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L’année de ses seize ans en 1983, bravant la réprobation de ses parents – l’actrice Liv Ullmann et le cinéaste Ingmar Bergman –, l’auteur rejoint à Paris le photographe de Vogue qui, l’ayant croisée dans un ascenseur new-yorkais, lui a aussitôt promis, du haut de sa célébrité et de ses trente ans de plus, de la propulser top modèle. La nuit de son arrivée, seule et perdue après avoir égaré l’adresse de son hôtel, l’adolescente se retrouve illico dans le lit de cet homme. Désormais âgée de cinquante-sept ans et depuis des années la proie d’épisodes dépressifs, elle s’efforce, dans une narration à petits pas prudents tournant en cercles de plus en plus serrés autour de l’écharde de son souvenir, de revenir au plus près de l’impact qui n’en finit pas de propager dans sa vie son onde honteuse et sournoise.
« Tout ce sur quoi j’écris au fil de ces pages, ce qui s’est déroulé avant et après la photo qu’a prise de moi A, se compose principalement d’oubli, de la même manière que le corps se compose principalement d’eau. Ce dont je ne me souviens pas, qui ne jaillit que sous la forme de rêves, de pressentiments ou de douleurs, ne peut pas être écrit, même s’il doit pourtant l’être. »
Il doit l’être, parce que, si A a sans doute tout oublié de ce qui ne fut pour lui qu’un acte sans conséquence, aussi banal que de se sustenter quand on a faim, cette nuit parisienne que l’auteur refoule dans sa mémoire, autrefois avec une rage décuplée par la honte, aujourd’hui dans la conscience angoissée des ravages que cet enfouissement perpétue dans sa vie, est un trou noir, une zone blanche, qui ne cesse de siphonner son être. Jusqu’ici jamais formalisé par écrit, ce qui lui est arrivé la hante de ses fantômes d’autant plus invasifs et pernicieux que justement laissés à vagabonder dans son inconscient. Un temps tombée dans l’alcool, sapée par les récidives de la dépression et de ce qui évoque un trouble de dépersonnalisation trahissant la profondeur du traumatisme, sa vie est un disque secrètement rayé qui tourne dans le vide de l’angoisse et du doute creusé entre non-dit, déni et sentiment d’irréalité.
« Peut-être vaudrait-il mieux, pour votre bien, que vous n’écriviez pas en ce moment où vous allez si mal », lui a dit une psychologue, la renvoyant insupportablement au rang de « toutes [c]es femmes enfermées, aliénées, déprimées, effrayées au fil des siècles à qui on a prescrit une cure de non-expression, de non-écriture, de non-divulgation-de-la-fureur-et-du-désespoir. » Etape essentielle dans un cheminement post-traumatique entravé par le silence, le livre fait en vérité penser aux tentatives d’un oiseau englué pour reprendre son vol, aux efforts d’un animal qui, pris dans les phares d’une voiture, lutte contre l’éblouissement qui le paralyse. Linn Ullmann n’écrit pas par colère, ni pour demander des comptes, mais pour tenter, en une exploration presque clinique - toujours marquée par le doute et l’incertitude - des faits, de ses ressentis et réactions, enfin des impacts psychologiques qui la meurtrissent, de recomposer une vie et une personnalité réduites en miettes.
Aussi bouleversant qu’édifiant, ce récit à tâtons, fragmenté et noyé d’indécision, est un témoignage fort, profondément sincère et tout à fait impressionnant. De l’ambiguïté floutant aisément les notions d’emprise et de consentement aux infinis retentissements du traumatisme refoulé : après cette lecture, nul ne pourra plus dire qu’il ne se doutait pas et, comme A, hausser les épaules en traitant sa victime de « pleurnicheuse de merde ».
