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Dans ce premier roman, l’auteur dénonce un monde violent, le nôtre. Celui où des enfants portés par l’espoir de sortir de leur condition et de réaliser leur rêve de devenir footballeur en Europe, tombent sous l’emprise d’un homme, le sorcier blanc.
Ouagadougou, des enfants jouent au football avec une bouteille ou un chiffon. Un homme blanc les observe depuis la terrasse d’un café. Il les sélectionne pour intégrer son centre de formation. Il y a l’Espagnol, le Burkinabé, l’Anglais, le Français, l’Allemand, chacun se rêve dans une équipe.
La réalité du centre de formation est toute autre. La violence et le mépris du sorcier blanc les rabaissent à leur condition sociale. Il peut les remplacer n’importe quand, les rues regorgent de jeunes burkinabés pauvres.
Il y a un rythme, une sorte de scansion dans ce texte. Les deux personnages principaux, l’Espagnol et le Burkinabé, sont attachants. Leur amitié et leur fraternité est belle. On se met à rêver une vie meilleure pour eux. Mais la violence entraîne la violence et on pressent une fin tragique, la fin d’une enfance.
113 pages de poésie et d’espoir. Encore un texte fort publié par les éditions du Panseur.
Dans les rues de Ouagadougou, les jeunes garçons jouent au football et ont des rêves plein la tête. Ils sont pauvres, affamés mais remplis d’un espoir inextinguible. C’est avec cet espoir que jouent des hommes comme le Sorcier Blanc pour entraîner ces enfants sur un chemin de servitude en leur vendant des chimères. Mais parfois, la solidarité et la fraternité de quelques-uns peuvent conduire à tenir tête et à se rebeller.
On ne peut qu’un nouvelle fois saluer le travail des Editions du Panseur, la qualité de leur texte et la cohérence de leurs choix éditoriaux.
Ce premier roman est un uppercut, un roman choc et bouleversant. On est ici sur un texte qui prend aux tripes, qui retourne le lecteur, l’émeut, le révolte. Et le tout écrit dans une langue dynamique, pleine à la fois d’urgence et de poésie.
Ce texte est indéniablement écrit pour être lu sur une scène de théâtre, pour être déclamé et incarné. C’est ainsi qu’il prend tout son sens, qu’on ressent au plus profond de soi la puissance du texte, la force de ces enfants livrés aux mains d’un homme sans scrupule, le pouvoir d’un élan de fraternité.
C’est un livre qu’on lit d’une traite, sans reprendre sa respiration, en étant totalement happé par le contenu du texte et par cette langue si particulière.
A lire donc, comme tous les ouvrages de cette maison d’éditions si agréablement exigeante.
En Afrique, les "sorciers blancs" sont ces entraîneurs de foot étrangers, souvent français, venus faire leur marché dans les rues et dans les clubs à la recherche d’une future « pépite » du foot européen. Accueillis comme de véritables faiseurs de miracles sportifs par des gosses qui rêvent de faire carrière, ce sont les missionnaires de notre époque.
Pour accéder à leur rêve de gloire, les gamins sont prêts à tout. Mathieu Vivion nous raconte l’histoire de celui qui dit non.
Un court roman qui fait l’éloge de la fraternité tout en explorant les côtés sombres d’un trafic légal. Dans une langue musicale qui donne envie de lire à haute voix, ce texte est un flux de mots où le verbe claque, où le raffinement de l’écriture se teinte soudain d’un côté brut. Un texte à scander, à lire en un souffle.
« Les gens qui ne disent jamais rien, on croit juste qu’ils veulent comprendre, mais souvent, tu ne sais pas, je me taisais pour donner l’exemple.
« Juste la fin du monde » Jean-Luc Lagarce. Éditions Les solitaires intempestifs.
Qu’on se le dise, « Le Sorcier Blanc » est le génie littéraire. Un livre précieux dont il faudra prendre soin à jamais. Un roman dont la sonorité spéculative ne vous quittera jamais. Un récit virtuose du verbe, vertigineux, l’éclat de notre humanité tremblante de pluie. Un chef-d’œuvre, cercle infini des mansuétudes.
