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Hank Kang récompensé du Nobel de la littérature 2024 je me suis plongé dans ce livre récompensé en 2023 du Prix Médicis oeuvre étrangère pour découvrir la plume de cette autrice.
Une oeuvre sombre à plusieurs voix, une plume poétique et onirique pour évoquer une page sombre de l'histoire de la Corée du Sud mais aussi contre l'oublie. L'autrice maîtrise les paradoxes.
Historique, Traumatisme, Amitié, Guerre de Corée, Tempête, Retrouvaille. Une histoire entre imaginaire et réalité, une ode à l'amitié, une lecture documenté, la famille et les secrets.
"La neige tombe éparse. Le champ où je me trouve s'étend sur une colline hérissée de milliers d'arbres noirs sans cimes ni branches, de troncs nus. Ils sont de taille légèrement variées, comme des personnes d'âges différents. Il ne sont guère plus épais qu'une traverse de voie ferrée mais courbés, tordus, l'ensemble évoquant une frise composée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants maigres qui se tiendraient sous la neiges, épaules voûtées.
Je marche entre les troncs noirs sur lesquels se sont posées des flocons de neige semblables à des cristaux de sel, et derrière chaque arbre s'élève un tumulus. Si je m'arrête soudain, c'est que je sens sous mes baskets comme des petits clapotis. C'est bizarre, me dis-je, alors que l'eau monte jusqu'au-dessus de mon pied. L'autre extrémité du champ que je prenais pour une terre s'étirant vers l'horizon est en réalité une mer. Et la marée continue de monter. La mer monte de plus en plus vite. La marée fait-elle vraiment cet aller-retour deux fois par jour ? Les ossements des tombeaux au pied de la colline sont-ils tous emportés par le reflux, qui ne laisse subsister que les tumuli ?"
Gyeongha est usée. Le dernier livre qu’elle a écrit, retraçant des massacres commis dans son pays, la Corée, l’a laissée exsangue, solitaire et malade.
Mais lorsque son amie, Inseon, lui demande de la rejoindre dans un hôpital de Séoul, elle se précipite au chevet de la jeune femme.
Inseon, ébéniste de son état, est blessée et lui demande d’aller s’occuper de son perroquet, laissé seul à son domicile.
De tout quitter à l’instant, pour tenter de sauver l’oiseau qui n’a plus rien à boire et à manger. D’affronter une tempête de neige pour sauver ce petit volatile.
Gyeongha se sent dépassée par cette quête qui lui paraît futile mais par amitié, elle va affronter les éléments pour cette mission de sauvetage.
Ce faisant, elle va devoir se confronter aux fantômes qui ne cessent de la hanter depuis son dernier livre. Des souvenirs qui hantent aussi son amie, Inseon.
Ce roman oscille entre passé et présent. Il confronte le lecteur à une période tragique de l’histoire contemporaine coréenne.
Il met en lumière la silence de l’Etat coréen et les pressions infligées aux proches des disparus pour ne pas rechercher la vérité.
Mais comment construire une vie lorsqu’on a été témoin de massacres ? Lorsqu’on reste sans nouvelles de proches disparus ?
Comment une société peut-elle faire l’économie d un travail de mémoire ?
Autant de questionnements qui irriguent ces pages avec une plume poétique. L’autrice interroge les silences familiaux, les non-dits et les blessures du passé qui ne peuvent guérir si elles ne sont pas affrontées. Un roman que j’ai trouvé touchant et réussi.
Un très touchant et poétique texte qui nous emmène en Corée et en particulier sur l'île de Jeju. C'est un texte bouleversant, qui avec une écriture poétique va nous parler d'épisodes tragiques de l'histoire de la Corée. En 1948-1949, des milliers de civils ont été massacrés par l'armée.
Je continue à découvrir et apprécier les écrits de cette auteure et la traduction parfaite nous permet d'en appréhender toute la poésie. De belles pages sur la neige qui tombe. L'auteure "s'attaque" à des faits tragiques et souvent occultés de l'histoire de son pays (insurrection d'étudiants dans "celui qui revient"). Elle parle aussi très bien des relations humaines, des déchirures, des traumatismes des personnes (comme dans "la végétarienne") . Avec des beaux mots, de belles images, elle nous interpelle sur des maux de cette société coréenne, sur les déchirures, les traumatismes.
Malgré ces sujets difficiles, l'auteur nous embarque dans ce voyage avec des moments terribles mais aussi des pauses de poésie pure. Elle parle très bien de l'amitié, du pouvoir des rêves, de l'imagination.
Ces textes permettent aussi de ne pas oublier des oubliés de l'histoire, est ce que les adieux sont possibles ou impossibles ?
#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance
Gyeongha fait régulièrement le même rêve, cauchemar même, depuis plusieurs années, et décide de laisser ses dernières volontés ; mais à qui les confier ? C’est alors qu’elle reçoit un appel de son amie Inseon qu’elle n’a pas vue depuis près d’un an. Cette dernière, qui réside sur l’île de Jeju a été hospitalisée car elle s’est tranché deux doigts en coupant du bois. C’est grâce à l’intervention de ses voisins qu’elle a pu être prise ne charge.
Mais, un de ses deux perroquets est resté sur place et n’aura pas assez à manger et surtout à boire, alors elle demande à son amie de se rendre sur l’île. Une tempête de neige s’abat sur le pays, le voyage est long, avion, car, et ensuite plusieurs kilomètres à pied sous la neige. Au cours de son périple elle se perd, puis retrouve son chemin, finit par arriver à la maison de Inseon, mais le perroquet est mort… Ainsi commence un long voyage, parmi les documents, témoignages qu’Inseon a pu recueillir au fil des ans sur la guerre fratricide de Corée, entre les partisans du communisme et ceux du « libéralisme », les milliers de morts dans les deux camps, l’omerta qui entoure les faits, notamment ceux qui se sont déroulés au cours de l’année 1948-1949.
Han Kang nous livre un récit plein de poésie sur cette tragédie, où les faits sont rapportés avec exactitude, mais entrecoupés d’onirisme, on ne sait pas toujours si on est dans le réel ou dans le rêve, dans le présent ou un passé assez récent, la tempête de neige étant tellement violente que l’on se demande si Gyeongha a pu en réchapper.
Je connaissais comme tout le monde cette guerre qui a abouti au partage du pays en 1953 entre la Corée du Nord, communisme où règne d’une main inflexible « Rocketman » et la Corée du Sud démocratique, mais je ne savais rien de l’ampleur des massacres.
J’ai beaucoup apprécié l’écriture, l’histoire entre les deux amies, et l’Histoire tout court ainsi que la réflexion sur l’adieu, qu’il s’agisse des relations présentes ou du passé douloureux : peut-on vraiment dire adieu, et qu’en est-il des souvenirs. C’est un livre qui va rester longtemps dans ma mémoire. Je l’ai terminé il y a une quinzaine de jours, mais j’ai eu besoin de laisser les émotions retomber.
Han Kang a reçu le prix Médicis Étranger pour ce roman.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont à nouveau fait confiance en me permettant de découvrir ce roman et son auteure
#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2023/11/30/impossibles-adieux-de-han-kang/
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