Ils ont lu et aimé ces romans, découvrez-les ou faites-les découvrir à vos proches...
Ils ont lu et aimé ces romans, découvrez-les ou faites-les découvrir à vos proches...
Une très belle réussite, portée par une écriture fluide et poétique
Les enfants de Coney Island de Julia Kerninon : c'est l'été dans le comté du Queens à New York, dans un centré aéré, le soir, venu, les parents sont de moins en moins nombreux à récupérer les enfants. Au bout de quelques jours, ceux d'entre eux qui n'ont pas été réclamés sont éloignés de la ville en camion, puis livrés à eux-mêmes. Voila, une fable douce-amère sur l'enfance et le passage à l'âge adulte.
M'en allant promener de Pauline Delabroy-Allard : après une rupture amoureuse, une jeune femme quitte Paris pour se retrouver seule dans la maison que lui prête sa tante dans le sud de la France. Sur place, elle y rencontre Claire, resplendissante de maturité.. L'histoire d'un amour d'été et du réveil de la sensualité.
Une histoire par soir ou de temps en temps de Victor Pouchet : de courtes fables, à la fois poétique et quotidienne comme l'histoire d'un hibou, d'une piscine, d'un arbre ou d'un t-shirt.. pas que réservé aux enfants !
Atmosphère de Mohamed Mbougar Sarr : dans les rues de Buenos Aires, une jeune femme et un jeune homme croisent les fantômes d'écrivains du passé.. un voyage au coeur de l'Argentine et de la nuit.
Quatre nouvelles, quatre textes courts, inédites, envoutants de la nouvelle génération d'auteurs contemporains français. Dans un jolie coffret, quatre petits livre au format poche à emporter partout.. On se laisse vite happer dès les premières lignes de ces minis histoires d'amours, d'hommages, d'aventures, de drôlerie. Une petite nouvelle par jour comme une dose de littérature dans nos quotidiens mouvementés. Ecrits avec simplicité, légèreté, voir poétique. Magnifique édition que Novellix, à découvrir ou à offrir de toute urgence !
Dans ce roman poème, ou bien ce poème roman, - on ne sait pas très bien où le situer mais qu’importe ! Victor Pouchet parle de son amoureuse, qui le quitte puis revient, dans cette maison « au bout du monde, derrière la montagne ». C’est une tragi-comédie, nous dit-il dès le début, car il ne faut rien prendre au tragique.
Et puis il y a l’écriture d’un poème par jour, c’est elle qui le lui a demandé ; Pourquoi pas ? C’est lui qui le dit
« Peut-être que chaque jour
il y a une chose qui
mérite un poème,
un non-évènement
qui laissera une trace. »
De ce huis-clos où il ne se passe pas grand-chose, l’auteur a tiré une petite histoire du quotidien, il a raconté la banalité en vers. On mange des chips en buvant du vin et en pensant à la mort si proche.
Le récit est tissé de questionnements et d’incertitude. Dehors, on vit au ralenti. Dedans, il y a l’attente et l’espoir.
Un poème par jour, pas si facile à tenir. Au fil de ces fragments de récit, on suit l’évolution du narrateur, son sentiment amoureux, sa solitude, ses inquiétudes, sa tristesse parfois. Lui-même ne sait plus trop ce qu’il ressent.
« Je ne saurais pas vraiment dire
si je suis heureux ou bien triste »
C’est aussi un roman sur la création. Écrire tous les jours, pas si facile. Parfois, on manque d’envie, ou d’idées. « Parfois, c’est plus dur d’écrire des choses simples » Alors, on se contente de regarder la guêpe qui cherche à sortir.
Vite lu, ce roman poème s’adresse à toutes et tous en toute modestie. Et ce recueil se feuillette et se relit pour prolonger ce plaisir de partager des choses simples.