« C’était le soir et c’était le matin, c’était même toutes les minutes d’un après-midi quelconque et sans fin… C’était surtout d’autres enfants qui jouaient, là, sur un bout de rue maquillée à la craie. »
Un terrain de foot, triangle d’un village, entre poussières et chaleur oppressante, l’arc-en-ciel cosmopolite. Ils jouent, défient leurs souffrances. Gosses aux jambes fines, la sueur, perles de ténacité sur les fronts vaillants. L’équipe soudée, tous pour un, un pour tous, l’exemplarité, corde à nœud et le cœur vaste de cet amour inné.
Ouagadougou, le rêve étoilé, atteindre la voie d’or, la finitude des frontières barbelées. Être reconnus et célébrés, tel est l’adage. Ces jeunes poulbots, affamés pour beaucoup (surtout le petit Espagnol qu’on aime de toutes nos forces ). Pauvres mais une sphère de jeu universelle. Endurants, persistants, la parole est donnée.
« Qui t’a fait ça ? Les cicatrices, partout, sur ton visage. Qui t’a fait ça ? -Les mauvais joueurs. »
Toutes les nationalités confondues sont de concorde. Enfants liés par l’anonymat. Réfugiés, oisillons tombés du nid, volontaires, atteindre le sésame, le passeport, le Graal d’un voyage sans retour. Le cercle des mois tourne, pavlovien et perfectible. Jusqu’au jour d’ombre et de gouffre, où le Sorcier Blanc annonce son aura malsaine, son sourire de hyène, la blancheur sournoise et ses gourmettes qui brillent, reflet de métal sur un terrain emblématique. Il regarde ces gosses déambuler dans un jeu gorgé de sentiments et de solidarité. Il bouscule la rectitude du groupe. Il insiste dans son mépris de séparation destructrice. Violent, froid, sanguinaire, le symbole du mal. Le Burkinabé, le soleil de ce grand livre, qui a perdu son prénom au fronton des désespérances. Pourtant, le village qui l’accueille semble sourire à son innocence, sa pureté, son désir de grandir en dribblant.
« Dire sa famille, clamer le clan et risquer tout à coup que ces mots se dissolvent aussitôt. Regretter un instant d’avoir assumé un sentiment d’amour, d’en avoir fait la préemption. »
Mais Le Sorcier Blanc est advenu. Les deux frères, l’Espagnol, le Burkinabé, lianes siamoises, comprennent. Le Sorcier Blanc, manichéen, va devenir la hache à couper l’enfance. Les fécondités de tendresse, les fureurs de ces garçons, leurs noblesses désarçonnées. L’effroi et la jouissance d’un Sorcier Blanc, métaphore de notre monde, dont les traits de caractère sont le racisme, les inégalités, les réfugiés, les égarés, radeau de Géricault sur les poussières d’un stade emblématique.
« Les gamins ont couru en tous sens, évitant tous les dangers. Ils s’étaient dispersés à la croisé des chemins qui menaient aux villages voisins…. La nuit semblait répondre à leur place. »
Ce livre est le piédestal de la littérature. On pleure et l’on berce ces enfants perdus dans les limbes des mépris. On étreint la trame engagée, intense et triste, poétique, sublime et si lumineuse . C’est un murmure, un bruit sourd, un cri dans la nuit chaude d’Ougadougou. L’empathie stupéfiante de Mathieu Vivion qui sait conjuguer le mot fraternité. La magnanimité (une des plus belles qualités humaines) reconnue entre les lignes qui sait le chemin de la vérité et de l’urgence des dires. Ici tout est plausible. Ce serait comme une fable Manifeste. Le microcosme politique et social de notre monde. La beauté douloureuse d’un texte de renom. Un séisme mental, une incantation. Comme l’exprime si bien Mathieu Vivion, un humaniste , une belle personne, un auteur d’une grande humilité : « S’il tombe, ce sera pour mieux retourner le monde. » Publié par les majeures Éditions Du Panseur.
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