Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Un polar old-style avec une détective façon Nestor Burma et un panorama très instructif de la géopolitique du Maroc dans les années 50.
L'auteure, le livre (228 pages, mars 2023) :
Melvina Mestre a vécu son enfance (elle est née en 66) à Casablanca au Maroc.
Avec Crépuscule à Casablanca, elle ouvre une série policière avec une détective privée comme héroïne : Gabrielle Kaplan.
Un second tome est déjà paru en 2024 : Sang d'encre à Marrakech et on y reviendra certainement.
♥ On aime :
➔ Ah quel plaisir confortable de se glisser dans cet agréable bouquin de Melvina Mestre : nous voici à Casablanca dans les années 50. Le Maroc est encore sous protectorat français mais l'armée de l'Oncle Sam a débarqué en 42 et le pays est en pleine américanisation : les colons marocains ont déjà goûté au Coca-Cola avant même les français métropolitains et ils roulent en Cadillac.
➔ Même si l'écriture est résolument actuelle, Melvina Mestre a soigné l'ambiance de son roman policier old-fashioned et bien posé son personnage de détective qui pourrait être la fille spirituelle de Nestor Burma.
➔ On apprécie le dosage équilibré de son roman avec une petite pincée de guide touristique, façon le guide du routard à Casa, comme cette photo de couverture avec "l’immeuble Liberté qui dominait la ville du haut de ses dix- sept étages. Un bâtiment qui resta longtemps l'un des plus hauts d'Afrique.
➔ Et une bonne louche de contexte géopolitique quand, en Afrique du Nord, le temps est venu de faire le ménage après Vichy tandis que les américains piaffent en attendant de prendre la place des anciens colons : Casablanca rivalise avec Tanger pour le titre de "nid d'espions".
➔ L'intrigue policière reste simple et sert ici de prétexte pour plonger le lecteur dans une période méconnue de l'histoire. Melvina Mestre nous offre une description très documentée de l'Afrique du Nord et du Maroc de l'époque, révélant les enjeux complexes qui y régnaient. C'est une lecture aussi instructive qu'intrigante.
Les personnages :
Pour un tableau complet des différentes couleurs de la ville, Melvina Mestre prend soin de placer ses acteurs au sein des différentes forces sociales ou politiques en présence, et plusieurs personnages sont issus de la vraie vie.
Il y a donc à Casa, Gabrielle Kaplan la détective privée, féminine, émancipée et futée.
Miss Kaplan vient d'une famille juive qui a fui Salonique : le temps d'une soirée, une autre période de l'Histoire pointe alors le bout de son nez avec ces "juifs de Salonique".
Il y a là Vincente, son assistante qui "adorait appeler sa patronne « boss ». Cela faisait américain, donc moderne. L’américanisation de la ville s’affichait dans les moindres détails."
Brahim, son acolyte marocain souvent utile en cas de coup dur, "membre de l'une des cellules casablancaises de l'Istiqlal, il militait pour l'indépendance du pays et le départ de la France".
Le commissaire Renaud, le flic sympa qui se distingue "nettement de ses homologues car il n’était ni raciste ni corrompu. Une exception".
Du côté plus obscur, ce sont des personnages tirés de la vraie vie : il y a là les grands magnats de droite comme Lemaigre Dubreuil, patron historique du groupe Lesieur.
Ou encore Pierre Mas, patron de presse influent, le résident Charles Noguès, ancien vichyste et le général Alphonse Juin, arrogant chef des armées en Afrique du Nord. Le sultan marocain Sidi Mohammed, courtisé par les américains et futur roi du pays lorsque viendra l'inévitable indépendance.
Le canevas :
La détective Gabrielle Kaplan se voit chargée par l'un des patrons influents de la colonie, de récupérer une sacoche contenant des dossiers importants.
Mais elle flaire le piège et a bientôt l'impression d'être manipulée, lorsque le contenu mystérieux de la mallette semble attirer toutes les convoitises, depuis la toute nouvelle agence de la CIA jusqu'aux officines obscures de notre République, SDECE, Main Rouge ou ex-activistes de la Cagoule.
Ce roman se déroule en 1951 au Maroc avec comme personnage principal Gabrielle Kaplan, qui est à la fois une fine détective privée mais également une femme hors pair. Sa vie personnelle va être distillée au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture mais son affaire va être le point central. D'apparence banale et qui se règle en un claquement de doigts, Gabrielle va se retrouver au cœur de l'Histoire marocaine.