RÉTENTION ORIENTALE
Revisiter les contes des mille et une nuits, voila un projet peu évident tant le sujet fut gratté jusqu’à la moelle. Pourtant Victor Pouchet réussit son pari en ancrant son intrigue au détour d’un conte, au XXI ème siècle. Imaginez une princesse d’Orient sur les réseaux sociaux. Avec subtilité et humour, l’auteur nous embarque avec Shakti, jeune femme à l’hérédité modeste, elle, fille du jardinier du palais des vents au coeur d’une Inde qui s’agite. Vitek jeune prince, la choisit comme épouse mais ce seront son père et le vizir qui tireront les ficelles d’une rétention à venir. Si le conte de fée débute pour elle, le couperet tombera quand elle décidera de s’enfuir, puis de laisser libre court à son écriture. Son salut viendra par l’imaginaire et la création d’histoires si habilement écrites par Victor Pouchet aux références multiples.
A travers ce roman jeunesse, Victor Pouchet aborde des thématiques tels que le mariage forcé encore en vigueur dans de nombreux pays, la soumission et la séquestration mais également la liberté d’écrire de nouvelles histoires. Malgré l’angle du conte, le texte est toujours autant contemporain dans certaines parties du globe, la modernité du processus devient implacable. En intégrant son éditrice, Hélène Millot (et son cosmopolitan) au cœur du récit, l’auteur nous montre que tout est possible quand on le décide.
Les sublimes illustrations de Patrice Killoffer permettent de faire découvrir le texte à un plus jeune public. Malgré des sujets poignants, les lectures à différents degrés selon les âges, apportent de la chair aux mots de l’auteur. On se prête rapidement au jeu du conte où Shakti tentera de contourner les interdits qu’on lui impose. Chaque personnage permet aussi de se confronter à nos émotions, une mention spéciale à cette succession de courageux bourreaux. Avec un sens aiguisé du bon mot, il s’agit aussi de dénoncer le manque de temps pour une célébrité alors qu’il faut assurer la représentation aux autres. Soyons clairs, j’aurais pu lire Victor Pouchet pendant encore une bonne centaine de pages supplémentaires notamment sur sa capacité à résumer les grandes histoires, adaptées au 7 ème art, en quelques phrases.
Ayant appris hier dans une rencontre @vleel_, que Victor Pouchet s’était inspiré de Latifa al-Maktoum, fille de l’émir de Dubai, séquestrée elle aussi contre sa volonté il y a quelques mois. La trentenaire se disait être retenue dans une villa transformée en prison. Les contes sont malheureusement toujours à l’ordre du jour mondial…
« Mille et une nuit plus une » est une réécriture de l’histoire de Shéhérazade dans une Jaipur du XXIe siècle. Le maharadjah veut marier son fils Vivek mais celui-ci n’a que faire des princesses qui se succèdent pour devenir son épouse. Son choix se porte sur Shakti, la fille du jardinier. Elle qui a toujours été libre doit se plier aux règles de la cour et du protocole et découvre une vie de princesse qui ne fait pas du tout rêver ! Ses multiples tentatives de fuite échouent les unes après les autres, car les sbires du machiavélique vizir (le vizir est toujours machiavélique !) veillent de près sur ses faits et gestes. On va jusqu’à lui confisquer tout moyen de s’exprimer et de communiquer, que ce soit par les réseaux sociaux (je vous avais dit que c’était une princesse moderne) ou par le papier.
La trame qui va suivre nous est familière : le vizir envoie des bourreaux pour tuer Shakti et à chaque fois, elle leur raconte une histoire qui les tient éveillés et les dissuadent d’accomplir leur mission tant ils sont fascinés par les récits de la jeune fille. Le lecteur prend plaisir à reconnaître les intrigues d’Harry Potter, du Seigneur des anneaux, ou de Star Wars. Ces récits sont tissés et entremêlés à l’histoire de la princesse enfermée et finissent par être portés à la connaissance d’une éditrice parisienne.
Ce livre, magnifiquement illustré, avec une couverture en relief est aussi un très bel objet. Pour l’apprécier, il faut, je pense être déjà un bon lecteur et 10-12 ans semble le bon âge pour apprécier les jeux d’intertextualité (et encore, la première phrase du conte est un clin d’oeil au « Salammbô » de Flaubert). Merci à Babelio et à l’école des Loisirs pour cette découverte !
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