En 1983, Linn Ullmann a seize ans et semble un peu trop livrée à elle-même … (une trop grande liberté, due au peu de disponibilité de ses célèbres parents …) Elle boit beaucoup, sèche régulièrement les cours et imite la signature de sa mère …
La fille de l’actrice norvégienne (Liv Ullmann) et du cinéaste suédois (Ingmar Bergman) se sent relativement seule (enfant elle s’est inventée une « soeur imaginaire », bien qu’ayant des demi frères et soeurs, du côté de son père …)
Au mois de janvier de cette année-là, contre l’avis de sa mère, Linn Ullmann – qui a envie de se faire un nom – et pourquoi pas dans le mannequinat ? … prend l’avion à New-York pour se rendre à Paris, à la demande d’un célèbre photographe. Un certain « A », qui travaille pour Vogue France. Un vol New-York-Paris, juste pour un shooting photo … L’adolescente n’a pas hésité, toute flattée et en besoin de reconnaissance … Bien inutile de préciser, que l’homme va (évidemment) abuser de la situation …
Agée de cinquante-six ans, Linn Ullmann (à présent écrivaine) s’interroge sur la femme – et la mère – qu’elle est devenue … Serait-elle vraiment « différente » aujourd’hui, si elle n’avait pas vécu cette fugitive – mais inoubliable – expérience parisienne ? … Cette fameuse nuit glaciale de janvier 1983 ? … Y a-t-il réellement une ligne nette, entre « l’abus de confiance » et le viol, quand on est âgée de seize ans ? …
Un récit concis et bien écrit. Une courte introspection, sans aigreur ni désir de vengeance. Rédigée à la manière d’un essai, d’une brève autobiographie ou d’une éventuelle « thérapie ».
Siri, Jon et leurs deux filles passent l'été dans le village où la mère de Siri vit. Siri gère deux restaurants et Jon est écrivain. Comme ils sont très occupés, ils recrutent, pour leurs filles Alma et Liv, Mille, une baby-sitter qui est une jolie adolescente. Un soir, alors que tous sont à une fête anniversaire, Mille disparaît...
Au tout début de ce roman, on se dit tiens de la littérature noire, mais au fur et à mesure de la lecture, cette sensation s'envole.
Tout au long de ce roman, il sera question tour à tour de culpabilité, de non dits, de mensonges, de rapport de domination, de perversité, ou de rapport fille/mère.
Si certains aspects du livre m'ont parlé notamment en termes de relations humaines, l'intrigue s'enlise si bien qu'on ne sait pas trop où l'on va. Le rythme manque aussi de nervosité, ce qui fait que je suis restée sur ma faim et ai été contente d'en sortir.
Mailund, petite ville de villégiature en Norvège. Une adolescente de 19 ans est retrouvée, enterrée dans la proche forêt. Elle est découverte par trois jeunes à la recherche de leur trésor enfoui près d’un arbre.
Mille, une beauté lunaire – j’ignore, à mon grand regret, ce qu’est ce type de beauté - a été violée, tuée. Elle était chargée de garder les enfants de Siri Brodal, restauratrice, pendant l’absence de celle-ci. Alors que Jon, son mari, se réfugie tous les jours à l’étage afin d’écrire le troisième volet de sa trilogie. Sa disparition intervient lors d’une fête organisée à l’occasion des soixante-quinze ans de la mère de Siri, Jenny.
Un thriller norvégien, de Linn Ullmann, ou l’action cède la place à l’introspection de chacun, face à ses doutes et ses angoisses.
Où la grande question : « Qu’ai-je fait de ma vie, au juste ? » triture les méninges de tous les intervenants de ce livre.
Où les secrets de famille et les non-dits, présents à chaque instant, nous laissent subir une grande pesanteur et une indicible détresse…
Une impression ressentie, lors d’un film d’Igmar Bergman: « Sonate d’automne »…L’importance des regards, le silence des paroles nous invitent à la réflexion sur notre propre existence.
Certes, « Et maintenant il ne faut plus pleurer », ravira plus les adeptes du thriller psychologique que ceux du polar.
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