Les conseils des écrivains pour vos lectures de l'été.
Les conseils des écrivains pour vos lectures de l'été.
Delphine est géographe, et rencontre trois jours plus tôt Elvin. Les regards échangés puis une danse plus tard, ils décident de se revoir. Ce soir-là, elle le voit sur le trottoir d'en face, elle court, traverse, et ce fut le choc : Delphine se fait renverser par une voiture. Elle voulait arpenter la planète, la connaître dans ses moindres recoins malgré sa peur.
Le réveil se fait dans un entre deux, un moment où le corps est une masse inerte que nous ne savons plus faire bouger. Elle se reconnecte à la réalité avec lenteur. Elle connaît le flou, les bruits perçus sans les reconnaître, et ce jeu de deviner ce qui se passe plus loin. Fermer les yeux et les ouvrir. Être trop faible pour rester éveiller, trop faible pour dormir. Elle découvre cette échelle verbale de la douleur, de 0 à 10, et ces chiffres qui la suivront tout au long de son séjour à l'hôpital.
Le résumé de ce livre résonnait en moi. L'envie de découvrir ce qui se cachait derrière cette hospitalisation. J'ai été surprise, choquée, interloquée, triste de lire entre ces pages des moments que j'ai vécus. M'y replonger a été chargé d'émotion.
L'hospitalisation et cette blouse qui infantilise, ce "on" impersonnel qui nous enlève notre identité. Ces fils entrants et sortants de notre corps, causant honte, brulure, gène. Et cette douleur, qu'une échelle jusqu'à 10 ne suffit pas à décrire. Pourtant, la description de ce milieu est neutre : elle explique et décrit les événements qui rythment une journée. Elle explique les passages, les regards, ce qu'on dit aux patients, ce qu'on garde pour la famille. Ce non-dit permanent. Cette douleur qui accompagne le corps. Elle donne de la vie à sa plaie, lui donne un souffle, lui donne la parole. Celle-ci s'exprime et se rappelle à sa mémoire.
Il y a également ce rapport à la Morphine et Morphée. Celui-ci chez qui elle plonge volontiers pour reposer le corps et la tête. Cette douleur qu'elle essaye de feindre, de ne pas lui donner de l'importance pour l'empêcher de l'atteindre.
L'écriture de l'auteur est marquée, fait de phrases courtes, de chapitres courts donnant un rythme. On suit une ligne chronologique, de l'accident, à l'hôpital et ainsi de suite. Le premier roman de Nathalie Gendrot m'a émue pour la proximité avec mon vécu. Mais j'y aurais souhaité plus de rage : beaucoup de tristesse, mais aussi de l'espoir.
En bref :
Un premier livre qui m'a émue, exposant avec neutralité les moments rythmant une hospitalisation. Une écriture fluide permettant au lecteur de suivre les ressentis du personnage.
Delphine est géographe, elle voyage dans sa tête, les yeux rivés sur des cartes. Ce jour-là, elle avait un rendez-vous avec un amoureux, un quasi inconnu rencontré peu de jours avant, lorsqu’elle a été renversée par une voiture. Accident grave qui la laisse comateuse à l’hôpital, sans nouvelle de cet Elvin dont elle ne connaissait ni le nom ni l’adresse…
Voilà Delphine seule avec ses souffrances et ses plaies. Seule avec ses nouveaux rêves, ceux d’un voyage intérieur. Délire morphinique hospitalier d’une malade qui s’enferme provisoirement dans son corps et dans ses douleurs de classe 0 à 10… Les bruits les voix, les sons, prennent une toute autre importance lorsqu’on est enfermé dans un corps immobile. Tous les moments d’une journée hospitalière sont décrits avec férocité et réalisme, même s’ils sont imprégnés de ce délire dû à la morphine, seule à même de soulager les douleurs. Et dans une chambre d’hôpital, la vie est vite routinière. Il y a le chirurgien qu’on attend pendant des heures et des jours ; les infirmières et les médecins, qui font leur travail, mais disent rarement les mots que le malade attend, pas le temps, pas à eux de le faire. Il y a aussi les voisins de chambre, leurs familles, visiteurs bruyants ou éplorés. Les séries télé, minables mais réconfortantes. Et les médicaments, les nombres, les doses, l’intensité de la douleur, la chimie qui soigne, le mystère des délires, la victoire sur le monde sensible, celui de la douleur, des nerfs endormis, des jambes qui ne sentent plus rien.
