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Deux choses surprennent au premier abord dans cet ouvrage, d'abord son format (28 x 18 cm, à lire à l'horizontale) et surtout la couverture gris métallique qui brille et reflète la lumière et aussi la tête du lecteur : du plus bel effet -la couverture, parce que pour la tête du lecteur, ça dépend de lui, l'effet n'est pas toujours formidable.
Et puis, on ouvre l'album et le noir et blanc saute aux yeux ainsi que les détails des dessins qu'on peut d'autant mieux observer que la BD est muette. J'avoue humblement n'avoir pas tout compris au premier passage, j'en ai donc fait au moins un autre pour tenter de saisir et d'autres, juste pour le plaisir. Quelques cases échappent à ma compréhension, mais est-ce bien grave ?
En quelques pages, Killofer explore le monde de demain, celui où nous aurons des robots à la maison pour nous aider dans nos tâches quotidiennes, qui renvoie vers toujours plus de solitude, de renfermement sur soi par choix ou contrainte. Et cet homme, Killofer, puisqu'il se dessine, qui tombe quasiment amoureux de son robot. Une histoire d'amour moderne, futuriste que je me fais un plaisir de chroniquer en ce jour du 14 février.
Que de louanges pour un court album... qui les mérite très largement. Et pour bien sentir tout ce qui m'a plu, je mets le lien vers le site de l'éditeur sur lequel quelques pages sont exposées : En chair et en fer.
RÉTENTION ORIENTALE
Revisiter les contes des mille et une nuits, voila un projet peu évident tant le sujet fut gratté jusqu’à la moelle. Pourtant Victor Pouchet réussit son pari en ancrant son intrigue au détour d’un conte, au XXI ème siècle. Imaginez une princesse d’Orient sur les réseaux sociaux. Avec subtilité et humour, l’auteur nous embarque avec Shakti, jeune femme à l’hérédité modeste, elle, fille du jardinier du palais des vents au coeur d’une Inde qui s’agite. Vitek jeune prince, la choisit comme épouse mais ce seront son père et le vizir qui tireront les ficelles d’une rétention à venir. Si le conte de fée débute pour elle, le couperet tombera quand elle décidera de s’enfuir, puis de laisser libre court à son écriture. Son salut viendra par l’imaginaire et la création d’histoires si habilement écrites par Victor Pouchet aux références multiples.
A travers ce roman jeunesse, Victor Pouchet aborde des thématiques tels que le mariage forcé encore en vigueur dans de nombreux pays, la soumission et la séquestration mais également la liberté d’écrire de nouvelles histoires. Malgré l’angle du conte, le texte est toujours autant contemporain dans certaines parties du globe, la modernité du processus devient implacable. En intégrant son éditrice, Hélène Millot (et son cosmopolitan) au cœur du récit, l’auteur nous montre que tout est possible quand on le décide.
Les sublimes illustrations de Patrice Killoffer permettent de faire découvrir le texte à un plus jeune public. Malgré des sujets poignants, les lectures à différents degrés selon les âges, apportent de la chair aux mots de l’auteur. On se prête rapidement au jeu du conte où Shakti tentera de contourner les interdits qu’on lui impose. Chaque personnage permet aussi de se confronter à nos émotions, une mention spéciale à cette succession de courageux bourreaux. Avec un sens aiguisé du bon mot, il s’agit aussi de dénoncer le manque de temps pour une célébrité alors qu’il faut assurer la représentation aux autres. Soyons clairs, j’aurais pu lire Victor Pouchet pendant encore une bonne centaine de pages supplémentaires notamment sur sa capacité à résumer les grandes histoires, adaptées au 7 ème art, en quelques phrases.
