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'attendais un roman, c'est différent. A la fois, roman, témoignage et documentaire sur cette île en perdition, Haïti, à travers l'histoire romancée de Calixte Fontaine, jeune garçon né en 1960.
J'ai regretté au départ cette alternance de pages consacrées à l'histoire de Calixte et de ces notes qui documentent des points de l'histoire d'Haïti en relation avec le chapitre qui précède. Je trouvais aussi que l'histoire de Calixte était un peu dépourvue d'épaisseur, se limitant trop à l'énoncé de faits, abordant trop peu les sentiments, les émotions.
J'ai vite changé d'avis et j'ai été servie en matière d'émotions. J'ai eu souvent le coeur serré en lisant et je suis admirative devant le courage de ce petit bonhomme qui va suivre son rêve, et les quelques photos et documents qui enrichissent le texte me l'ont rendu encore plus réel.
J'ai aimé découvrir ces mots de créole et les dictons savoureux, j'ai aimé découvrir le vodou, vaudou haïtien, qui est loin des images horrifiantes que l'on a souvent en tête en entendant ce mot, j'ai aimé les visites du grand-père à son petit-fils et les conseils judicieux qu'il lui donne. J'ai aimé le gout pour la fête des Haïtiens de ce bidonville , même lors des enterrements. J'ai aimé malgré tout ce que l'environnement a de sordide, l'atmosphère de ce village où la solidarité n'est pas un vain mot.
J'ai frémi devant la toute puissance de ceux qui possèdent et réduisent quasiment en esclavage ceux qui travaillent pour eux, j'ai frémi devant la brutalité et l'inhumanité des sbires des présidents Duvalier, les tristement célèbres Tontons Macoutes, j'ai été horrifiée par les chiffres donnés par Yves, sur la scolarisation, les détournements des Duvaliers, l'accès à l'eau potable, et bien d'autres.
Grace à Yves que je remercie pour sa confiance renouvelée, j'ai réappris dans ces pages l'histoire de cette ile, martyrisée, appauvrie, désolée, elle qui fut couverte à 80% de forets, elle qui fut la plus riche des colonies françaises au 18ème siècle, aujourd'hui dénudée et le pays le plus pauvre du continent américain.
Genre : Roman contemporain
Avis : Bouleversant
Lu en numérique
Quand un roman est fiction mais tellement près des vies d’aujourd’hui…
Calixte est né en 1960, c’est un jeune Haïtien qui croit en son avenir et en son pays gangréné par les gangs et la corruption. Il étudiera pour espérer quitter la Cité Simone, le plus grand bidonville de Port-au-Prince mais face aux multiples dangers, pourra-t-il échapper à son destin ?
Que ce livre est fort ! Mais je n’en suis pas étonnée, ayant déjà lu et chroniqué Yves Montamartin qui m’a accordé sa confiance. Il a le talent de teinter d’humanité tous ses écrits. Et ici, il en faut pour donner à ce pays et à cette île une image autre que sinistre et dangereuse.
Suivre Calixte et sa vie inventée nous permet d’approcher la société haïtienne dans les détails les plus secrets, les souhaits les plus intimes et les violences les plus répandues. Nous expliquer comment un enfant intelligent doit lutter contre ses parents, contre les habitudes, contre les injustices pour espérer sortir de la vie qui est écrite pour lui est source d’émotions, de colères et de réflexions. Coller ainsi aux tracas et aux risques quotidiens nous fait vivre de l’intérieur l’angoisse permanente des habitants qui n’ont que les combats de coqs et le Karnaval pour les sauver du désespoir.
Si la trame du roman nous fait suivre Calixte et sa famille durant son enfance et sa jeunesse, le fond reste la description du pays sous le joug de « Papa Doc ». Grâce au vocabulaire de la langue haïtienne, aux aliments et aux boissons, aux jeux et à la magie toujours présents, l’immersion est totale. Les faits historiques sont réels et la vie imaginée de Calixte est semblable à celle de nombreux jeunes haïtiens de l’époque, surtout s’ils sont entrés en rébellion. Intégrer la bonne action d’un couple de français dans le récit a pu donner à des lecteurs la compréhension de la nécessité des accompagnements d’enfants dans leur scolarité.
Le rythme est soutenu, la lecture est fluide, l’émotion anime chaque page, et la fin ne peut pas être imaginée. Scoop : il y aura un tome 2 !
Je remercie très sincèrement Yves Montmartin pour sa confiance renouvelée.
Si vous souhaitez prendre un bol d’air et vous évader pour quelques heures de l’Hexagone, n’hésitez pas et plongez-vous dans le dernier roman de Yves Montmartin : Calixte.
Ce récit est une véritable immersion en république d’Haïti et le dépaysement est garanti.
Calixte Fontaine est un jeune Haïtien né en 1960. Il vit avec ses parents Toussaint et Manman Olivette, sa petite sœur Daniya et sa grand-mère Ma’Umtiti, dans la maison que son grand-père Charlemagne a construite lui-même. Comme toutes les kabann de la cité Simone, cet immense bidonville de Port-au-Prince, elle est faite de matériaux de récupération, planches, tôles et bâches en plastique.
La famille tente de survivre, le père est employé au port à décharger les bateaux et Calixte, lui, chaque matin, avant le lever du jour, part à pied avec sa mère laver les légumes au Marché en fer pour espérer gagner quelques gourdes, la gourde étant la monnaie haïtienne.
