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Combien de petits garçons ont eu un jour envie de passer à leur cou le joli collier de maman, le bracelet scintillant à ses frêles poignets, les chaussures à talons à leurs petits pieds... et qui l’ont fait, au grand dam, bien souvent, de l’adulte qui passait par là !
Et combien parmi eux, devenus adultes, ont eu le désir de mettre des vêtements, des accessoires féminins, d’évoluer pour quelques heures comme une femme, de faire ressortir cette part féminine qu’en général on cache, en un mot de se « féminiser » ?
C’est ce que Julie-Anne de Sée interroge pour nous dans son essai "JE" MÊME EN "ELLE", Du flou dans le genre, paru aux éditions Tabou.
La question du genre - qui se pose avec plus d’acuité aujourd’hui - le « troisième genre », le troisième sexe, ces hommes que l’on appelle les « Sissy », ceux qui se féminisent et qui aiment les femmes, toute question dont nous trouvons des réponses dans le remarquable essai de Julie-Anne de Sée avec des parcours de vie, des témoignages et l’évocation d’aspects culturels et historiques absolument méconnus.
Voici donc un texte, en lice pour le Prix du Roman Gay 2023 dans la catégorie « essai », que je recommande à toutes les personnes qui s’interrogent sur le genre, qui s’y intéressent, mais également à celles qui sont jusque-là passé à côté.
Camille et Camille, fragiles et attachants, aux prénoms épicènes et au même patronyme, sont-ils sont amants ? Ou plutôt jumeaux de cœur… Lui est Camille au masculin et elle Camille au féminin, délicieuse ambiguïté des prénoms et des personnages ! Lui aime les hommes. Elle… aussi !
Au fil de la narration, nous allons les accompagner dans leurs espoirs et leurs déboires sentimentaux, racontés d’une plume légère, fluide et aussi raffinée que le sont ces deux « Camille ».
Dans cette quête de l’âme sœur (ou frère) et du bonheur, les ressentis des deux Camille sont si justement exprimés que chacun de nous pourrait bien s’y reconnaître. En effet, est-il sans doute arrivé à bon nombre d’entre nous de donner en espérant un retour… Ainsi : « L’un des plus gros défauts de Camille, dont elle ne pouvait pas se départir, car elle n’en prendrait conscience que bien plus tard, consistait à être sans cesse dans le don lorsqu’elle souhaitait plaire à l’autre. »
De même cette constatation que nous finissons souvent par devoir faire :
« Camille avait pourtant déjà constaté à ses dépens qu’on ne trouve jamais l’autre tel qu’on l’espère et que les décalages entre les comportements attendus et ceux qui sont réellement vécus sont abyssaux. »
Et ce conseil que nous devrions bien, pour beaucoup d’entre nous, nous efforcer de suivre : « Ce n’est pas aujourd’hui non plus que je saurai s’il m’aime, il ne le dit toujours pas. Après tout, ces moments doux ne doivent-ils pas rester tels qu’ils se donnent à vivre, sans projeter ce qui pourrait advenir dans un improbable futur ? »
On rencontre au cours du récit des personnages secondaires attachants comme Mimi, délicieuse vieille dame, ou extravagants comme cette prof de maths championne de pêche à la ligne et de danse de salon, ou bien encore une ribambelle de profs qui défilent ! La plume parfois acidulée de l’autrice en égratigne joyeusement quelques-uns, et de façon très savoureuse, dans leurs petits et plus grands travers, comme ce proviseur empêtré dans une tâche qui le dépasse, qui : « n’applique généralement qu’une seule politique : celle de l’autruche » et qui, ayant réuni les élèves coupables de sévères moqueries envers un prof, « attendrait donc le ou les coupables dans son bureau » et, ayant dit, « tourna les talons, effectua une sortie impeccable de dignité outragée, dans un silence de mort ».
Enfin, le diktat des conventions, de la bonne éducation à tout prix et de l’importance accordée au regard et au jugement d’autrui sont dénoncés avec ces incitations à « paraître, surtout ne jamais se laisser aller à être ».
Alors « soyons », osons « être » plutôt que d’essayer de « paraître ».
La fin vous surprendra ! Une lecture très agréable.
L'auteure sous forme d'histoires autobiographiques (?!) nous propose une succession d'aventures sexuelles teintées d'amour puisque celui qui la fait franchir certaines de ses limites, n'est autre que l'homme qu'elle aime : TOI. Il n'est appelé que par ce pronom personnel. Pour lui elle accepte beaucoup de choses, je n'ai pas aimé cet homme manipulateur et cruel. Tous les autres amants sont bien plus désirables que ce sadique menteur et machiste.
Ces nouvelles libertines qui se suivent n'ont pas déclenché tant d'ardeur que je l'aurais pensé, peut être parce que ce sont des fantasmes déjà lus dans d'autres livres érotiques. Néanmoins, l'écriture est distinguée, pas du tout vulgaire. On aurait presque tendance à croire que c'est le style d'un autre siècle.
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