Voilà un roman quelque peu déroutant, mais c’est une incursion intéressante dans la tête du malade, le délire est présent mais réduit au minimum, rendant assez crédibles les élucubrations hallucinées de la narratrice.
L’histoire que Nathalie Gendrot raconte est intéressante à suivre d’un point de vue humain, elle nous met dans l’esprit d’une personne qui vient d’avoir un accident et qui est clouée sur un lit d’hôpital à moitié drogué, mais elle n'est cependant pas pour autant inoubliable.
Ici nous suivons donc la vie de Delphine après un accident ; de cette situation, où elle évolue dans un univers médical où beaucoup de choses lui semblent incompréhensibles et surnaturelles, né un autre état d’esprit. Un état d’esprit lié à la morphine que l'auteure va nous faire partager, où on découvrira notre personnage en train de divaguer, s’inventer des chimères, se questionner, et se demander qu’elle place pourra-telle tenir dans ce monde, qui lui faisait déjà peur.
Voilà pour le gros de l'histoire, et comme je le disais, elle est intéressante mais sans plus, le sujet manquant un peu d'originalité. Néanmoins cela ne veut pas dire qu'il est à passer, car rien que pour l'écriture, je conseille vivement ce livre. En effet cette dernière est tout ce qui a de plus magnifique ; musicale et psychédélique, elle fait ressortir le monde drogué du personnage, en jouant sur les sons et les images. Elle nous emporte dans un monde fantasmagorique, nous faisant ainsi partager au plus près les délires de Delphine.
Cependant, n'allez pas croire que il n'y a que l'écriture à sauver. Cet ouvrage chrysalide, à cheval sur une ancienne et une nouvelle vie, fait ressortir beaucoup de sensibilité. Il nous met à la place d'une personne qui souffre et qui a beaucoup de mal à retrouver une vie paisible après un choc.
En résumé, même s’il ne fait pas parti des livres inoubliables, ça reste un livre agréable à lire, même si l'écriture fait l'histoire plus que le personnage.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2016/03/31/33579141.html
Delphine est géographe ; Elle étudie mers et océans, s’imagine les infinis, est fascinée par l’élément liquide.
Un hasard ? C’est sous la pluie qu’elle est victime d’un accident de la circulation, à la rencontre de celui qui la fascine.
Hospitalisée, Delphine oscille sur son lit à marées entre coma et brefs éclairs de lucidité traversant son corps de douleurs. Elle doit s’abandonner aux usages, abandonner son intimité, ressentir l’humilité…
L’état vaporeux qu’offrent Morphée et sa sœur Morphine à ce corps douloureux amènera Delphine à se sentir protégée dans sa bulle. Vivre comme avant, elle veut en avoir la certitude, mais ce sera certainement un autre combat…
Pour décrire aussi précisément le vécu d’un séjour hospitalier, la douleur, les traitements, les rapports patients/soignants, la narratrice a sans doute été confrontée à ce type de séjour. Les mots sont justes, précis. En revanche, les formules chimiques morphiniques qui s’entremêlent avec les chiffres de mesure de la douleur et les lettres inspirés d’un célèbre jeu télévisé, ont le désagréable pouvoir de scinder le texte, le reléguant presque au second plan.
Avec Nathalie Gendrot, on répare aussi les vivants ; la méthode de Maylis de Kérangal est encore bien présente en moi et elle opère encore. Est-ce pour cette raison que je n’ai pas été sensible à ce roman ?
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