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On l’avait connu balayeur de rues à Fribourg dans « Une Rose et un Balai » (quand on parle suisse, on dit cantonnier, comme sur la route de Louviers...), il nous revient père de famille et comme il ne fait rien à moitié, il a signé pour sept gamins... Rien que ça ! Bon, il a tout connu... Faut-il que je vous fasse la liste ? Il a même renoncé (temporairement) à la littérature : « Devoir parcourir pour la vingtième fois de suite les textes illustrés de Monsieur Propre ou de Madame Chipie alors que prennent la poussière sur l’étagère Marguerite Yourcenar et Fiodor Dostoïevski... » et je passe sur les visites aux musées « qualifiées de chiantes » (ah, ah, je connais!!!), les trajets en voiture à écouter des « sons » (comme disent les ados) dégoulinants plutôt que des choeurs byzantins … (souvenirs souvenirs) (j’en ai eu quatre moi qui vous cause!) Ah, les renoncements…
Et pourtant quel peps dans ce livre ! D’où tirent-ils toute cette énergie, les Simonet, cette sagesse, hein, d’où ? Quelle est leur recette ?
Sept gamins, tous différents évidemment : entre la petite dernière « qui n’attend pas l’âge des paliers du langage pour lancer à peine levée un réactif Ta gueule, gros con ! », le solitaire qui « demande l’impossible le plus vite possible », la « pitchoune dont on remarque très vite qu’elle n’a pas été bercée trop près du mur »… Quelle vie dans ce deux pièces qui très vite se transforme en maison avec chacun sa chambre (même si au début personne ne veut se séparer des frangins pour la nuit….) Et puis, le père Simonet, c’est un vrai père qui emmène ses gamins au bac à sable, les change, s’occupe des leçons, les conduit au sport, à la musique etc etc … Bon, c’est vrai, il lui arrive d’en oublier sur place mais, pas de panique, on les retrouve généralement (et puis, on a le droit à un pourcentage de perte, non?)…
Des cathos les Simonet ? Oui ! (mauvaise langue que je suis, j’allais dire « évidemment »…) et des cathos suisses en plus!!! Waouh ! Des cathos qui font des retraites de catho, des cathos qui marchent dans la montagne suisse parce que quand on est Suisse, faut avoir une « géographie pratique et patriotique.» Ouh là là, ne partez pas, restez là parce qu’un Simonet comme Simonet, un catho comme Simonet, un Suisse comme Simonet, bon père de famille et tout et tout, ce n’est qu’ouverture d’esprit, générosité, non conformisme et drôlerie ! Eh oui ! Faut pas toujours se fier aux apparences...
(Ok, je suis sortie très très loin de ma zone de confort et alors, faut être un peu ouvert, non?)
Encore une chose : il écrit très bien, Simonet, il joue avec les mots, les sonorités…
Simonet, il aime sa femme, ses gosses, la vie.
Oui, je sais, ça peut rendre un peu jaloux ...
Moi, Simonet, je l’aime bien.
D’ailleurs, comme preuve d’amour, je lui enverrais bien mes gosses...
LIRE AU LIT le blog
Étonnant récit d' un homme qui, après avoir fait des études, a fait le choix de devenir cantonnier à Fribourg.
"À quoi sert de gagner le monde entier si on perd son âme ?"
Un chemin de vie qu'il raconte avec humilité et non sans humour, une ascèse monastique avec la rue pour monastère, une rose à son chariot car c'est "de la beauté là où on ne s'y attendait pas....elle est aussi une façon de parler, de sourire quand on n'y arrive pas soi-même."
Un regard lucide et chaleureux, plein de bienveillance pour le monde qui l'entoure en dépit de la saleté qu'inlassablement il traque.. De courts poèmes, des jeux de mots égrenés tout au long d'un texte écrit avec finesse pour partager des réflexions engrangées depuis presque 30 ans..
"Je remarque que la lenteur, qui n'est pour moi rien d'autre que le rythme fondamental de l'humanité, est devenue un luxe paradoxalement nécessaire et vital par les temps qui courent..."
"Prendre son temps est un moyen de ne pas le perdre et nous accorde de vivre l'instant présent de manière à le capter pleinement et à le stocker dans sa mémoire comme un écureuil le ferait pour ses provisions hivernales, les savourant dans la durée et les transfigurant en souvenir fécond."
Un témoignage étonnant, plein d'humanité, de sagesse, un homme les yeux grands ouverts capable de s'émerveiller d'un rien, de voir toujours le positif...Une ouverture aux autres, une capacité renouvelée à la joie et le sentiment d'être à sa place qui lui fait endurer les petits matins froids, la pluie et les incivilités pour ce qu'ils sont , des moments qui passent de toute façon...
Le portrait d'un homme libre...
Michel Simonet est un homme qui change le monde... notamment celui des préjugés : il n'y a pas de sous-métiers. Et l'on peut pleinement réussir sa vie en étant cantonnier.
A l'heure où tout le monde veut changer le monde ( mais il me semble que peu s'y mettre véritablement ), ce " petit traité de sagesse d'un balayeur de rue " est un bel exemple de ceux qui vont au bout de leurs convictions.
Une rose, un balai... faites place nette...
Ce « petit traité de sagesse d’un balayeur de rue » est un petit bijou qui fait un bien fou. Les mots, les réflexions, les yeux de l’auteur, Michel Simonet, sont poétiques, beaux, curieux dans le bon sens du terme, sincères touchants. Michel Simonet raconte sa vie de balayeur de rue. Cela peut paraître curieux au début mais une fois la lecture commencée, je me suis laissée attraper par la poésie de ses phrases, par son regard bienveillant sur « nous ».
L’auteur, par son récit « Une Rose et un Balai », met en avant son métier, met en avant ses collègues et leur travail. Et surtout il le fait de la plus belle manière possible: avec de la poésie, avec des jolis mots, avec des images simples mais belles, avec des attentions qu’il a pour chacun. Mais son métier n’est pas idyllique non plus. Il a des inconvénients comme le temps (la pluie, le froid, la chaleur), comme les rencontres qu’il peut faire qui ne sont pas très sympathiques par moment, les choses qu’il doit ramasser.
Avec l’auteur, j’ai découvert un métier sous un nouvel angle. Je savais déjà que les balayeurs et éboueurs étaient un rouage essentiel à notre vie. J’avais déjà le plus profond respect pour leur travail et eux mêmes. Et avec ce récit, j’ai trouvé ce métier poétique, humble, emphatique. Michel Simonet a su mettre une réelle poésie dans son métier, dans ses gestes, dans son matériel, dans son devoir. Ses mots sont une vague de beau, de bonheur, de juste. Il sait les manier parfaitement pour nous donner un récit qui se savoure.
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