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En Louisiane, avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire de la ville de la Nouvelle-Orléans comptait 123 écoles publiques. Après, il n’en restait plus que 4. Quant aux écoles privées qui n’étaient que 7 avant la catastrophe, elles passèrent à 31, grâce aux subventions versées pour la reconstruction. Une fois de plus le public subventionnait le privé. Une fois de plus, on privatisait les gains et on nationalisait les déficits. C’est un certain Milton Friedman qui avait théorisé cette nouvelle sorte de capitalisme, un capitalisme sauvage, sans freins ni garde-fou, un « capitalisme du désastre » que l’on appelle aussi « ultra-libéralisme » en Europe. Il s’agit pour les oligarques du système, avec la complicité de politiciens et de journalistes stipendiés, de profiter de l’opportunité d’une crise, d’un cataclysme, d’une révolution ou d’une guerre pour vendre à la découpe tous les services d’un état pendant que le peuple est encore sous le choc et donc peu apte à réagir. Ce modèle économique très particulier se révèle à l’usage assez peu compatible avec la démocratie. Il a même besoin de conditions plus ou moins totalitaires pour s’imposer dans son expression la plus pure, comme on l’a vu en Amérique Latine au Chili et en Argentine, en Grande-Bretagne sous la férule de Mme Thatcher, en Chine (Tien an Men), aux Etats-Unis sous Reagan et en de nombreux autres lieux. En fait, ces techniques de sidération des masses, de conditionnement des esprits trouvèrent leur source dès la fin des années 50 quand la CIA se lança dans d’étranges expériences sur de malheureux cobayes humains. L’auteur a ainsi pu obtenir le témoignage de Gail Kastner, une patiente du docteur Cameron, sorte de Mengele yankee qui lui fit subir nombre d’électrochocs, d’injections de substances plus ou moins nocives (insuline), de barbituriques à haute dose, de psychotropes et d’hallucinogènes comme le LSD dans l’espoir de vider son cerveau pour le reprogrammer. Ce monstre ne cherchait pas à soigner ses patients, mais à les recréer, leur causant toutes sortes de souffrances inouies et leur causant des pertes de mémoire irréversibles. Friedman voulut transposer cela en économie. Le résultat en fut catastrophique pour les peuples mais très lucratif pour l’élite !
« La stratégie du choc » est un essai géopolitique et historique de très belle facture. L’auteur démonte pan par pan toutes les tentatives que fit l’oligarchie au fil du temps pour parvenir à ses fins en commençant par l’Allemagne vaincue, mais relativement épargnée pour ne pas donner prise aux communistes, en continuant par le Chili de Pinochet et l’Argentine des colonels où on n’hésita pas à employer les méthodes les plus cruelles, puis la Bolivie, l’Afrique du Sud, la Pologne de Solidarnosc obligé de renier tous ses idéaux, la Russie d'Eltsine avec la main-mise des oligarques sur toutes les richesses du pays, Irak ravagé par la guerre et livré à Black Rock et à Halliburton, Sri Lanka ravagé par le tsunami et tant d’autres pays. Partout le même scénario : profiter d’une catastrophe pour privatiser le plus de domaines possibles, démanteler les services publics, licencier des fonctionnaires, faire disparaître les acquis sociaux et, sous prétexte d’apporter liberté et démocratie, faire plonger les peuples toujours plus loin dans la misère et le désarroi. Et si ceux-ci font mine de ne pas apprécier le traitement, ne jamais hésiter à frapper, enfermer, blesser ou tuer pour obtenir la soumission par la terreur. Ouvrage très éclairant sur la montée d’un phénomène fort inquiétant. Il commence à dater un peu. Et la conclusion de Klein, à la lumière des derniers développements de cette stratégie mortifère (crise sanitaire, climatique, guerre en Ukraine), semblera beaucoup trop optimiste. En effet, l’auteur constate l’échec complet de presque toutes les tentatives, une prise de conscience des peuples et même de très bonnes réactions de certains. Malheureusement, la machine libérale mondialiste ne renonce jamais. Si elle semble marquer le pas, ce n’est que pour mieux affiner ses techniques et relancer toujours plus fort et toujours plus loin son rouleau compresseur écrasant les peuples…
« Nous devons en tant que nation entreprendre un renversement radical et révolutionnaire de nos valeurs. Nous devons rapidement passer d’une société « orientée vers les choses » à une société « orientée vers les personnes ».
Cette citation de Martin Luther King résume la pensée de ce livre. Les références paraissent datées mais elles sont malheureusement encore très actuelles. Alors espérons qu’en s’y mettant tous, on ralentisse le désastre annoncé et que l’on réapprenne à vivre en harmonie avec la nature et les ressources de la Terre.
Une découverte pour moi et pour tous ceux à qui j'ai recommandé ce livre .
Comme l'indique le titre, ce livre est un Choc sur l'évolution du capitalisme dans ce qu'il a de plus dévastateur !!
Le livre est captivant , très documenté, et ne laisse pas indifférent !!!
Un livre qu fait réfléchir à deux fois !!!
Dans le nord de l'Alberta, au Canada, il existe une petite ville du nom de Fort McMurray qui, depuis le début des années 2000, a connu une croissance exponentielle ! La cause ? L'extraction des sables bitumineux, le pétrole le plus sale qui existe. Ville champignon, Fort McMurray est passé de 10 000 à 100 000 habitants en quelques années et son potentiel pétrolier est estimé à 170 milliards de barils. Cette extraction intensive est une aberration écologique... Des terres dévastées, des espèces animales et végétales anéanties, des millions de litres de pétrole répandus dans les nappes phréatiques, des cancers à répétition... les conséquences sont nombreuses et plus néfastes les unes que les autres...
Brut est un recueil de cinq textes terriblement convaincants et totalement effrayants : le témoignage d'une militante écologiste, le récit du tournage d'un documentaire sur Fort McMurray, le texte de Nancy Houston, originaire de la région et affolée par la tournure que prennent les choses, une discussion entre la romancière et l'essayiste Naomi Klein, et enfin une nouvelle inédite en Français qui, par sa métaphore filée, laisse présager le pire pour cette humanité qui exploite la terre sans en mesurer les conséquences !
Encore une fois les éditions Lux osent lever le voile sur les pratiques révoltantes des compagnies pétrolières, associées à un gouvernement passif, qui ne se soucie que du développement économique de son pays, en ignorant sciemment les conséquences écologiques qui représentent pourtant une véritable catastrophe !
Un ouvrage passionnant qui pousse à la réflexion et qui met en colère...
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