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L’Alcazar littéraire !
Un livre-somme, une jachère fleurie, un lever de soleil en plein désert. Il faut lire et vaciller sous la grandeur d’une prose cardinale. Ce livre vaut mille vies, mille étreintes et mille larmes. Car oui, l’écriture est indicible, solaire, et hypnotique. Le chant de la vie, le regain, la clef même de l’existence.
Patrick Cloux rassemble l’épars de notre venue au monde. Hédoniste, épicurien, un homme debout, attentif au temps présent. L’ère des petits riens à l’instar de Philippe Delerme mais en plus vertigineux. Essentialiste et passeur des jours, comme un flambeau qui perce la nuit sombre de nos aveuglements.
Lire « Une sédentarité heureuse », majuscule et fusion, l’émotion théologale, et se dire qu’ici est le macrocosme, le toit du monde.
L’éphéméride comme une voûte céleste, jour après jour, Patrick Cloux est attentif à la marche de la vie. « Je m’applique, à bien faire l’homme comme l’écrivait Montaigne, c’est à dire à me trouver ». « Un jeudi détricote un mardi. Le sentiment friable de faire partie d’un tout assez mal défini ».
Retenir les entrelacs, ne pas craindre le pouvoir hors norme d’une trame bouleversante car trop belle. Imiter ce sage qui collecte les respirations, les battements de cil d’un quotidien dans une Auvergne qui ouvre ses bras en grand. L’isolement comme une chapelle à flanc de montagne. Berger dont la transhumance est une affaire entendue de cœur et de sensations. Les hivers comme des bûchers, la chaleur des gestes simples et complices.
La sédentarité est une poésie à apprendre par cœur. « La prose sacrée. Celle qui rend l’altitude… Remuer la géographie à grands pas vous guérit de l’histoire figée ».
On ressent une connivence, on s’approche doucement sur le rebord de cette mappemonde. La pudeur devant un trop-plein de beauté. « C’est peut-être cela qui me fait me sentir du coin, user de repères et d’une clef des gestes stable ».
Patrick Cloux dévoile subrepticement les élogieuses attitudes pour une sédentarité heureuse. Travailler la terre, éradiquer les mauvaises herbes. Les rituels concorde triomphante. Les gestuelles à l’instar d’une nature épiphanie. Ici, les sociologies bercées d’un antan, les géographies comme du sable qui s’écoule en main. Mais la terre n’a pas dit son dernier mot. Les liens, feu de St Jean, les amitiés comme les hospitalités. La fenêtre grande ouverte.
Patrick Cloux peint du regard l’image d’Épinal de l’ancien temps et si maître de sa venue au monde, trouve le passage pour aujourd’hui. Il sait aussi qu’« écrire sur la nature impose des devoirs. Le jardin chez nous fait partie du roman familial ». Il s’interroge, il veut comprendre l’échappée de la course folle de notre société en faillite de bruissements, de chuchotements et de ralentis. Il comprend les idiosyncrasies qui retournent la terre de leurs mains assoiffées. Arrogantes et rebelles et présomptueuses. Mais sa raison est le sceau de la tolérance. Il aime l’humain. « L’Europe occidentale est un gruyère subventionné. Avec dans certains coins d’énormes réussites, des trouées d’un profit insolent. Des architectures hors norme. Et à cent mètres de là, on sème des no man’s land ».
Ce livre est l’étoile du Sud. « Quand l’enfant quitte la maison, il emporte la main de sa mère ». « Fais ce que ton voisin fait ou déplace l’entrée de ta maison ».
On retient les perles de pluie, de soleil et d’altitude pour un lendemain d’une sédentarité heureuse.
Pénétrer en riant de bonheur et de plénitude, l’intimité d’une langue qui n’a jamais finie de nous éblouir. Écouter avant le final de ce texte de renom, le pas magnifique d’un roi du verbe. « J’aime tant les proverbes et les raccourcis. En eux je vis plus longtemps sur un palier du temps satisfaisant. Je mes sens moins secoué. Ce sont mes tables d’orientation. La rose des vents placée au pied de l’église. L’oralité est un piochon. Elle ouvre les voies valides et harmonieuses. Je suis bien là, à hauteur d’homme ». « Ce que tu donnes est à toi, ce que tu gardes est perdu ».
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Publié par les majeures Éditions Le Mot et le reste.
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