Femme résolument indépendante et responsable de deux employés, Gabrielle se voit accepter une mission un peu en deçà de son pedigree pour pallier à une activité un peu morose dans son cabinet. La mission semble simple, aller récupérer des documents dans l'ancienne maison d'Henri Delmas et les lui remettre car ce dernier en a besoin pour une affaire de divorce en cours qui le concerne. Gabrielle se sent presque insultée de se voir proposer une telle affaire mais elle est très loin de s'imaginer tout ce que cela va lui causer.
Cette lecture nous plonge dans une période de l'Histoire marocaine qui est très intéressante à découvrir pour comprendre les faits présents. Sur fond d'espionnage, de guerre géopolitique franco-américaine et de lutte de pouvoirs entre industriels et communauté, cette enquête va regrouper tous les ingrédients pour une lecture sympathique. Ce dernier adjectif peut paraître étonnant pour un roman policier mais ce roman réussit à nous faire sourire grâce au ton léger et à certaines situations ubuesques ou trop faciles. On passe tout de même un bon moment de lecture avec ces différents personnages et Gabrielle nous donne envie de la suivre dans ses prochaines aventures.
Crépuscule à Casablanca est sans doute un de mes livres préférés de la sélection du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
J'ai beaucoup aimé la mise en contexte historique dans le Maroc des années 50 (à cette époque le Maroc était sous protectorat français) et le style de l'autrice vraiment alerte et agréable à lire.
Les descriptions n'y sont jamais ennuyeuses, elles servent l'intrigue et permettent de s'imprégner de l'ambiance de cette époque et de mieux en comprendre les rouages.
Dans les années 50, Casablanca est une ville cosmopolite et moderne, à l'avant-garde de beaucoup de choses (cinéma, commerce avec par exemple la première usine d'embouteillage de Coca-cola en 1947…) ce qui suscite évidemment quelques convoitises (françaises, espagnoles ou américaines…).
Le pays est ainsi le théâtre d'une lutte de pouvoir incessante, avec certains officiels et industriels qui n'hésitent pas en sous-main à utiliser des barbouzes pour conserver leur statut.
L'héroïne Gabrielle Kaplan est une détective privée pour le moins intrépide mais surtout très intègre (ses réflexions et interactions nous amènent aussi à nous poser des questions légitimes sur la situation du pays).
Elle est chargée pour le compte de son client - un riche industriel - de récupérer une mallette dans le cadre d'une banale histoire de divorce.
Forcément, elle va se retrouver entraînée dans une histoire bien plus grande que je vous laisse découvrir…
Verdict : un bon roman dans la tradition du roman d'espionnage, des rebondissements fréquents qui tiennent en haleine le lecteur. C'est le premier roman de l'autrice, et la première enquête de Gabrielle Kaplan qu'on adorerait connaître un peu plus.
Nous sommes en 1951, le Maroc est encore sous protectorat français. Gabrielle Kaplan est détective privée à Casablanca, où elle exerce en compagnie de sa fidèle secrétaire Vincente et de son second Brahim. Les affaires ne se bousculent pas vraiment à la porte de l’agence et Gabrielle Kaplan se demande comment elle va payer les salaires de ses employés …
Alors, lorsque que le mystérieux Delmas lui propose un rendez-vous à l’hôtel Miramar à Fedala pour lui confier un dossier qui semble délicat, elle n’hésite pas une seconde à s’y rendre. Sa déception est grande lorsque l’homme lui demande simplement de se rendre à Anfa, dans sa propre villa, afin d’y récupérer une enveloppe caché dans son bureau. Il est – dit-il – en instance de divorce et ne peut s’y rendre lui-même … Une enquête mineure qui ne lui rapportera guère d’argent …
Sauf que Gabrielle Kaplan ne sait pas encore qu’elle est manipulée et va se retrouver dans une situation qui frise plus l’espionnage que la surveillance d’un adultère … Que certaines personnes vont mourir lors de sa mission …
Un petit roman de 189 pages, assez distrayant, même si il ne me laissera pas vraiment un souvenir inoubliable … L’auteure est une primo écrivaine, oserais-je avouer que j’ai trouvé son style et son écriture encore un peu « maladroits » ? … En tout cas, Melvina Mestre qui y est née, décrit à merveille l’ambiance marocaine de l’époque !
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