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Un peu déçue, même si l'écriture est toujours aussi belle et fluide. On retrouve dans ce court texte tout ce qui fait vibrer l'auteur depuis des années, les Etats-Unis, le cinéma, la musique et Paris. C'est un brin nostalgique, c'est doux-amer, cela me parle, parfois, mais je l'ai lu sans grand enthousiasme, bercée par les mots mais pas forcément étonnée ou éblouie comme j'ai pu l'être par le passé quand je lisais Philippe Labro.
1961, Paris - 2001, New-York.
A Paris, Elizabeth quitte Lucas après presque deux années de vie commune, ils ont 20 ans; Lucas est toujours amoureux. Il part pour les États-Unis peu de temps après pour oublier.
A New-York, 40 ans plus tard, ils se rencontrent par hasard et vont s'attabler plusieurs fois dans le bar d'un hôtel de la 5ème Avenue où ils égrènent leur vie. Puis Elizabeth disparaît à nouveau.
L'histoire s'arrêtera-t-elle là?
Ce roman est celui de la nostalgie d'un temps révolu, avec l'évocation, entre autres des autobus à plateforme des années 60, celui de la mélancolie d'un amour perdu, du temps qui passe. C'est aussi l'envie d'ailleurs, et en particulier des États-Unis; on y retrouve l'admiration et l'amour que Philippe Labro porte à ce pays qu'il connaît bien, où il a vécu et sur lequel il a beaucoup écrit. le cinéma est également très présent ce qui n'a rien d'étonnant quand on connaît la passion de l'auteur pour le 7ème art.
Mais ce roman n'a rien d'original, le sujet a été maintes fois traité et je n'ai pas trouvé de patte particulière, de touche singulière qui aurait pu titiller mon attention. L'arrière-plan est constitué d'une énumération d'évènements qui se sont déroulés entre 1961 et 2001; comment aurait-il pu en être autrement, comment couvrir une période de 40 ans dans un roman aussi court, en moins de 100 pages?
J'aurai au moins appris ce qu'est un gimlet qui a donné son titre au roman et son origine.
19.03.2022 30eme
Au hasard des livres trouvés dans notre location, j’ai été intriguée par ce récit de Philippe Labro souhaitant prendre « le lecteur par l’épaule pour lui raconter une histoire et cette fois c’est une histoire vraie »
Résumé :
" C'est arrivé subrepticement, sournoisement, sans prévenir, une vraie saloperie, une lente et insidieuse pénétration. Je suis l'esclave d'une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans aucune résistance. " "Quelque chose a changé". Ce "quelque chose" n'est autre que le début de la plongée dans une dépression nerveuse dont le célèbre romancier a été victime. Dans un récit vécu, sans fard ni concession, l'auteur de La traversée raconte ce que signifie perdre le désir, l'énergie, la passion, l'estime de soi. Avec un style intime, conduit par le souci authentique de restituer "cette tristesse sans larmes", et "dire comment c'était", selon la formule de ses maîtres en écriture, Hemingway et Hugo, Philippe Labro évoque les effets de "la broyeuse" qui vous ronge le ventre. Mais ce témoignage unique, porté par le souffle de l'écriture, constitue aussi une éclatante affirmation de la force de la vie et de l'amour
Comme Philippe Labro l’indique lui même ce livre est destiné aussi bien à ceux qui ne savent pas ce qu’est la déprime tout autant que ceux qui en souffrent ou en ont souffert.
Les premiers pour leur donner une idée de ce que rencontre le malade, car il faut reconnaître cela comme tel, une maladie, qu’il ne suffit pas de dire « allez secoue toi ! Ça va aller ! Ne reste pas enfermé dans le noir ! Sors !» etc. Comprendre qu’un homme, brillant journaliste, analyste des situations tellement complexes de notre société, excellent réalisateur avec plusieurs succès à son palmarès et de nombreux acteurs et actrices reconnaissants, auteur de nombreux livres, peut se retrouver un jour complètement paralysé, incapable de faire le moindre effort, ne serait de se lever !!
