Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
« Amies pour la vie », qu’elle fille n’a jamais prononcé ce serment dans sa jeunesse, en y croyant fermement ? L’amitié c’est un peu comme l’amour, on se jure fidélité, soutien inconditionnel, en plus fort car nul besoin de passer devant Monsieur Le Maire pour sacraliser ce lien. Mais qu’en est-il au fil des ans, de la vie qui nous emporte, de notre vécu qui nous change, de nos préoccupations qui divergent ? Que reste-t-il de nos promesses ? L’amitié dure-t-elle toujours ? Est-elle la même à 6 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans ou 60 ans ? Que faut-il faire pour la garder intacte ? Pour qu’elle perdure par-delà les années ? Quelles concessions faire, quel langage employer pour ne pas vexer, faire souffrir, quelle vérité dire ou taire, comment se comporter sur le long terme ?
A travers Armelle (la narratrice), Rim (son amie d’enfance) et Anna (collègue devenue amie des deux), Nolwenn Le Blevennec dissèque cette relation si particulière, si forte, si belle et si fragile aussi qu’est l’amitié avec un grand A. Pour parfaire sa démonstration, elle nous raconte deux moments-clés dans la vie de ces trois amies.
Le premier après leurs maternités vécues au même moment, leur lassitude, leur fatigue, leur quotidien épuisant de jeunes mères. Elles partagent encore tout et décident de partir ensemble quelques jours à Djerba. Il faut beau, il fait chaud, les cœurs et les corps exultent. C’est l’entente parfaite, l’osmose, le lien se renforce. Le deuxième se passe quelques années plus tard, elles se sont éloignées avec le temps, leur complicité a disparu, leurs visions du monde a changé, elles sont devenues d’autres personnes et ont du mal à communiquer ensemble. Elles partent néanmoins toutes les 3 sur un îlot breton isolé, surmonté d’un phare. Le temps est gris, hostile, la mer se déchaine, l’isolement du lieu ne les rapproche pas, au contraire elles vident leur rancœur les unes sur les autres, jusqu’au drame qui mettra fin à ce lien si précieux. Deux lieux, deux temporalités, avec un parallèle évident entre leur humeur et le climat.
Ecrit avec une forte dose d’humour, ce roman sororal n’est pourtant pas si léger que ça.
La plume de l’autrice et ce roman m’ont émue, touchée, avec des phrases qui sonnent juste, un vocabulaire de circonstances, un panel de faits relatés qui touchent à la réalité amicale et qui me parle. Le thème m’a plu, le roman m’a séduite, j’ai aimé Armelle, je me suis attachée à ce trio de filles avec leurs faiblesses, leur particularité, leur force aussi. Les personnages sont assez fouillés pour qu’on les comprenne, qu’ils prennent une consistance existentielle, les sentiments sont merveilleusement relatés. Un livre sur l’amitié féminine qui tient ses promesses, jusqu’au dénouement.
On n’est jamais aussi vraies que dans les yeux de nos amies. Elles seules savent. Elles n’oublient rien, elles connaissent tout. Nos meilleurs défauts, nos pires qualités, nos secrets, nos mensonges, nos faiblesses qui n’en sont pas.
“Pour les hommes je ne sais pas, mais l'intimité entre femmes est profonde. Ce qu'il se passe, lorsqu'on devient amies, c'est que l'on invite l'autre dans sa machinerie interne. Sur la scène d'une journée, je semble seule, je parle, je mange, je travaille, je séduis - dans cet ordre. Mais en coulisse, plusieurs personnes s'activent avec des clés à molette, dans un sens positif.”
Pour notre héroïne Armelle, ces mécaniciennes qui s’activent en coulisse, ce sont Rim et Anna. À l’occasion de l’anniversaire de Rim, son amie de toujours, Armelle revisite leurs souvenirs. “Comme d’habitude à cette date, je me lance dans la géographie d’une amitié perdue.” Elle revient sur ce qui compte, c’est-à-dire ce qui a été partagé.
L’enfance, les bêtises, la vie, les discussions sur WhatsApp, les drames, l’amour, les amants, l’empreinte carbone, l’art, l’épuisement maternel, les voyages. Notamment deux séjours houleux pour le trio. L’un en Tunisie, l’autre en Bretagne. Le sud et l’ouest, l’harmonie et la discorde, la complicité et la rupture.
De l’enfance à la quarantaine, du premier au dernier chapitre, une inquiétude supplante toutes les autres : l’amitié, cette relation qui semble inconditionnelle, aurait finalement des conditions. Un contexte. Faut-il insister quand l’amitié est fatiguée ?
Ce que j’aime dans les livres, c’est précisément tout ce qui crépite dans celui-ci. Toute la vérité, mieux exposée que jamais. On lit en hochant la tête ou en gloussant de plaisir. C’est intelligent, intellectuel et cérébral, bourré de références culturelles pas chiantes. Drôle tout le temps. Vulgaire juste ce qu’il faut. Sensible jusque dans les parenthèses. Avec à chaque page des images qui font cogner nos cœurs de lectrices.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...