Ayant appris hier dans une rencontre @vleel_, que Victor Pouchet s’était inspiré de Latifa al-Maktoum, fille de l’émir de Dubai, séquestrée elle aussi contre sa volonté il y a quelques mois. La trentenaire se disait être retenue dans une villa transformée en prison. Les contes sont malheureusement toujours à l’ordre du jour mondial…
« Mille et une nuit plus une » est une réécriture de l’histoire de Shéhérazade dans une Jaipur du XXIe siècle. Le maharadjah veut marier son fils Vivek mais celui-ci n’a que faire des princesses qui se succèdent pour devenir son épouse. Son choix se porte sur Shakti, la fille du jardinier. Elle qui a toujours été libre doit se plier aux règles de la cour et du protocole et découvre une vie de princesse qui ne fait pas du tout rêver ! Ses multiples tentatives de fuite échouent les unes après les autres, car les sbires du machiavélique vizir (le vizir est toujours machiavélique !) veillent de près sur ses faits et gestes. On va jusqu’à lui confisquer tout moyen de s’exprimer et de communiquer, que ce soit par les réseaux sociaux (je vous avais dit que c’était une princesse moderne) ou par le papier.
La trame qui va suivre nous est familière : le vizir envoie des bourreaux pour tuer Shakti et à chaque fois, elle leur raconte une histoire qui les tient éveillés et les dissuadent d’accomplir leur mission tant ils sont fascinés par les récits de la jeune fille. Le lecteur prend plaisir à reconnaître les intrigues d’Harry Potter, du Seigneur des anneaux, ou de Star Wars. Ces récits sont tissés et entremêlés à l’histoire de la princesse enfermée et finissent par être portés à la connaissance d’une éditrice parisienne.
Ce livre, magnifiquement illustré, avec une couverture en relief est aussi un très bel objet. Pour l’apprécier, il faut, je pense être déjà un bon lecteur et 10-12 ans semble le bon âge pour apprécier les jeux d’intertextualité (et encore, la première phrase du conte est un clin d’oeil au « Salammbô » de Flaubert). Merci à Babelio et à l’école des Loisirs pour cette découverte !
A Jaipur, le mahârâja Sheyhavan décide qu’il est temps pour son fils de se marier. Le prince Vivek n’a pas envie de choisir parmi toutes les princesses qu’on lui présente. Il préfère jouer au polo et acheter de nouveaux chevaux. Pour que son père le lâche, il donne le nom de la fille du jardinier. Et voilà Shakti propulsée de son tracteur au palais. Une toute autre vie l’attend, faite de protocoles et de contraintes. Au début c’est plutôt agréable. Peu à peu son rôle devient pesant. Elle s’échappe en écrivant. Elle raconte alors ses journées de princesse sur un blog. Le vizir la surveille de près et dénonce tous ses faits et gestes au mahârâja qui trouve que tout cela n’est pas convenable. Elle se voit retirer tout moyen d’écrire. Elle tente alors de s’échapper et se retrouve enfermée. Chaque soir un nouveau bourreau est envoyé pour la tuer. Et chaque soir elle réchappe à la mort en racontant une histoire à son bourreau.
Victor Pouchet revisite les contes des mille et nuits, notamment le personnage de Shéhérazade, en version moderne, et c’est très réussi. J’ai adoré les histoires insérées, comme celle de Harry Potter, tous les clins d’œil aux histoires du 20ème - 21ème siècles et à son éditrice Hélène Millot. Le vieux et le nouveau monde s’affrontent à Jaipur…
Le livre est merveilleusement illustré par Kilhoffer. Une magnifique ode à la lecture, à l’écriture, au pouvoir des récits racontés, à la littérature qui redonne de l’espoir ou libère. Finalement, on aime tous qu’on nous raconte des histoires, peu importe notre âge.
Ce roman compte 91 pages. Il est publié dans la collection Médium, donc destiné aux jeunes à partir de 12 ans. Je pense qu’il peut être lu par des enfants plus jeunes, déjà bons lecteurs, comme ma fille qui va avoir 10 ans. Elle est d’ailleurs en train de le dévorer !
Victor Pouchet écrit également pour les adultes. J’avais notamment lu et aimé « Autoportrait en chevreuil » paru chez Finitude en 2020 et dans ma PAL se trouve « La grande aventure : roman-poème » (Grasset, 2021).
Merci à l’école des loisirs pour le service de presse dans le cadre du VLEEL.
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