Beaucoup autour de lui le condamnent rapidement, les sois disants amis le poignardent dans le dos, alors promis à un futur haut poste de direction, certains lorgnent sa déchéance pour mieux prendre sa place…
Il avoue avoir reçu de très nombreux témoignages après la parution de ce récit car l’écrit est sincère et lucide. De nombreux inconnus se sont retrouvés dans ce parcours, certaines relations professionnelles ont ensuite eu aussi l’occasion de le saluer et glisser un « j’ai connu ça moi aussi »…
La chute s’est faite progressivement mais la remontée en a été encore plus longue. Il a la chance d’avoir pu compter sur son épouse Francoise, sur une poignée d’amis très proches, mais c’était aussi difficile pour eux. Avec le recul il raconte sans fard le déni tout d’abord avec la conscience de perte de goût pour beaucoup de choses.
« Le poids la faim la mémoire les muscles le sexe le souffle le sommeil tout cela était déréglé »
Il a une plume très facile à lire et va, pour avoir un regard extérieur, jusqu’à interpeller le « Philippe » qui n’arrive plus à lire une ligne des dix quotidiens qu’il dévorait au petit déjeuner, qui sombre dans la paranoïa, qui accepte cependant sur l’insistance de sa femme et parce qu’elle a pris le rendez-vous, de rencontrer un médecin qui va l’accompagner sur plusieurs mois, changer les traitements qui ne conviennent pas, l’encourager dans les moments de doute jusqu’au moment où il va retrouver une lointaine étincelle qui va l’aider à revenir à la vie.
« Un poème populaire japonais dit « Telle est la Vie, tomber sept fois Et se relever huit. » Je l'ai lu sous cette forme, c'est-à-dire celle d'un haïku, il y a de longues années, à peu près dix ans avant ma dépression. Je l'avais noté dans mon carnet et m'étais déjà interrogé à l'époque sur la beauté lapidaire, la vérité de ces trois petites lignes. »
« Le temps fait son œuvre. Le temps joue son rôle dans une guérison. Il faut être patient. Il faut savoir attendre, souffrir, et donc faire preuve de courage »
Le proverbe japonais qui sert de titre à ce récit dit toute la force qu'il faut pour se redresser, encore et toujours, après les épreuves de la vie. Celle qu'a traversée Philippe Labro se nomme « dépression » et c'est une maladie encore mal comprise et parfois difficilement acceptée. Sans fioritures et avec pudeur, Philippe Labro se lance donc dans le récit de sa chute, de sa descente aux enfers, à laquelle il entend bien donner un caractère universel. « L'important, pour moi, c'est de raconter, de décrire. Je ne serai pas le premier ni le dernier. Il y a eu toutes sortes de livres, d'essais sur ce sujet – mais rien ne remplace son propre récit, son quotidien de la chose. » Conscient que d'autres avant lui ont connu cet état et que d'autres après lui le connaîtront également, il raconte, simplement, une expérience personnelle aidé de sa plume de journaliste. « Puisque je crois que j'ai appris à raconter les choses, je vais leur dire comment c'était. » Si ce récit ne constitue pas une lecture incontournable, il n'en reste pas moins que c'est une lecture intéressante et émouvante. L'autoanalyse n'est jamais narcissique, il s'agit réellement d'un partage avec le lecteur, voire d'une main tendue qui invite à considérer que rien n'est jamais définitif et que le courage, la volonté et l'aide que les autres peuvent nous apporter sont de précieux alliés pour remonter la pente. L'incompréhension, les regards en coin et les remarques désobligeantes sont également évoqués, rien n'est tu, et surtout pas l'immense désespoir, l'infinie solitude et le sentiment d'irréalité dans lesquels se trouve celui qui est atteint de dépression.
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