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Coup de cœur pour ce roman finlandais.
Une plume tout en poésie.
Tout au long de ce roman de plus de 500p, on va suivre Alli.
Une jeune femme d’un courage exemplaire et d’une résilience incroyable.
Nous sommes en 1940, en plein cœur d’un conflit entre la Finlande et l’URSS.
Alli et sa famille vivent dans une région de la Finlande qui est cédée à l’URSS.
Ils doivent donc quitter leur terre, laisser leur maison, tout abandonner derrière eux, sans savoir s’ils rentreront un jour dans cette maison qui est la leur.
Alli n’a pas froid au yeux et décide de prendre les rennes de l’exode pour diriger sur cette longue route une partie de leur animaux, accompagnée de sa belle-soeur, tandis que le restant de la famille fait le voyage en train.
Pas une seule fois elle ne baissera les bras, et pourtant des difficultés, elle va en rencontrer.
Si elle ne paraissait pas évidente au début, j’ai beaucoup aimé la relation qui s’est créée entre Alli et sa belle-soeur.
À contrario, la relation avec sa mère ne cesse de se dégrader, c’était déchirant…
Une histoire poignante et une femme qui mérite l’admiration.
J’ai aimé l’histoire, mais qu’est-ce que j’ai aimé la plume !
Très immersive, je me suis vraiment sentie en plein cœur de l’hiver finlandais.
Je n’avais jamais pris le temps de lire un titre des Éditions Charleston : J’ai tenté l’aventure de bon cœur, avec ce titre lu dans le cadre du comité de lecture Cultura et à paraître le 21 Août. Au-delà des a priori, le résumé m’a séduit et ce fut, ma foi, une jolie lecture. Merja Mäki est une autrice finlandaise, ceci est son premier roman, qui a remporté le prix de Tulenkanta d’Aamulehti, un prix destiné aux ouvrages qui ont le potentiel d’être traduit et lu à l’étranger. La famille de l’autrice est originaire de Carélie, une région partagée aujourd’hui entre la Finlande et la Russie. Sa grand-mère a vécu la guerre entre la Finlande et l’Union Soviétique, elle fut, ce qu’on appelle, l’une des évacuées de Carélie, la « région cédée » à l’Union Soviétique à l’issue de cette Guerre d’Hiver. Nous voilà en plein dans le sujet du roman.
Le récit se déroule sous la focalisation de Alli, Alli-Maria Alava ( Karikko ) : elle est l’aînée, et la demi-sœur, d’une fratrie de 3 frères et sœur. Ses parents, Lydia et Juho Alava, l’ont envoyé se former auprès d’une guérisseuse, mais Alli ne s’y plaît pas et revient au foyer, sur l’île de Haavus, entourée du lac Ladoga, près des siens alors que la guerre fait rage. Elle aimerait être pêcheuse, comme son père qui travaille pour la coopérative de pêche, mais sa mère ne l’entend pas ainsi. C’est là le début d’une relation conflictuelle entre cette mère, aigrie, écrasée par le rôle unique qui est le sien dans la famille et une fille qui souhaite s’émanciper loin de la charge que sa mère veut lui allouer. Mais la guerre d’Hiver est là : c’est la guerre sovieto-finlandaise, à la suite de l’envahissement de la Finlande par les troupes soviétiques en novembre 1939. Des négociations avaient cours entre les deux états afin de créer une zone pour protéger Leningrad (aujourd’hui St Pétersbourg) d’une éventuelle attaque des Allemands. Un an plus tard, un traité est signé, la Finlande en est officiellement la perdante avec l’octroi de la Carélie aux Soviétiques (ce qu’ils voulaient au départ pour protéger Leningrad). Dès lors que la Carélie est devenue soviétique, les Finlandais qui se sont retrouvés du côté de l’URSS, une fois les frontières retracées, ont été contraints de partir et s’exiler dans l’autres partie du pays.
Alors que Tuomas l’un des frères d’Alli est à la guerre, et son jumeau décédé au front, la famille part en compagnie de Sylvi la femme enceinte de Tuomas, en direction de Seinäjoki, là où habite Mikko, le frère de Juho, en Ostrobotnie. Alli est embarqué dans un voyage sans retour, la guerre ne le permet pas, dans les paysages enneigés et glacés de Finlande, laissant ses rêves au bord du lac carélien. Une fuite en avant afin de sauver la famille, et ce qui peut l’être encore, Alli se dirigeant vers son indépendance. C’est un roman, plein de sensibilité, sans aucune sensiblerie, et faux sentiments, marqué par la rudesse de cette guerre d’Hiver, hivernale en tous points, où l’on découvre des lieux et des événements peu évoqués lorsqu’on évoque la Seconde Guerre mondiale. Le dépaysement est complet, et le titre a le mérite de proposer une autre vision que celle des alliés ou de l’axe, une vision d’un pays dont le voisinage à l’URSS lui donne une place équivoque.
De femmes, il en est beaucoup question, toute forte à leur manière, excessivement durs, soumises ou rebelles, elles sont encore une fois confinées entre deux rôles bien précis et Alli trace cette troisième voix, de la mère au foyer qu’elle ne pense pas être, de la travailleuse qu’elle veut être. Alli que l’on sent en marge de tout depuis le début du roman, fille de Nikolai, le premier mari décédé de sa mère, de la famille Avala de son père actuel, qui s’occupe de sa nièce. C’est un roman historique, mais également un roman d »apprentissage, sous le signe d’Alli, qui apprend à être une femme, en quittant sa peau d’enfant sur le chemin de la Carélie à Seinäjoki, livrée à elle-même, responsable de sa belle-sœur et son enfant à naître : une jeune déplacée, rejetée de chez elle, par les Soviétiques et par sa mère, qui va se fabriquer son propre chemin, se découvrir à travers les yeux des autres, comprendre sa propre valeur loin des frontières que sa mère a obtusement construites pour elle, Alli la rêveuse, au cœur de ce roman d’émancipation, va se construire en une femme indépendante et solide.
Ce roman est d’autant plus une belle découverte, qu’elle est inattendue. Le deuxième roman de l’autrice finlandaise sort cette année, Un autre pleura (traduction littérale), un troisième est d’or et déjà prévu par la maison d’édition finlandaise. Ils prendront pour contexte, en toute logique, la Guerre de Continuation. Ou l’on apprendra peut-être que ce bout de Carélie, malgré qu’il ait été repris par la Finlande, est redevenu soviétique et fait donc partie de la Russie d’aujourd’hui. Ce thème des gens déplacés est ainsi terriblement d’actualité (...)
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