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Tableaux impressionnistes et intimistes d'un quotidien heureux
Ce mot « bonheur » que Philippe Delerm confesse prononcer «aujourd'hui du bout des lèvres, en l'envolant, comme un bulle de savon d'impalpable lumière» tant il peut être fragile, donne son titre à cet ouvrage paru en 1986, 11ans avant LA PREMIERE GORGEE DE BIERE.
LE BONHEUR TABLEAUX ET BAVARDAGES porte déjà en lui tout ce qui fera le charme des ouvrages de Philippe Delerm qui suivront .
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose, Delerm y expose, avec grâce et simplicité, sur le mode mineur, une succession de tableaux heureux d'un quotidien familial ordinaire ainsi que des réflexions, qu'il désigne modestement par le terme «bavardages».
Il avoue se sentir proche de ceux qu'il qualifie de «peintres du bonheur» : Renoir, Monet, Vuillard . Comme les toiles impressionnistes, souvent intimistes, les «tableaux» qu'il nous propose dans ce recueil portent en eux quelque chose d'intemporel dans lesquels chaque lecteur pourra trouver un écho de ses propres souvenirs heureux .
La lecture de ces p'tits bonheurs qu'il a ramassés ici et là, petits instants de vie simple et tranquille, petits moments fugitifs de paradis a toujours eu sur moi un effet apaisant . J'y reviens souvent ….
https://revezlivres.wordpress.com/2023/10/01/les-instants-suspendus-philippe-delerm/
J’aime retrouver les mots de Philippe Delerm qui sont comme des petites parenthèses enchantées dans la noirceur du monde. C’est un poète, un magicien des mots et des choses du quotidien. Il est étonnant comme il arrive à faire du beau avec des banalités de la vie. Il nous invite à voir la beauté dans tout et faire de chaque moment quelques choses d’exceptionnel. On se surprend à sourire béatement devant une pomme, à regarder un oiseau voler, à se promener en regardant tout ce qui nous entoure et prendre conscience de la beauté du monde. Il nous réconcilie avec la vie.
Par des chapitres très courts, deux pages en moyenne il nous parle de sujets du quotidien , la rose trémière, le rouge gorge, Stan Smith, le verre de coca sur un plateau de fast-food, oursin, pot-au feu et autres réjouissances dont il nous régale avec sa verve et son acuité habituelle.
Toutes ces petites saynètes se suivent pour former un patchwork de petites tranches de vie qui font du bien.
A lire pour juste s’autoriser la contemplation et l’évasion nécessaire pour affronter la rentrée
Sans emploi à la suite de la fermeture de la librairie qui l’employait, François, la quarantaine, déambule dans les rues de la capitale, seul avec ses souvenirs d’enfance, des phrases prononcées par ses grands-parents, avec ses parents, unis puis séparés, un album de photos de cuir noir, avec ses rubans rouges, les odeurs de la cuisine du dimanche, le tout en noir et blanc, le gris de la photo sur laquelle Doisneau avait immortalisé un baiser de ses parents, comme ne cessait de lui répéter sa mère. Lui avait-elle souvent menti ? Pourtant, tout ce temps passé, « si ce n’était pas le bonheur, c’était sa banlieue ». Puis vint le temps d’écrire, malgré les doutes. Longtemps embarrassé de son enfance, « C’était si fort de la regarder en face ».
Réminiscences des années 50, clichés marqueurs qui s’inscrivent en mémoire ,… la sensibilité, la poésie, la douce mélancolie contenues dans ce livre m’ont procuré un moment de pur bonheur.
"Le Buveur de Temps" est un tableau de Jean-Michel Folon (cf. la couverture). A partir de l'observation de celui-ci, Philippe DELERM nous emmène dans une promenade onirique au gré du goût des aliments, des liquides, des gens, du temps qu'il fait. Ce sont des couleurs, des impressions, des réflexions courtes. Une flânerie dans un quotidien pourtant décrit comme morne, celui de M. DELCOURT. Il ne parle pas, jamais. C'est la bulle du temps échappée d'un tableau qui l'accompagne, échappé d'un verre de bière, échappé d'une boule en verre, échappée d'une bulle d'eau. Ce tableau d'où a jaillit la bulle d'eau bouleverse M. DELCOURT et lui fait voir le monde autrement. Ou comment l'art nous traverse et nous transforme.
Ou bien est-ce l'inconscient de M. DELCOURT comme sortit de lui-même qui le regarde avec douceur ? Presque une douceur de vieillesse quand le temps a longtemps été vécu et qu'on ne lui court plus après désormais. Cette solitude entre les lignes que l'on perçoit... Cela m'a fait penser au film "Sixième sens" et le personnage de Bruce Willis qui est là mais qui ne l'est pas, comme la bulle du Buveur de Temps, la bulle du souvenir qui veut désormais vivre le présent.
L'entrée en scène du Florentin continue sur une mélancolie nostalgique, sur l'impact du choix de vie des autres sur soi. Le Florentin est peut-être en fait la vie de M. DELCOURT, cet homme si seul qui joue un rôle social.
C'est aussi la description des lieux parisiens par la sensation de celui qui les connait par coeur, qui s'y meut en connaissant les codes, bien loin du touriste surpris et curieux de tout.
Il faut être en forme pour le lire, avoir du temps pour se laisser bercer et imprégner par les sensations puis les mots.
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