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Au début du 20ème siècle, dans un village de la campagne flamande, les commères s’en donnent à cœur joie : on ne parle que des amours coupables et tourmentées entre Madame Orpha, l’épouse du receveur, et Louis, le jardinier. Oui mais, attention, pas devant les enfants.
Pour autant, l’histoire des deux amants n’échappe pas à la narratrice, âgée d’une dizaine d’années à l’époque des faits. Des années plus tard, elle reconstitue la trame de cette passion amoureuse par petites touches, mettant bout à bout les bribes qu’elle avait recueillies, l’air de rien, au détour des conversations surprises entre ses parents, entre les domestiques ou les villageois. Elle y entremêle les déductions et interprétations échafaudées à partir de ses observations de petite fille, qui ne prendront tout à fait leur sens que lorsqu’elle-même ressentira les premiers bouillonnements de l’adolescence.
« Madame Orpha », c’est donc l’évocation d’un adultère à travers les yeux d’une fillette de dix ans, mais c’est aussi celle d’une enfance heureuse, ancrée dans la nature et les saisons, entre une maison, un jardin, un verger, un étang, des champs et des prairies.
Dans ce roman largement autobiographique, la narratrice se rappelle les sensations d’alors, les odeurs, les couleurs, le contact physique avec la terre, les arbres, les animaux.
Un texte sensible voire sensuel, lyrique, tout en métaphores et rêveries, initiatique aussi, puisque l’épilogue des aventures de Louis et Orpha coïncide avec la fin de l’enfance de la narratrice. « Je ne suis plus une enfant. L’adolescence s’épanouit dans mon cœur. J’ai peur du printemps. Je sais qu’il me donnera envie de pleurer, et que mes rêves seront pleins d’inquiétude quand, le soir de la sérénade, le reflet des torches dansera parmi les buissons humides et bourgeonnants. Je sais qu’un sort me guettera moi aussi, une nuit de mai. Ce flambeau de l’amour, quand il tombera des mains d’Orpha, une autre le ramassera, puis une autre, une autre… et un jour ce sera moi ».
#Lisezvouslebelge
Dans ce roman rural, Marie Gevers dépeint la vie des habitants de la Campine anversoise à la fin du 19ème siècle. Des vies de rude labeur, tant pour les pauvres qui luttent au quotidien pour se nourrir et survivre, que pour les riches, qui n’épargnent pas leur peine pour conserver et accroître leur fortune. Paysans exploités, grands propriétaires et petits commerçants s’agitent et intriguent, imprégnés du poids de la religion, des traditions et des superstitions locales. Les suspicions de sorcellerie ne sont jamais loin, et celles qui planent en particulier sur l’étrange Emérance et sa ferme prospère (une femme qui s’enrichit à la force de son poignet ? Allons donc, le diable y est sûrement pour quelque chose!) attisent les craintes et les rancœurs.
Sans misérabilisme ni condescendance, l’auteure crée une galerie réaliste de personnages, attachants pour les uns, peu reluisants voire odieux ou aberrants pour d’autres. Au rythme des saisons qu’elle sait si bien décrire, Marie Gevers livre un roman âpre, entre jalousies, trahisons, vengeances et secrets de famille, dans lequel l’amour et la vie l’emportent tant bien que mal sur les malédictions et la mort.
« Hélas…il suffit de croire à ces choses [la sorcellerie], pour que tout se passe comme si, vraiment, elles existaient. Elles ne sont qu’un des visages de la faim, de la misère, de la maladie, de l’amour et de la mort ».
1931, le petit village du Weert, coincé entre l’Escaut et un bras du « Vieil Escaut », en amont d’Anvers. Un plat pays de terres d’oseraies et d’argile, et d’eau, et de digues qui protègent les polders des trop fortes marées qui poussent le fleuve vers l’intérieur du pays. La surveillance de ces digues et leur entretien est un travail à part entière, dévolu au « Dyckgraef », le comte des digues, en l’occurrence Jules Briat, apprécié de tous. A la mort de celui-ci, c’est sa fille Suzanne (Zelle Suzanne, Zanne, Zanneke) qui reprend tout naturellement ses fonctions, en attendant qu’un nouveau comte soit élu en bonne et due forme. Suzanne, aussi jeune soit-elle, n’en est pas moins aussi compétente que son père, qui lui a transmis son amour du métier et surtout celui de la nature qui les entoure, ainsi que son sens aigu de l’observation du moindre frémissement de ses éléments, le fleuve, la terre, le vent. Suzanne s’acquitte de sa tâche avec bonheur et dévouement, tout en imaginant qu’une fois le successeur de son père désigné, elle quittera cette région, en quête de voyages et de liberté. Et pourtant elle aime ce pays, et elle pourrait parfaitement succéder à son père. L’idée d’être la prochaine comtesse des digues (du jamais vu) affleure peu à peu dans son esprit, en même temps que dans celui des villageois et des notables.
Oui mais voilà, Suzanne hésite : est-ce bien le rôle d’une femme de se dévouer à ce métier et à l’Escaut ? Ne devrait-elle pas plutôt songer à se marier et avoir des enfants ? Tel est le contexte de l’époque, qui ne voit pas d’un très bon œil les jeunes filles rester longtemps célibataires. Et Suzanne, qui appartient à cette époque, n’est pas une rebelle. Elle est au contraire une jeune fille raisonnable, mais qui brûle cependant d’aimer et d’être aimée.
Mais alors, quel homme choisir ? Le fils du brasseur, « beau parti » mais personnage grossier ? Le beau Triphon, fidèle employé de son père mais donc d’une classe sociale inférieure ? Max Larix, nouveau venu dans la région, qui vient d’hériter d’une parcelle d’oseraie ?
Au rythme de quatre saisons, le cœur et les élans de Suzanne fluent et refluent, valse-hésitent entre ici et ailleurs, partir ou rester, l’amour du fleuve ou celui d’un homme, Triphon ou Max. Un lent balancement mélancolique et émouvant, un cycle d’un an comme un rite de passage à l’âge adulte, le temps pour la romantique et passionnée Suzanne de trouver son chemin vers le bonheur.
« La comtesse des digues » est un roman envoûtant, et le portrait doux et puissant de deux personnages magnifiques, la jeune fille et le fleuve, et de leur pays.
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