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Furcy naît en 1786 à Bourbon (Ile de la Réunion). Sa mère, Madeleine, née libre en 1759 à Chandernagor, se retrouve en France, puis est donnée à Bourbon à Mme Routier. Madeleine est affranchie en 1789 ; ce n’est qu’à sa mort en 1808 que ses enfants découvrent son histoire et partant leurs droits. Furcy assigne alors son maître Joseph Lorcy en justice, il perd son procès ; après une série d’évènements Furcy se retrouve sur l’Ile de France (Ile Maurice) et continuera à faire valoir ses droits devant les tribunaux, une bataille de 35 années marquée par une évolution idéologique.
Un essai historique très bien documenté sur la complexité des statuts dans les colonies avant l'abolition de l'esclavage.
Coup de cœur !
Les thématiques de l’amour perdu, de la quête de soi à travers la quête de l’autre, de la perte de repères, de l’altérité et de la grande misère s’entremêlent et nous emmènent sur les traces de Nadia tout en nous faisant découvrir tant de vies, tant de fêlures.
Un roman cependant positif et porteur d’espoir sur une thématique sombre (la misère, les funambules qui sur leur fil peuvent tomber à tout moment) qui ne bascule jamais dans le pathos, bien au contraire.
De l’audace, beaucoup d’audace dans la façon de traiter le sujet (déjà évoqué à de nombreuses reprises dont dans le sublime Les naufragés de Patrick Declerck de la collection Terre Humaine de Plon).
Un roman qui nous plonge dans la recherche d’un homme et qui, en fin de compte, nous entraîne dans la vie de tout un chacun, car tous, toutes, nous pouvons chuter au détour d’un drame. Ce texte, touchant, somptueux, riche, beau dans sa simplicité est une preuve d’amour du genre humain, de tous les Hommes, quels qu’ils soient, quelles que soient leurs failles ou blessures, leurs difficultés, leurs quêtes, car la Quête concerne chacun d’entre nous… À ne pas manquer !
J'avais aimé l'Affaire de l'esclave Furcy et j'apprécie tout autant les Funambules; le narrateur, arrivé d'Algérie à neuf ans , sait écouter, il est proche du vécu de ceux qui lui demandent d'écrire l'histoire de leur vie, ce qui va leur donner le sentiment d'avoir existé. En même temps il recherche une certaine Nadia ce qui va lui faire découvrir les associations humanitaires comme les restos du coeur, ATD quart monde car il sait que la jeune femme milite pour les démunis.
J'ai beaucoup appris au niveau des institutions humanitaires dont il parle, je regrette que les Secours catholique ou populaire n'aient pas subi le même traitement.
Le côté prête-plume ou ghost writer (on n'ose plus dire nègre) doit être frustrant quand on voit l'hommage fait à l'auteur présumé...
Du narrateur dont on ne connait pas le nom (Il faudra attendre la dernière page pour qu’il nous soit révélé) on ne sait que ce qu’il veut bien nous dire de son enfance pauvre de l’autre côté de la mer et de son arrivée en France, ce qui lui fait dire : « Je ne me sens chez moi nulle part, je ne suis jamais retourné au pays natal. Je ne peux plus dire : Chez nous. »
Il est devenu écrivain public et s’intéresse à la vie de ces anonymes oubliés, les S.D.F. les pauvres et ceux qui leur viennent en aide, ces bénévoles des restos du cœur ou des petits frères des pauvres. Mais ces rencontres, ces visites dans les associations humanitaires nourrissent aussi sa quête amoureuse, sa recherche de Nadia qui s’est mise au service des démunis.
Les funambules, ce sont tous ces démunis, ces laissés-pour-compte, avec leur fêlure qui les rend si fragiles. Bien que passé du bon côté puisqu’il possède un appartement et un travail, le narrateur a également sa fêlure. Lui aussi est en équilibre entre son passé de pauvre et ce présent où il a du mal à trouver sa place. Certains, comme l’ami de la cité Anne Franck, surnommé Bizness, revient souvent avec son culot et sa bonne humeur. Mais qu’ont-ils encore en commun si ce n’est le souvenir d’une enfance de banlieue grise et défavorisée ? Il y a aussi un beau portrait de mère, Zina. Illettrée, elle n’a pas toujours les mots mais elle déborde d’amour.
On suit le narrateur qui se dévoile peu à peu, avec pudeur et c’est à travers son regard que l’on rencontre tous ces cabossés de la vie qui donnent sa chair au récit. Comme le dit si bien Monique, une bénévole : « La précarité possède une résistance qui défie le temps » Et puis, personne n’est à l’abri « On peut être tout en haut et tomber. Une maladie. Une rupture. Un accident. Tout peut basculer en un instant »
Tous ces anonymes, en équilibre sur le fil de la vie, on les rencontre au détour d’une page, ils n’ont qu’un prénom, et pourtant ils nous deviennent si proches, soudain. Ces femmes, ces hommes, qui subissent la pauvreté et que la honte rend muets, déclenchent en nous cette réflexion sur notre part d’humanité
Ces portraits, que ce soit ceux de personnes démunies, ou en détresse psychologique, ou bien des bénévoles, je les ai trouvés émouvants et tellement authentiques. C’est là que la fiction rejoint la réalité car, au cours de ma lecture, j’ai eu souvent l’impression de naviguer entre roman et documentaire. Nul doute qu’il a dû falloir à l’auteur une immersion dans ce milieu pour en saisir toutes les subtilités afin de les restituer avec tant de délicatesse et de retenue.
C’est une lecture qui, le livre refermé, continue à nous questionner, une lecture qui bouscule.
Tout comme « L’affaire de l’esclave Furcy » que j’avais beaucoup aimé, « Les funambules » est une lecture qui marque et qu’on n’oublie pas de sitôt.
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