Ce que Calixte apprécie, ce sont les après-midi, où il peut se rendre à la Kay blé, la Maison bleue, l’école du père Céleste, la seule école primaire de la cité Simone. L’école, porte de la Liberté ?
Calixte est le narrateur. Il nous entraîne dans ses pas, nous sert de guide et nous fait découvrir ce pays aux mille couleurs avec entre autre, cette langue chantante qu’est le créole haïtien, et d’emblée, je me prends d’affection pour ce jeune garçon.
En parsemant son récit de mots, de phrases et même de plusieurs proverbes écrits en créole, sitôt traduit, l’auteur lui donne ainsi, très judicieusement beaucoup d’authenticité et de saveur.
Yves Montmartin décrit avec talent, le courage extraordinaire et la force des habitants de la cité Simone qui tentent comme ils peuvent de subsister dans un lieu, où la misère est à ciel ouvert, où les habitants manquent de tout, où l’accès à l’électricité est très limité, l’approvisionnement en eau potable un problème majeur.
L’auteur mêle avec à-propos le récit romancé du destin de Calixte, sa jeunesse dans les années 70, 80, aux faits historiques et à cette dictature impitoyable de la dynastie Duvalier, responsable de nombreuses tueries, de massacres d'opposants et de civils et aux tristement célèbres tontons Macoutes, cette milice paramilitaire.
Il profite des chapitres intitulés Notes, disposés presque après chaque chapitre du récit, pour donner des explications très intéressantes.
Ce sont des renseignements sur les jeux, comme les combats de coq, qui structurent la vie de pas mal de gens en Haïti, sur les religions comme le vaudou encore bien présent sur l’île, sur les coutumes culinaires et cette « soup joumou », soupe traditionnelle, symbole de l’indépendance du pays le 1er janvier 1804 et devenue patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2021, mais aussi des renseignements beaucoup plus inquiétants sur Haïti aujourd’hui et sur ce peuple qui continue à souffrir et où la situation sécuritaire demeure extrêmement instable, et ce dans l’indifférence quasi générale.
Avec Calixte, premier tome d’Hispaniola de Yves Montmartin, j’ai suivi avec plaisir et tristesse le destin de ce garçon épris de connaissance et rempli de volonté et la confiance absolue aux conseils apportés dans ses rêves, par son grand-père décédé, m’a beaucoup touchée.
Grâce à ce roman qui s’apparente presque davantage à un documentaire, j’ai beaucoup appris sur la vie en Haïti et il m’a été d’une aide précieuse pour comprendre ce qui se passe actuellement sur l’île.
Je remercie Yves Montmartin pour sa confiance et attend avec impatience le deuxième tome, qui devrait m’apporter des nouvelles de Victoire.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/02/yves-montmartin-hispaniola-tome-1-calixte-9.html
Pour son septième ouvrage en sept ans, l’ancien directeur de la Poste de Saint-Etienne devenu auteur nous transporte en Haïti, avec le premier volet d’un diptyque entre roman et documentaire.
Depuis que le grand-père a dû se résigner à quitter son maigre champ pour tenter sa chance en ville, la famille Fontaine vit encore plus misérablement au coeur de la Cité Simone, le plus grand bidonville poussé à proximité de Port-au-Prince, sur son immense décharge sauvage. Pendant que Toussaint, leur père, trime sur le port pour quelques gourdes quotidiennes – soit quelques grosses moitiés de centimes d’euros – et lorsqu’ils n’accompagnent pas leur mère Olivette dans les corvées d’eau ou, pour moins de gourdes encore, dans quelque emploi à l’emblématique Marché en fer de la capitale, Calixte et sa petite sœur Daniya fréquentent à tour de rôle l’école primaire du Père Céleste, la seule classe ouverte et fonctionnant par roulement.
Calixte est intelligent et motivé. Mais, même avec l’aide du Père Céleste et le parrainage d’un couple français – occasion de reconnaître l’auteur sur l’une des photographies qui agrémentent le livre –, réussira-t-il à échapper à la précarité du bidonville, aux gangs qui rendent le pays aussi dangereux qu’une zone de guerre et à la violence des Tontons Macoutes ? Egrenant joies et tragédies, le parcours romancé du garçon est l’occasion d’une immersion haute en couleur, rythmée par le phrasé créole, dans la vie quotidienne haïtienne des années 1970 et 1980, le tout abondamment complété de notes souvent frappantes retraçant le contexte historique et culturel du pays.
Si ce parti-pris narratif pourra laisser le regret purement littéraire d’une documentation un peu trop scolairement visible et pas assez intégrée au roman – écueil déjà rencontré sous une autre forme dans un livre précédent de l’auteur –, l’on est autant emporté par la plume fluide et concise du versant romanesque que par l’intérêt tout journalistique du reportage qui l’accompagne. Il faut dire que les observations saisissantes ne manquent pas au tableau, à la fois dramatique et pittoresque quand il s’agit respectivement de la situation du pays et de ses particularités culturelles. Et puisque le récit s’achève pour certains personnages mais commence pour d’autres, l’on frémit d’avance de leurs futures épreuves, puisque le second tome verra sans nul doute le terrible tremblement de terre de 2010.
Entre roman et reportage, ce livre court et agréable mêle utilement information et agrément pour un panorama sensible et réaliste du Haïti des Duvalier.
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