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Dans Le cercle des obligés, Philippe Brunel analyse les liens qui relient le showbiz et le grand banditisme autour de la figure énigmatique d’Alain Delon et de son rapport avec l’affaire Markovic.
Un journaliste, à l’ambition affûtée, reprend le synopsis de son ancien patron Pierre Salberg à quarante ans de distance. « J’allais me remettre dans ses pas, m’inscrire dans son élan, sa ligne mélodique, et fort de ce premier jet, donner forme à son projet initial et finir ce qu’il avait commencé. Il me donnerait le ton et je serai sur exécuteur. » En effet, Pierre Salberg journaliste renommé et apprécié enquêtait sur l’assassinat de Henri Diana, restaurateur à Hyère en 1998, proxénète connu, appartenant au milieu du banditisme.
Seulement le journaliste se souvient de l’assassinat de Markovic en janvier 1969, qui coûta à Alain Delon une garde à vue musclée digne d’un de ses films, tel le Jeff Costello dans Le Samouraï deux ans plus tôt.
Markovic Stefan, était secrétaire, garde du corps et, de temps en temps, doublure de la vedette. De plus, elle était hébergée par l’artiste et sa femme, Nathalie Delon, avec laquelle il a eu des relations sexuelles.
Outre les détails sordides du meurtre,
Revenir sur cette histoire aux ramifications imprévues y compris vers l’assassinat de Yann Piat en 1994, députée du Var (non documenté ici), c’est comprendre les liens entre pègre Toulonnaise et le monde du spectacle. Car, bien sûr, le garde du corps avait du charme et l’exerçait. Vols et chantages étaient alors son quotidien.
Lorsque quelques années plus tard, le journaliste Salberg lui propose d’enquêter sur Markovic, il devient évident que l’enquête durera longtemps.
Philippe Brunel alterne son roman autour de la personnalité de son narrateur, sa vie et son expérience de journaliste débutant puis confirmé et la figure d’Alain Delon, jeune soldat de retour de l’Indochine vivant de ses charmes qui l’amènent aux plateaux de cinéma. Son écriture est alerte pour faire revivre cette affaire qui a entaché la carrière d’Alain Delon de sombres interrogations.
Mais,
Le cercle des obligés est aussi un roman d’apprentissage du métier de journaliste, qui vérifie source, recoupe les informations, forme des hypothèses. Ancien journaliste sportif, spécialiste du cyclisme, Philippe Brunel rend un hommage appuyé au journaliste qui lui a appris le métier, même si le Pierre Salberg n’existe qu’ici. Ce roman est le prétexte aussi à se replonger dans le mythe Delon et ses liens avec le milieu du banditisme de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur de l’époque.
Comme le conclut Philippe Brunel » Les fables sont faites pour durer et Delon restera pour toujours une icône du septième art, un tueur à gages taciturne livré aux ombres qui nous menacent auxquelles il mêlait sa propre mélancolie. »
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2025/01/17/philippe-brunel-le-cercle-des-obliges/
Avant de commencer cette lecture, j'avoue, j'ai dû consulter mon ami Google. Non pas pour lui demander qui est la plus belle, mais bien plutôt parce que... Google, Google, dis-moi qui est Laura Antonelli.
J'aurais pu me contenter du roman de Philippe Brunel . Mais j'avais besoin d'un visage, d'une silhouette, de repères...
Laura Antonelli (prononcé Laora) était une actrice italienne très célèbre dans les années 70 surtout. Célèbre parce que belle, sans agressivité, sans éblouissement, avec quelque chose d'accessible. Célèbre parce que libre. Trop peut-etre...
Dans cette histoire, notre héros journaliste est envoyé à Rome pour une mission, n'ayons pas peur des mots, impossible. Retrouver Laura Antonelli. Le but ? Lui proposer un script, un rôle, de revoir un ancien amant... Les intentions du commanditaire ne sont pas bien bien claires.
Laura Antonelli qui se terre. S'enterre vivante. Ne veut plus ni voir, ni parler à personne.
Mais enfin, il faut bien le remplir ce roman. Alors il rencontre des proches de Laura et des moins proches. Des témoins. Des ragoteurs. Ceux qui l'ont connue et ceux qui ont entendu dire.
Il y a toujours quelqu'un pour raconter Laura. Les amants de Laura. L'alcool et Laura. La drogue et Laura.
Le roman, c'est plutôt la déchéance de Laura. Vécu comme une rédemption. L'isolement après la gloire. L'âge, les rides, après la beauté. Nous sommes en Italie, la religion est prégnante, Dieu sera le secours de cette femme qui après avoir été une icône, est devenu l'exemple d'une certaine justice.
Nous sommes dans les années 7O.
Imaginez la réaction de cette Italie puritaine, comme encore imprégnée de l'inquisition, quand cette belle actrice qu'on a si souvent vu à demi-nue au cinéma tombe pour trafic de drogue...
C'est avec des mots plein d'admiration et d'indulgence pour cette femme que Philippe Brunel dresse son portrait. Elle est attachante, touchante, fragile. C'est un très joli livre, on le lit jusqu'à la lie. Sans écoeurement.
Dans la deuxième partie des années 70, Laura ANTONELLI a été le fantasme des spectateurs masculins, toutes générations confondues. Il n'y a pas débat. Un phénomène en Italie comparable à Brigitte BARDOT ou Marilyn MONROE pour le reste du monde. La plus belle fille du monde selon Luchino VISCONTI qui lui aura donné son rôle le plus prestigieux dans "L'Innocent" en 1976.
Philippe BRUNEL dans son roman rappelle une nouvelle fois que gloire et beauté ne sont pas forcément des atouts mais bien plus souvent une garantie de descente aux enfers à qui ne sait pas se défendre. Sa recherche de la diva italienne disparue dans une Rome de cinéma, a l'élégance des biographies romancées qui gardent la distance et la pudeur nécessaire face à leur sujet. La société italienne des années de plomb n'en sort pas grandie. Cineccità non plus. La corruption, la cupidité et la jalousie sont pointées ici comme les fléaux du business. Rien de très neuf bien-sûr, mais la lente ballade dans laquelle nous embarque BRUNEL est sombre, souvent glauque, sans jamais céder au sensationnalisme.
Pour ceux et celles qui ont tant aimé le sourire et les yeux pétillants de l'actrice dans les comédies de Dino RISI ou de Luigi COMENCINI, la ballade sera triste et mélancolique, mais aura l'avantage de raviver le souvenir d'une formidable comédienne, une de plus dévastée par le système.
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