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Pierre Vergely

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Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Le monde qui reste » de Pierre Vergely aux éditions Heloise D'ormesson

    STEPHANE BRET sur Le monde qui reste de Pierre Vergely

    C’est un récit étonnant que nous livre Pierre Vergely : il restitue les épreuves subies par son père Charles Vergely. Celui-ci, âgé de dix-sept ans, s’engage dans la Résistance en 1940. Il est dénoncé après avoir effectué une mission en Normandie et arrêté par la police militaire allemande le 10...
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    C’est un récit étonnant que nous livre Pierre Vergely : il restitue les épreuves subies par son père Charles Vergely. Celui-ci, âgé de dix-sept ans, s’engage dans la Résistance en 1940. Il est dénoncé après avoir effectué une mission en Normandie et arrêté par la police militaire allemande le 10 mars 1941. Ce pourrait être un livre, un de plus, écrit par un ancien résistant sur son action, ses décisions, ses convictions. C’est le fils, Pierre Vergely qui écrit au lieu et place du père, pour lui rendre hommage, bien sûr, mais aussi pour expliciter les raisons de son engagement, et décrire les états moraux successifs par lesquels peut passer un détenu entre les mains des nazis et de la Gestapo. Tout commence à la prison du Cherche-Midi, dont les conditions de détention sont décrites par Pierre Vergely : « La prison est une déclaration de guerre aux règles élémentaires qui, au monde, donnent un cadre. Entre quatre murs, ce cadre est réduit à un point de compression dans lequel l’espace et le temps s’annulent. » C’est l’univers carcéral lui-même qui est remis en cause : « Et sans se salir les mains, l’exécutif peut y exécuter. Sans compassion et sans cœur, l’ordre judiciaire est en place. »
    La captivité est l’occasion pour le détenu de revisiter les causes de l’effondrement de 1940, de radiographier cette « étrange défaite » comme l’a si bien fait l’historien Marc Bloch. Il se remémore son enfance, les moments passés ave ses parents, ses frères et sœurs ; l’horreur est omniprésente dans le récit. Elle se manifeste le matin, très tôt aux aurores lorsque les geôliers viennent chercher les condamnés pour les mener au peloton d’exécution. Charles Vergely, par le récit de son fils, nous expose une fort pertinente critique de la notion de loi, de sa mise en application dans une société démocratique : après avoir énuméré les buts ordinaires de la loi, Pierre Vergely se fait l’écho d’une critique de fond à propos de la portée des lois : « Mais jamais, dans ce projet, la dimension intérieure de l’homme n’est prise en considération. Il n’est question que des affaires de la société auxquelles la loi tente de répondre par des dispositifs pratiques et des appareils d’organisation sociale. »

    Comment résiste-on à la torture, aux mauvais traitements des gardiens, aux brimades incessantes ? Par la fidélité aux habitudes, disait Charles Vergely à son fils Pierre : « Un homme qui sait se tenir ne perd jamais ses habitudes. »

    Le récit n’apporte rien de nouveau sur la nature du nazisme, sur son mépris des êtres humains, sur son inhumanité fondamentale. Mais il contribue précieusement à éclaire le rôle du courage et de la détermination morale face à la peur et à une cruelle adversité.

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