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Un roman qui nous propose deux trajectoires : deux destins, l'un extraordinaire, l'autre ordinaire. Et nous montre à quel point les deux sont similaires, malgré leurs schémas inversés. Un mal-être qui ronge, qui détruit, qui renvoie à la question du sens de la vie.
"Mais le jeu est éphémère, l’amusement volage. La joie a tôt fait de s’évanouir. Alors tout ça pour quoi ? Cinq à dix secondes d’un bonheur fou, immense, inexploré, au moment où on lui passe la médaille d’or olympique autour du cou."
Beaucoup d'influences : celle de Nicola de Staël par exemple, qui s'est également suicidé à l'âge de 41 ans, des existences vécues par procuration, des quêtes métaphysiques.
"Nicolas de Staël a peint toute la nuit du 15 au 16 mars 1955. Cette nuit‑là, il a détruit autant de toiles qu’il en a créées. Au matin, l’artiste préféré de Pierre s’est jeté de la terrasse de son immeuble à Antibes. Il avait quarante et un ans."
"Pierre sait tout de ce peintre frénétique, qui œuvre toujours au bord de l’abîme."
Une recherche de sensations fortes jusqu'au danger de mort : à la suite de la recherche du dépassement au saut à la perche, la moto, le vélo, la peinture pour toujours aller au bout de ses forces...
"Champion olympique ! Le titre ressuscite les mythes de l’Antiquité. Athènes, Philippidès, le porteur de bonnes nouvelles qui s’écroule en arrivant de Marathon, les courses de chars qui s’achèvent dans le sang. À l’époque, l’exploit est une question de vie ou de mort."
Le dépassement de soi, la création, la gloire, ne sont jamais loin des gouffres...
Un très bel hommage et une méditation sur ce qui finalement a vraiment de l'importance. Échec, succès, qui peut le dire au bout du compte ? C'est quoi réussir, s'accomplir, aller au bout de ses rêves ? Ou renoncer ?
Un texte puissant, terrible, beau. À ne pas manquer.
#Legrandsaut #NetGalleyFrance
Jeux Olympiques de Los Angeles, 8 août 1984. Pierre Quinon s’élance pour battre ce qui sera le record du monde de saut à la perche. De l’autre coté de l’océan, à Paris, un enfant l’observe et adule les prouesses du médaillé d’or. Cet athlète est son héros, un exutoire au quotidien sombre, celui de l’enfant qui s’effrite trop tôt pour faire face aux problématiques du monde adulte.
Le grand saut sortait de mes habitudes de lectrice et même de journaliste n’étant pas tous les jours exposée aux écrits sportifs. Mais j’étais certaine d’une chose, en cette rentrée littéraire 2021, ce livre se démarquait par son sujet. Ici, vous le comprendrez dès les premières pages, la biographie et la narration se mêlent pour donner vie à ces deux destins, celui de l’athlète et l’enfant que tout semble opposer aux premiers abords. L’avancée de la lecture entraîne pourtant de nombreuses similitudes avouées entre les lignes qui stimulent la réflexion du lecteur.
Pierre Quinon est illustré avec brio sous les traits de l’athlète brillant, mais également sous ceux de l’homme dans son intimité, taiseux, passionné, émotif, ayant un goût prononcé pour le risque. Un besoin constant de jouer avec les limites de la vie comme une perspective prédéfinie à son suicide le 17 août 2011. Mais il y a aussi cet enfant, gâté par le matérialisme ambiant du XVIème arrondissement tout en étant exposé à une parentalité toxique. A travers ses yeux, l’amour du sport prend tout son sens, sa beauté, et cette admiration indicible qui guette les passionnés dès le plus jeune âge. Mais c’est aussi une porte de sortie, une trêve dans l’existence. Cette trêve au doute, les deux hommes la recherchent.
