Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Ses mots affectueux et tendres, Philippe Manevy les posent sur sa famille dans La Colline qui travaille, pour décrire les espoirs mais aussi toutes les désillusions d'un monde que les anciens ont espéré nouveau.
« J'écris pour que les êtres et les liens qui les unissent cessent de se distendre et de disparaître. »
Ces ascendants, dont il consacre à chacun des parties différentes, témoignent de ce monde des petits où leur vie ne changera pas leur monde et pourtant sans eux, ce dernier n'existerait pas !
Pas de destin historique ou de basculement de l'histoire, la leur ou la grande, des vies minuscules qui témoignent de ce passé dont tous, nous sommes faits !
Quatre ascendants avec en personnage principal la colline de la Croix Rousse de Lyon, devenue flamboyante face à celle pieuse de Fourvrière. Ainsi la qualifie Alice dans sa jeunesse en » garde alternée » entre son monde ouvrier et la bourgeoisie qu'elle visite chaque dimanche. Tony, son père, a perdu sa fougue de jeune homme dans la boue des tranchées alors que l'asthme, hérité du gaz moutarde, finit de le gangrener son pessimisme devenu raciste face aux épreuves.
Pourtant,
Au côté d'Alice, il y aura Charlotte, la Rouge, qui arrachera au père Rebatet, le patron de l'atelier de tissage, quelques-uns des avantages qu'à Paris on attribuera au Front Populaire. Il y aura Simone, aussi, qui préféra faire des ménages pour n'avoir de compte à rendre à personne.
Au moment où le constat est posé d'avoir mis 6000 km entre sa mère et lui et qu'il semble inévitable qu'il devienne son protecteur lorsque sa vieillesse s'installe, Philippe Manevy se permet un retour décrivant les aspirations d'un siècle qui a porté tous les espoirs mais n'a reproduit, souvent, que de l'illusion.
En même temps qu'il examine leurs vies, il établit les liens indéfectibles qui existent et dont nous n'avons pas forcément conscience : une colère qui soudain éclate, un schisme entre religion et athéisme, etc.
La Colline qui travaille examine aussi avec beaucoup d'acuité la classe moyenne avec sa mère, Martine, femme des années d'après guerre qui s'est élevée dans l'échelle sociale. Et la comparaison avec Annie Ernaux fait partie, pour moi, des pages les plus savoureuses de ce récit, critique social acerbe de ce début des Trentes glorieuses.
Philippe Manevy livre avec La Colline qui travaille un récit affûté d'une critique sociale du vingtième siècle à partir de la figure de ses ascendants et de cette France ouvrière devenue classe moyenne sans que vraiment rien ne change pourtant. Pas de secrets mais une vie simple racontée avec distance, celle des km qui aident à la réflexion, mais aussi avec la proximité de la tendresse et de la pudeur, qui ne quitte jamais aucun des portraits proposés.
Un très grand coup de cœur.
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2025/01/20/philippe-manevy-la-colline-qui-travaille/
Une fresque familial sur plusieurs générations à chaque chapitre un membre de la famille est mis en lumière avec chaque époque et épreuve, un récit d'autofiction passionnant sur fond de mémoire, d'hommage, le portrait vivant d'une famille de personne dit "ordinaire", la plume est fluide, pudique, tendre, une belle exploration des souvenirs familial, on voyage à travers le temps et les vies.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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