne un rythme particulier que j'ai bien aimé, comme pour cadencer les étapes de leur voyage et de leur mission. C'est bourré d'échanges absurdes, et de faits anecdotiques, comme par exemple les cerfs qui broutent les fleurs sur les tombes du cimetière, au grand dam du Pasteur.
On avance dans cette histoire farfelue et carrément irrévérencieuse où le langage est cru, où les dialogues sont souvent complètement ébouriffants d'absurdité, et on se retrouve dans le surnaturel sans l'avoir vu venir. Brautigan s'est amusé au mélange des genres en mode loufoque. J'ai trouvé ça réussi, je n'ai jamais rien lu de tel, c'est jubilatoire.
Cette étrange histoire m'a prise par la main et m'a emmenée jusqu'à l'épilogue sans que j'aie envie de m'arrêter. Ce livre est dingue, tout simplement. Je l'ai adoré !
Quel roman délicieusement déjanté et inclassable.
C Card est un détective privé à qui on ne confie plus d'affaire. Un mystérieux client lui donne RDV pour lui confier une mission qui nécessite une arme sauf qu'il a bien l'arme mais pas les balles.
Nous voila partis dans une histoire rocambolesque.
Les chapitres sont extrêmement courts et donnent un sacré rythme au récit.
Il ne faut pas chercher à tout comprendre ; il faut se laisser porter sinon la fin peut en laisser certain sur le bord de la route.
Chaque page vaut son pesant de dialogues hilarants, de pensées loufoques et de situations extravagantes.
Un sacré auteur que ce Brautigan.
Je me demande comment j’ai fait pour passer à côté si longtemps de cet auteur, passionnant. Une acuité franche de ce qu’il observe de l’existence. Dans la catégorie la vie ne tourne pas rond, les descriptions des personnages et des livres sont truculentes. Beaucoup d’humour, un peu noir. Des piques jamais morfondantes
C’est drôle parce que trash sans le vouloir. Une écriture qui donne à voir, à ressentir les protagonistes sans superflu.
Au confins de l’absurde ?
Un portrait cathartique du monde. Son inconséquente misogynie qui ne reproduit que des creux. Les époques se succèdent, les constatations se ressemblent ou s’assemblent.
Vida est belle aux yeux sociaux. Une beauté propice au harcèlement faisant de son corps un étranger. Le narrateur est bibliothécaire d’un endroit étonnant, une bibliothèque pour les livres que personne ne veut. De là à penser aux hommes dont personne ne veut, il n'y a qu’un signe.
On parcourt cette société dépeinte à la folie, en se demandant légitimement ce qui est aberrant ; les situations que l’on vit ou le loufoque d’un imaginaire débridé. Mon cœur balance mais vu la situation actuelle et celles des femmes, notamment de l’avortement puisqu’ il en est question, il penche nettement plus d’un côté. Lutte, acquis, évolution, retour en arrière, on ne peut que se dire que ce monde dépeint n’est pas si truqué.
Rare sont les hommes capables d’autant de finesse et de clairvoyance en parlant du corps des femmes et de ce que la société leur impose. Brautigan, un grand.
Pour poursuivre sur la question de l’avortement
Un podcast :
LSD : Avortement : Le pouvoir du médecin
https://www.franceculture.fr/emissions/series/avortement-le-pouvoir-du-medecin
Une BD : Il fallait que je vous le dise d’Aude Mermilliod avec Martin Winckler
Plus spécifiquement aux Etats-Unis
Un docu : Lake of Fire de Tony Kaye 2006
Un roman : Un livre de martyrs Américains de Joyce Carol Oates
Ne vous fiez pas au titre. Un privé à Babylone n’est pas un roman policier.
C’est un livre pastiche qui reprend les codes pour mieux s’en moquer, comme si l’auteur réglait ses comptes avec la sacro-sainte mythologie du roman noir américain.
Le héros principal est un détective privé mais un privé sans bureau, sans secrétaire, sans voiture et comble du comble sans balle pour son revolver. C’est l’archétype du looser magnifique. Un raté qui passe son temps à se réfugier dans son imagination, à Babylone, où tout lui réussit. Il joue les durs, mais personne n’y croit… pas même lui. Fauché comme les blés, infantilisé par sa mère, malheureux en amour, il a laissé filer sa vie à force de se perdre à Babylone. Ce privé est un idéaliste rêveur, un handicapé du réel, un imaginatif forcené.
L’intrigue est quasi inexistante même si il y a bien une enquête. Une enquête qui n’a pas de sens, une sorte de piège burlesque sans queue ni tête. La tension et le suspens sont aussi inexistants, désamorcés par l’incrédibilité du héros.
L’auteur se livre à une lumineuse et réjouissante parodie du polar, à grands renforts de digressions farfelues, de dialogues réjouissants et de chapitres courts tous plus drôles les uns que les autres.
En s’amusant des attentes du lecteur de polar, Richard Brautigan nous offre un chef-d’œuvre de second degré, absurde, jouissif et un brin incorrect.
Traduit par Marc Chénetier
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