Ces destins liés sont très appréciables tant rien ne semble d’abord les rapprocher. L’écriture sombre de Renaud Dély permet de mettre l’accent sur des émotions toujours subtiles à illustrer : la déception, l’angoisse, les questionnements incessants, et le doute. Cela touche et l’on peut en réalité comprendre, parfois, la triste destinée de l’athlète. Ce « grand saut » comme le mentionne l’auteur. Ce roman est un bel hommage à Pierre Quinon qui illustre l’homme dans toute sa complexité sans s’en tenir à l’exploit sportif et aux informations de surface. Il y a une réelle recherche derrière tout cela et il faut avouer que l’on retrouve bien l’œil du journaliste et son souci du détail.
Je ne peux pas dire que ce roman restera un inoubliable me concernant, ne me sentant jamais totalement éprise par les récits biographiques, mais il n’en est pas moins une ode à l’amour du sport, tant par le prisme de l’athlète que celui du supporter. Le fil conducteur d’une passion enivrante dont les exploits, comme celui de Pierre Quinon, ne sont jamais réellement oubliés.
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
C’est marrant comme le hasard fait les choses… Pour écrire ces petites chroniques, je reprends une ancienne chronique d’une BD chez le même éditeur et modifie ce qui doit l’être pour en faire une nouvelle chronique. Et voilà que la chronique que je reprends commence par les mots suivant : « Eh bien, pour une fois, je suis assez d’accord avec le résumé de l’éditeur » (mes trois fans : ma mère, ma sœur et un obscur lecteur basé en République Tchèque, selon les statistiques du blog, auront reconnu le début de ma chronique sur L’Algérie Française de Buscaglia et Richelle)… C’est marrant, disais-je, parce que là, c’est le contraire. Tout ça pour vous dire que, non seulement je ne suis pas spécialement d’accord avec l’affirmation de l’éditeur: «Une BD-enquête inédite aussi drôle qu’ahurissante », mais, en outre, je n’ai pas trouvé cette BD particulièrement drôle.
D’abord, il y a le dessin. Soulcié est peut-être un très bon dessinateur de presse mais pour la BD je n’en suis pas si certain. Devoir fournir très régulièrement des dessins pour des publications quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles est une chose, et cela justifie tout à fait un trait approximatif et, apparemment, peu travaillé, mais dessiner toute une BD dans cette même veine stylistique fait courir le risque de rebuter le lecteur d’habitude plus tolérant. C’est clairement le cas pour moi.
Par ailleurs, son traitement des personnages, et de Macron en particulier, me paraît trop caricatural sur la longueur d’une BD là où il est parfait pour un dessin de presse. Par exemple, le fait de caricaturer le président en enfant, voire en bébé aux basques de Brigitte, me gêne un peu car, au final, un enfant, un bébé, ça renvoie l’image d’un être fragile et a priori inoffensif. Or, ça serait vraiment drôle si ce n’était pas aussi éloigné de la réalité. Emmanuel Macron, pour ce que j’en perçois à titre individuel, est TOUT sauf inoffensif.
Bref, je n’ai pas vraiment aimé le dessin…
Pour le scénario, c’est un peu dans la même veine. J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici, mais autant j’apprécie les interventions de Renaud Dély en tant qu’éditorialiste/journaliste politique à la radio, autant je trouve que lorsqu’il fait des BDs il ne prend pas assez en compte le besoin de données complémentaires pour permettre à son lectorat de mieux contextualiser ce qu’il nous dit. Autrement dit, moi qui me considère comme une personne plutôt politisée et bien informée sur ce sujet, j’ai parfois du mal à me remémorer le contexte de ce qui est décrit dans ses livres. Résultat, j’imagine que ça ne doit pas être évident pour un lecteur lambda qui ne s’intéresse pas plus que cela à la politique mais qui a acheté cette BD apparemment destinée au grand public avec sa couverture dénigrant notre président récemment devenu impopulaire.
Bref, je n’ai pas accroché. Tant pis.
Une BD mordante, volumineuse, bien sûr un peu dépassée par les événements (il manque la troisième femme), mais c'est le propre de toute publication. Les personnages sont savamment croqués : Royal en suiveuse ridicule de Mitterrand, Hollande dans un costume à la Chirac, paupières tombantes et aussi ridicule que ce dernier... Entre sourires béats et déplacement en province, régimes et menaces, on se dit qu'on est très proche de la vérité
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